À la Primature, les membres du gouvernement autour du Premier ministre sont à pied pour peaufiner ce passage au CNT, le 21 avril prochain. Pour sa réussite quelque peu controversée, le gouvernement a consacré la journée du jeudi 14 avril 2022 à un conseil de cabinet à l’évaluation du Plan d’action gouvernemental.
Ce conseil vise à faire le point sur les réalisations et examiner les actions en cours de manière collégiale. C’est l’occasion pour le chef du gouvernement de présenter le chemin parcouru depuis presque 11 mois à la tête de la Primature après à la demande du président du CNT, le colonel Malick Diaw.
Lors de l’ouverture de cette session, le président du CNT a publiquement rappelé lePremier ministre à l’ordre de rendre compte au CNT sur son bilan dont il se félicite de l’avoir réaliséà 80%. “Je voudrais m’adresser solennellement au Premier ministre pour lui dire qu’indépendamment des évaluations périodiques faites du PAG, les Maliens veulent savoir exactement l’état d’avancement du processus de transition ainsi que le chronogramme détaillé. Cela est d’autant plus important que c’est au peuple que revient la paternité des conclusions des ANR notamment celles devant aboutir à un retour rapide à l’ordre constitutionnel’’, a-t-il interpellé publiquement le Premier ministre.
Cette interpellation du président du CNT quoique normale, a suscité beaucoup d’interrogations au moment où le Mali fait face aux critiques de la Communauté internationale, notamment, les organisations sous-régionales.
Le moins que l’on puisse dire de cette interpellation, c’est qu’on peut entrevoir à travers elle une pure diversion du CNT pour tenter de calmer les ardeurs d’une partie de la population qui refuse désormais d’adhérer à la politique du chef du gouvernement actuel. Cela, pour avoir réussi à ouvrir plusieurs fronts qui engouffrent et étouffent les efforts consentis par les autorités dans le sens d’une sortie de crise et le retour des civils au pouvoir.
Cette interpellation du Premier ministre constitue une preuve également que le CNT n’est pas un organe vide et immobile, un organe qui joue aussi son rôle en matière de contrôle des actions menées par le gouvernement en cette période transitoire.
Rien qu’à s’en tenir à la teneur du discours du président du CNT, Colonel Diaw, on peut estimer qu’il y a une volonté de se défaire de l’actuel Premier ministre, Choguel K. Maïga qui ne semble plus faire unanimité aux yeux de la Communauté internationale, encore moins au sein de la classe politique malienne, qui selon plusieurs sources ne souhaitent même pas travailler avec lui.
Alors que le président de la transition souhaiterait pour une ouverture et décrispation de la situation, la mise en place d’un gouvernement d’ouverture, cette interpellation sonne comme un moyen de mettre Choguel devant le fait accompli pour avoir passé le temps à parler et à ouvrir des fronts dont le pays n’avait pas besoin. Car, en définitive, celui qui était considéré comme la solution est aujourd’hui le problème pour faire.
Selon Malick Diaw, les échanges en cours avec la CEDEAO ne devraient en aucune manière constituer un facteur de blocage de notre processus de refondation. ‘’Sur cette question, Monsieur le Premier Ministre, vous serez certainement invité à passer devant le CNT, conformément à sa mission de contrôle de l’action gouvernementale, pour des échanges plus approfondis dans un bref délai’’, avait bien averti le président du CNT.
Il faut avoir le courage de dire qu’à part les acquis se situant, sans nul doute, dans le domaine de la sécurisation du pays, et qui relèvent du domaine militaire, quel autre acquis brandira Choguel pour convaincre ? Nul ne peut contester aujourd’hui la montée en puissance des FAMa, les efforts de recrutement, de formation et d’équipement ayant augmenté la capacité opérationnelle.
À ce jour, rien n’a bougé dans le domaine des réformes politiques et institutionnelles, celui de la réduction du train de vie de l’État reste sporadique, l’apaisement du climat social est, quant à lui, sporadique.
Maintenant, en termes de réformes institutionnelles et constitutionnelles, rien n’est touché. Cependant, le Premier ministre s’auto évalue et estime la réalisation du plan d’action à 80%. C’est le moment de convaincre avec des preuves tangibles ou se voir remercier par les militaires, car le peuple souffre terriblement de cette situation.
Bourama KEITA
Source: LE COMBAT