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Patrimoine culturel : DJENNE, TOMBOUCTOU ET GAO, TOUS EN PERIL

Depuis 2009, avec les enlèvements de touristes étrangers et de personnels des ONG, les pillages de villages, les attaques contre des passagers de cars de transport interurbain, les villes dans le Nord et le Centre de notre pays, notamment, ont été soumises à rudes épreuves. Celles abritant des édifices, les sites et autres lieux célèbres du patrimoine culturel national ont commencé à payer le plus lourd tribut. Il s’agit des villes anciennes de Djenné, du Pays Dogon, de Tombouctou, de Gao et Kidal. A Tombouctou, 14 mausolées, sur les 16 inscrits sur la Liste du patrimoine mondial, ont été détruits. Tout comme la porte de la mosquée Sidi Yahia, considérée par les habitants comme élément du bien du patrimoine mondial, a été détruite en juillet 2012. Plusieurs autres éléments du patrimoine culturel ont été endommagés dont des monuments d’importance capitale pour l’expression de l’identité des communautés, comme le monument de l’indépendance à l’effigie d’El Farouk, le cavalier légendaire tout de blanc vêtu, dont le rôle, selon la croyance populaire, est de surveiller la ville et garantir l’assistance aux démunis. Quelque 4203 manuscrits du nouveau bâtiment de l’Institut des hautes études et de recherche islamiques Ahmed Baba (IHERI-AB) auraient été brûlés par les groupes armés, le 27 janvier 2013, en représailles à l’intervention militaire française au Mali et avant la libération de la ville. Ce bâtiment, dont une partie aurait probablement pris feu, avait été construit en 2009 avec l’appui financier de l’Afrique du Sud.

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DOMMAGES ET MENACES SUR LE PATRIMOINE CULTUREL-Il est important de souligner que les manuscrits de Tombouctou, estimés à environ 300 000, respectivement détenus par l’Etat, les bibliothèques pri-vées et les familles, se trouvent dans un état de conservation inquiétant depuis avril 2012 et sont, avec d’autres biens culturels, confrontés à des risques de destruction, de détérioration irréversible ou de trafic illicite. A Gao ville et dans la région, c’est le Tombeau des Askia qui a été fortement menacé du fait de l’absence d’entretien dont le site est tributaire tous les ans. En 2011, l’un des piliers de la mosquée s’est écroulé. Cette situation est d’autant plus inquiétante que le site dut être fermé, pendant un moment au public.. Le mausolée El Kebir, appartenant à la grande famille des Kounta, situé à 330 km de Gao, a été détruit par les islamistes en octobre 2012. Le patrimoine immatériel est aussi pleinement concerné. Les expressions et traditions orales, présentes sur le territoire malien, permettent aux populations d’exprimer et debtransmettre leurs valeurs et connaissances et sont, en particulier, des outils précieux de résolution des conflits et de cohésion inter et intracommunautaires. De nombreuses manifestations et pratiques culturelles ont été interrompues depuis le début du conflit, les populations craignant d’être la cible d’attaques punitives. INTéGRITé ET AUTHENTICITE DES COMPOSANTES DU SITE MENACEES – Pour le cas de Djenné, en 2014, une mission de suivi de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) avait constaté que la crise socio-politique que connaissait le Mali avait des impacts directs sur l’aggravation des problèmes de gestion et de conservation du patrimoine. La situation de la ville de Djenné s’est fortement dégradée depuis lors. En effet, si en 2014 la ville subissait les impacts négatifs de la crise des Régions dans le Nord, la Région du centre, à laquelle elle appartient, connait aujourd’hui les sévices de groupes terroristes armés. Dans ce contexte caractérisé par une insécurité notable, la perturbation des activités économiques, l’arrêt du tourisme, la réduction des moyens d’action, institutionnels, matériels et financiers des autorités locales, les problèmes identifiés lors des précédentes missions se sont aggravés et mettent, plus que jamais, à mal la Valeur universelle exceptionnelle du Bien. Le système traditionnel qui assure la gestion des principaux monuments historiques de la ville (grande mosquée et mausolées) reste vivace malgré la situation de crise. Par exemple, le crépissage annuel de la Grande mosquée de Djenné continue toujours, en bonne intelligence et avec l’assistance de l’Etat malien et de la Fondation Aga Khan. Cet état de chose reste bien accepté par le système administratif moderne (services déconcentrés, collectivité locale…). Au niveau des habitations et des sites archéologiques, la situation ne s’est guère améliorée. Les dignitaires traditionnels (chef de village et chefs de quartier) restent de simples spectateurs de la gestion actuelle des sites. Une meilleure implication de ces acteurs ainsi que la revitalisation des pratiques et savoir-faire traditionnels pourraient contribuer à la meilleure conservation du bien. Cependant, on note une amélioration de la collaboration entre la Mission culturelle et les communautés à la base. Administrativement, la Mission culturelle est la structure déconcentrée de l’Etat en charge de la gestion du bien. Malgré le fait qu’il y ait eu quelques améliorations, force est de constater qu’elle ne dispose toujours pas des moyens techniques, matériels et financiers suffisants pour assurer sa mission face aux multiples enjeux auxquels sont confrontés les différents sites. C’est le 28 juin 2012 que l’UNESCO a decidé de placer Tombouctou sur la liste du patrimoine mondial en péril. En effet, cette ville était aux mains des islamistes depuis trois mois. La décision de l’organisation internationale a permis d’alerter la communauté internationale sur les dangers qui pèsent sur cette ville mythique dans le Nord du Mali. Le Comité du patrimoine mondial, réuni à Saint-Pétersbourg, en Russie, « a accepté la demande formulée par le gouvernement du Mali d’inscrire Tombouctou, ainsi que le Tombeau des Askia (situé à Gao, autre ville dans le Nord malien qui était tenue par des islamistes) sur la liste du patrimoine mondial en péril », a indiqué l’UNESCO dans un communiqué. Il s’agissait de lancer une alerte sur ces « sites menacés par le conflit armé qui affecte la région », a ajouté le Comité du patrimoine mondial de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, réuni à Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie) jusqu’au 6 juillet. Ainsi, les menaces sur l’intégrité et l’authenticité des composantes du site se sont amplifiées. Les sites archéologiques demeurent soumis à la pression urbaine. Ils ne bénéficient toujours pas de titre foncier susceptible de les protéger de la pression urbaine et une nouvelle construction a été constatée dans la zone tampon du site d’Hambarkétolo. Quant aux bâtiments du tissu urbain ancien, ils continuent de souffrir du manque d’entretien du fait de l’accentuation des difficultés économiques des populations. De plus, une boucherie a été aménagée dans le marché de Djenné, sans tenir compte des recommandations de la mission culturelle sur l’utilisation des matériaux appropriés. Aussi, le règlement d’urbanisme n’est toujours pas adopté ni mis en oeuvre, tout comme le Plan de gestion et de conservation du site. La situation de l’assainissement s’est donc détériorée. Les berges du fleuve continuent de faire l’objet de dépôts d’ordure et même de constructions illicites dans une certaine connivence avec la mairie, car celle-ci a exprimé une sensibilité favorable à cette pratique lors de la mission.

Y. DOUMBIA

Source : Essor

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