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Pénurie d’enseignants dans les établissements publics: la face cachée de l’iceberg

Près d’un mois après la reprise des classes au Mali, tout semble rouler comme sur des roulettes, or la réalité est tout autre. Sur la rive gauche, plusieurs établissements scolaires publics sont confrontés à une pénurie d’enseignants. Nous avons fait le tour de certains groupes scolaires pour s’enquérir de la réalité de la situation.

Dans le groupe scolaire Aminata DIOP de Lafiabougou, le besoin y est, cependant les enseignants semblent bien gérer la situation. Au niveau de cet établissement les enseignants ne plaignent pas.
Rentrant dans la cour du second cycle, nous avons trouvé Gaoussou TANGARA, Directeur du AD5, celui-ci a indiqué que ce problème n’existe pas chez eux.
« Al Hamdoulilahi nous avons des enseignants dans chaque classe » a-t-il dit.
Toutefois, bien qu’un enseignant ne soit de trop dans une école, celui-ci indique que la tâche sera encore plus facile pour eux si un ajout est fait à leur niveau.
Selon lui, ce rajout d’enseignant est nécessaire, car elle résoudra le seul problème auquel leur établissement est confronté à savoir : l’effectif élevé des élèves dans des classes.
M. TANGARA a fait savoir que les élèves sont de 60 à 70 voire 80 dans par classe. Il suggère qu’avec plusieurs enseignants à leur niveau, ils peuvent créer des heures supplémentaires et élaborer un emploi du temps en fonction pour un bon apprentissage, et pour un bon suivi.
« S’il y a trop d’élèves dans la classe, il ne sera pas aisé pour le maître de les suivre tous à la fois. En réalité, il n’est pas facile pour lui de regarder les cahiers de tous les élèves en temps réel. Et probablement, il oublie un peu les élèves inactifs et s’intéresse plus souvent à ceux qui participent, donc un effectif de 45 ou plus 50 est serait raisonnable » A-t-il souligné, en concluant que c’est l’effectif élevé dans les classes qui engendre une demande d’enseignant.
« Mais, cette insuffisance n’est pas synonyme d’arrêt de travail chez nous » a déclaré Mamadou DJIRE, professeur de math et physique chimie, assis autour de la même table que le directeur.
Même s’ils sont à la quête renfort, le professeur de mathématique a souligné que ce manque n’a pas entrainé un arrêt de travail dans les différentes classes chez eux.
Non loin de leur département, nous nous sommes dirigés vers la direction AD 1, assise autour d’une grande table remplie de documents et cahiers, dans la cour sous l’ombre d’un arbre, nous nous sommes entretenus avec le directeur Harouna DOUGNON.

Celui-ci ne se plaint sur ce sujet, ni moins de l’effectif dans les classes cette année, car dans les années précédentes ils pouvaient placés plus quatre-vingt élèves dans une même classe, maintenant ces élèves sont à soixante, voir soixante-cinq élèves dans les classes qu’il juge bon, contrairement à TANGARA et DJIRE.
Au groupe scolaire Mamadou KONATE, c’est le désordre bien que le Directeur, Ousmane KEITA, ait tenté de relativiser la situation. Ce directeur nous a certifié que tout se passe normalement à leur niveau, il admet que le seul problème auquel son établissent soit confronté est les buissonnières qui dérange les autres élèves pendant les cours.
A sa droite, nous sommes allés piocher dans le premier cycle, la première direction que nous avons trouvée est celle dont s’occupe Oumou CAMARA, directrice du premier Cycle A du même groupe scolaire que Ousmane KEITA.
Se trouvant dans un bureau très désordonné, la directrice Oumou, contrairement à son prédécesseurs, a dénoncé haut et fort, le calvaire dont elle vit depuis la rentrée jusqu’à nos jours.
En plein arrangement de son bureau, celle-ci nous a craché qu’il y a bel et bien une pénurie du personnel enseignant.
« J’ai été obligé de regrouper la classe de première et deuxième année ensemble dans la même salle pour que le travail soit coûte-que-coûte. Donc, c’est la maîtresse de la deuxième année qui s’occupe des deux groupes » a-t-elle révélé. Tout en indiquant que les écoles de la rive droite sont blindées de professeurs, dont trois à quatre enseignants par salle.
Elle a relevé que par manque de professeur, elle a été obligée de renvoyer sa classe de la sixième année dans un autre groupe du premier cycle.
Enfin, elle a invité les autorités à procéder à une mutation du personnel enseignant dans d’autres localités dont il n’y en a pas.
Pour corroborer le témoignage de la directrice CAMARA, nous sommes allés visiter une salle composée de deux classes.
Ici, la maîtresse, Aminata TIENOU semble bien gérer l’enseignement de deux classes en même temps. Cette classe est partagée entre quatre colonnes dont deux pour la première année et deux pour la deuxième année ; les heures de cours sont autant départagées de la même manière.
« Ils comprennent les leçons mais ne bénéficient pas de temps réel d’apprentissage » a-t-elle fait savoir, en ajoutant que c’est un salaire unique qu’elle gagne pour un double travail.
« C’est pour les enfants qu’on le fait, sinon on ne gagne rien » a dit la maîtresse ; tout en suggérant aux autorités un recrutement massif d’enseignant dans les écoles publiques.
La même crise est évoquée au groupe scolaire Tiémoko SANGARE à Bolibana, bien qu’il soit détaché de ses fonctions, le professeur Yacouba FOFANA malade et bientôt à la retraite, indique qu’il est obligé de prendre la craie afin que les élèves ne passent pas la moitié de la journée à ne rien faire.
Rappelons que cette pénurie d’enseignant a été largement débattu lors de la célébration de l’édition 2023 de la journée mondiale de d’enseignant, le 7 octobre 2023 par la synergie des enseignants.

PAR AMINA SISSOKO

Info Matin

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