La liste du nouveau gouvernement a été publiée le dimanche 05 mai 2019, près de 10 jours après la nomination du Premier ministre. C’est une équipe de 38 ministres, dont un ministre délégué et deux secrétaires d’Etat. Trois personnalités politiques de l’Opposition font leur entrée dans ce nouveau gouvernement, fruit d’un accord politique signé entre le Premier ministre et la classe politique. Toutefois l’équipe de Boubou Cissé n’a pas respecté la loi sur le quota des 30%.Voici les principaux enseignements à retenir de la nouvelle équipe gouvernementale.
Plusieurs dossiers brulants attendent cette nouvelle équipe, la grève des enseignants qui menace l’année scolaire. Le nouveau gouvernement est attendu aussi sur la mise en œuvre diligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation, l’organisation de la révision constitutionnelle et des élections législatives et régionales. Sans compter le gros dossier de la sécurité.
Le nouveau gouvernement comporte au total 36 ministres et deux secrétaires d’État (dont huit femmes), contre 32 membres dans l’équipe gouvernementale sortante.
Des portefeuilles stratégiques comme la défense, la justice, les Affaires étrangères, l’Administration territoriale sont confiées à de nouveaux entrants. Ainsi, le département des Affaires étrangères revient à Tiébilé Dramé, les deux autres membres de l’opposition à rejoindre le nouveau gouvernement sont Hamadoun Dicko comme ministre du Dialogue social, du travail et de la fonction publique et Amadou Thiam en charge des réformes institutionnelles et des relations avec la société civile, la Justice est confiée à Malick Coulibaly ancien ministre pendant la transition de 2012. Le ministère de l’Economie et des finances reste aux mains du Premier ministre, département qu’il dirigeait avant sa nomination. Idem pour celui de la Sécurité toujours dirigé par le Général Salif Traoré.
Le Général de division Ibrahim Dahirou Dembélé hérite du ministère de la Défense. Quant au ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, il revient à Boubacar Alpha Ba, ces deux derniers deviennent ministres pour la première fois.
En revanche, c’est un retour pour Housseyni Amion Guindo, ministre à deux reprises, pendant le premier quinquennat d’Ibrahim Boubacar Kéita. Il est désormais le ministre de l’Environnement de l’assainissement et du développement durable. Il faut aussi signaler l’arrivée de Michel Sidibé, ancien directeur d’ONUSIDA au département de la santé et des affaires sociales. Par ailleurs, le département de l’Agriculture a été confié à Moulaye Ahmed Boubacar (remplaçant Dr Nango Dembélé). L’ancien ministre de l’Industrie et de la Promotion des Investissements, cheminera de nouveau dans la mission gouvernementale avec Me Baber Gano, chargé de l’Intégration Africaine.
Enfin, le ministère de l’Education nationale, sera géré par Tiémoré Toulenta. Avant sa nomination, il était Directeur National de la Pédagogie, Il a la délicate mission de mettre fin aux grèves à répétition qui font planer la menace d’une année scolaire blanche.
Quant à l’Enseignement Supérieur, il échoit à l’ex Directeur général de l’Ipr/Ifra de Katibougou, Pr Mamadou Famanta. Il cohabitera à la cité administrative avec d’autres nouveaux homologues, Hama Ould Sidi Mohamed Arby, Alioune Badara Berthé, et Ibrahim Abdou Ly, respectivement aux départements de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Logement Social, du Domaine et des Affaires Foncières, ainsi que du Transport et de la Mobilité Urbaine.
13 ministres ont été maintenus. Il s’agit de Sambou Wagué, à l’Energie et l’Eau, Gal Salif Traoré, à la Sécurité, Traoré Seynabou Diop, aux Infrastructures, N’Diaye Ramatoulaye Diallo, à la Culture, Nina Wallet Intallou, à l’Artisanat et le Tourisme, Kane Rokia Maguiraga, à l’Elevage et la Pêche, Adama Tiémoko Diarra, à l’Aménagement du Territoire.
De même que les ministres, Lassine Boiré, Hamadoun Konaté, Tierno Diallo, Hawa Lalenta, maintenus respectivement, à la Cohésion Sociale, à la Solidarité, aux Affaires Religieuses et aux Mines.
Une des surprises de ce remaniement est le déplacement de Mohamed Ag Erlaf de l’Administration territoriale au ministère du Commerce et de l’industrie. Faut-il assimiler ce recul à une disgrâce ? L’absence de Tiena Coulibaly, ancien ministre de la justice, suscite aussi des interrogations, lui qui avait été fortement cité parmi les premiers ministrables.
Outre son nombre pléthorique, le gouvernement se caractérise aussi par des doublons ou des répétitions dans les termes de nomination des ministères, ce qui montre un peu de fébrilité et de désorganisation.
Autre enseignement à tirer de la formation du gouvernement, la frustration du parti présidentiel. En effet, si le RPM, demeure le force politique la mieux représentée au sein de l’exécutif avec pas moins de 9 postes ministériels C’est l’Adema Pasj, l’autre poids lourd de la majorité qui hérite des postes stratégiques. Ainsi, Boubacar Alpha Bah, dit « Bill », ancien maire de la commune V de Bamako devient ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Autre poste stratégique à échoir à L’Adema, le ministère de l’Éducation nationale, il revient à Témoré Tioulenta, ex-député de l’Alliance pour la démocratie au Mali – Parti africain pour la justice et la solidarité (Adema-Pasj). Une situation qui aurait créé de forts remous au sein des tisserands, plusieurs cadres et militants du parti présidentiel, le RPM se sentiraient trahis et même marginalisés par le président de la République Ibrahim Boubacar Keita.
Dans la pratique le ‘’ gouvernement de mission ‘’ devra apporter aux Maliens les preuves de ses compétences supposées et de ses capacités à sortir le pays de l’ornière.
Mémé Sanogo
Source: L’Aube