Une attaque aux portes de la capitale avec à la clé deux policiers tués et quatre autres blessés. Ce chiffre macabre est loin du bilan de 28 soldats tombés dans l’embuscade meurtrière de Tilabery, région du nord du Niger à la mi-mai, mais c’est la première fois que les forces de défense et de sécurité ont été prises pour cibles en plein Niamey. En attendant que les auteurs de cet acte infâme soient traqués et punis à la hauteur de leur crime, il faut dire que la nature de cette attaque inédite est encore ignorée.
Une chose est certaine, qu’ils soient des bandits ou des terroristes, les hommes sans foi ni loi qui ont commis cet attentat sont visiblement dans une logique déstabilisatrice du Niger. Cette hargne destructrice survient, en effet, dans un pays qui peut s’enorgueillir d’avancées économiques certaines dont l’illustration la plus palpable est la construction du majestueux nouvel aéroport qui suscite de l’émerveillement pour un pays qui est loin de figurer parmi les dragons de l’Afrique. Mieux, le président Mahamadou Issoufou s’érige comme un acteur de plus en plus incontournable sur l’échiquier diplomatique du continent. En témoigne la tenue, dans la capitale nigérienne, de la prochaine conférence des chefs d’Etat de l’Union africaine prévue du 4 au 8 juillet 2019.
Ceci expliquant peut-être cela, ce regain d’activisme de la part de la nébuleuse djihadiste contre ce pays pourrait s’expliquer par ces succès économico-diplomatiques de taille, mais aussi par le fait que le Niger a pris de l’étoffe en matière de lutte contre le terrorisme. En effet, malgré les assauts répétés de Boko Haram et d’autres cellules terroristes du même acabit, le Niger fait mieux que résister. Il constitue dans la sous-région, et notamment dans le Sahel, l’un des pays qui donnent du fil à retordre aux terroristes. L’organisation de son armée, le leadership de ses dirigeants, conjugués à d’autres critères moins visibles, ne sont pas étrangers à cette résistance du Niger face au terrorisme, contrairement à d’autres pays considérés comme les «ventres mous» de la lutte. On ne saurait oublier que l’uranium et dans une moindre proportion le pétrole qui constituent les richesses naturelles du Niger, en font une terre de convoitise. A ces données se greffe le contexte général de menaces terroristes dans lequel baignent tous les pays de ce sahel africain dont les djihadistes ont fait leur sanctuaire, surtout avec la déstabilisation de la Libye, devenue depuis lors, une poudrière à ciel ouvert. L’heure est grave! Et pas pour le Niger seulement, mais pour le Sahel entier, voire l’Afrique de l’ouest en générale, où les attaques terroristes rythment désormais avec le quotidien des populations, surtout celles du Burkina Faso, du Mali, Niger, et du Nigeria.
Aux grands maux, le Sahel n’a pas encore trouvé les grands remèdes. Pire, les conflits inter-communautaires, hantise de toutes les armées du monde, nourrissent désormais en abondance, ce terrorisme qui s’attaque maintenant même aux lieux de culte jusque-là épargnés. Les forces de défense et de sécurité qui, elles-mêmes paient un lourd tribut aux assauts terroristes, tiennent difficilement devant la puissance de feu de l’adversaire et du coup, les populations civiles ne savent plus sous quelle protection se mettre. En tout cas, malgré les opérations conjointes ou en solitaire de la Force Barkhane, la menace terroriste est plus que jamais présente dans les pays d’un G5 Sahel dont la force ne trouve toujours pas les ressources nécessaires pour prendre corps.
Par Wakat Séra