Comme tous les conflits, ceux impliquant des groupes armés qualifiés de djihadistes finissent souvent autour d’une table de négociations. Une règle de plus en plus mise en œuvre dans ces guerres asymétriques, où les solutions purement militaires ont montré leurs limites. Ainsi, depuis février 2020 et la signature d’un accord historique entre les États Unis et les talibans, un processus de dialogue est en cours. Malgré ses défis, le dialogue avec les djihadistes est aussi envisagé pour résoudre la crise au Mali et au Sahel de façon globale.
Dans son rapport sur le processus entre Washington et les talibans d’août 2020, l’International crisis group (ICG) notait la difficulté pour les talibans de passer de l’insurrection armée à la négociation politique avec « leurs opposants nationaux ».
En effet, malgré l’engagement historique des talibans à ne plus laisser opérer de groupes terroristes depuis les territoires qu’ils contrôlent, de ne plus attaquer les villes et d’engager des négociations avec Kaboul, en contrepartie du retrait des militaires américains, les attaques ont continué, « menaçant le processus de paix », déplorait le 15 octobre l’émissaire américain.
Néanmoins, « les pourparlers de Doha représentent la meilleure chance de paix », pour le secrétaire général de l’OTAN, qui a invité les talibans « à tenir leur promesse et à réduire la violence, qui atteint des niveaux inacceptables ». Malgré ce contexte difficile, les acteurs espèrent que ce processus, pour le moment fragile, permettra de mettre fin à un conflit meurtrier qui a duré 19 ans.
Dialogue et vision
Le 20 octobre 2020, les Nations Unies espéraient mobiliser 2,4 milliards de dollars, lors d’une table-ronde ministérielle par vidéoconférence, dans un contexte sécuritaire et humanitaire dégradé dans 3 pays du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger), où plus de 13 millions de personnes ont besoin d’un aide d’urgence.
Pour mettre fin aux conflits qui endeuillent ces pays, de plus en plus de voix évoquent l’éventualité d’un dialogue entre les groupes armés qui y sévissent et les différents gouvernements. Désormais, le Mali n’a plus le choix face à cette option, qui « est conforme à l’opinion des Maliens », eut égard aux conclusions de la Conférence d’entente nationale et du Dialogue national inclusif, explique un analyste. Car le « Mali ne peut indéfiniment compter sur la communauté internationale, conduite par des pays dont les intérêts peuvent changer de pays ou de région à tout moment ».
Et le Mali pourrait s’inspirer de l’exemple algérien, où « les autorités ont dégagé une stratégie nationale basée sur une vision claire », selon notre interlocuteur. Le pays doit donc prendre les devants, en termes de vision et de mission, et éviter l’exemple afghan, qui signifierait à bien des égards se résigner à une insécurité permanente.
Fatoumata Maguiraga
Source: journaldumali