Les derniers événements survenus à Nampala, Gao, Kidal, Bamako et ailleurs plus au Sud ont bien quelque chose en commun : ils ont été fabriqués de toutes pièces. Et à quelles fins alors ?
A Gao
Des militaires ont tiré sur des manifestants désarmés. C’est parce que, dit-on, les conditions de riposte l’exigeaient. Mais ce que l’on ne dit pas, c’est qu’une opération de maintien d’ordre ne doit nullement être confiée ou commandée par des militaires eu égard à leur instinct de tueur. Et pourtant, c’est à ceux-là qu’elle a été confiée et non aux policiers et gendarmes pourtant formés pour les besoins de la cause. Résultat : au moins 3 morts et une dizaine de blessés. Et pis, un risque de guerre civile.
A Kidal
Les séparatistes de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma), visiblement soutenus par une ombre invisible à Bamako, exigent le retrait de la troupe du Gatia de ladite localité. Ce dernier refuse. C’est l’affrontement. Une cinquantaine de morts dans les deux camps. Le groupe d’autodéfense (Gatia) finit par se retirer et le Mali perd de nouveau la ville. Signalons que les insurgés ont bénéficié de soutien des forces obscures. Des avions non identifiés ont, en effet, été aperçus au-dessus du champ de bataille. Et des sources bien au fait parlent d’un possible ravitaillement des combattants sécessionnistes et/ou djihadistes.
Nampala
Le camp des Forces armées maliennes FAMAs, pourtant bien fourni en hommes et en matériels, a été pris d’assaut par les djihadistes. Les combats ont duré plusieurs heures. Submergés par le nombre, les militaires maliens demandèrent des renforts en vain. Ils durent alors battre en retraite, laissant derrière eux, morts (une vingtaine), blessés (une cinquantaine) et matériels.
A la suite des enquêtes, il s’avère que les véhicules devant acheminer le renfort sur place n’étaient pas approvisionnés en carburant. Et pourtant, la récente Loi de programmation militaire a corrigé ce genre de vicissitudes.
Autres détails : Les assaillants ont été identifiés comme appartenant à la fois au «Front de Libération de Macina» (FLM), à «Ançardine» d’Iyad Ag Ghali et à «l’Union pour la Défense de l’Identité Peule et l’Instauration de la Justice au Mali». Le détail qui fait tilt est le suivant : les deux premiers (FLM et Ançardine) veulent l’instauration d’un Etat islamique dans le creuset du Mali. Le 3ème lui, se contente juste de faire instaurer la justice au profit des Peuls, pas ailleurs, mais «au Mali». En clair, les trois entités ont des objectifs quelque peu différents. L’objectif est idéologique d’une part et territorialiste de l’autre. Et pourtant, ils sont parvenus à une union sacrée autour de l’essentiel : affaiblir l’Etat malien ! Pour autant, le complot ne semble pas qu’international…
Bamako
La nouvelle Gouverneure procède à l’heure actuelle à la démolition abusive des installations appartenant à des particuliers, mais aussi à des sociétés pourtant pourvoyeuses d’emplois à l’image du Pmu-Mali, Malitel, Orange-Mali, entre autres. Toute chose de nature à accentuer le chômage. Le paradoxe voudrait qu’au même moment, le Marché-Rose demeure presqu’en ruine depuis l’incendie qui l’a ravagé il y a deux ans et que les populations soient confrontées aux dures réalités économiques de la vie dans une période de soudure très pénible.
Autres paradoxes : au même moment, les services de recouvrement procèdent à la fermeture des boutiques et magasins pour non-paiement d’impôts. Le pire, c’est que les agents chargés du déguerpissement s’adonnent par ailleurs au vol, comme des brigands et ce, sous le couvert de l’Etat. La grogne populaire se justifie alors amplement ! Et il faut craindre une réaction (lire encadré : «Mali : le chômage alimenterait le jihadisme»).
Des événements évitables, ayant en commun une même période et la main des hommes
Tous ces faits sont survenus entre les mois de juin et Juillet, une période particulièrement sensible. Le paradoxe est qu’ils étaient tous évitables et semblent avoir été muris et exécutés. Gao : le commandement du maintien d’ordre a été délibérément confié à des militaires non préparés. Kidal : les séparatistes ont bénéficié de soutien logistique et stratégique. Nampala : La dotation en carburant a pourtant été assurée. Bamako : la grogne populaire est délibérément provoquée et entretenue et…
Il n’est pas superflu de rappeler ici cette anecdote à l’origine de la colère des soldats sous ATT et de…, enfin ! Au moment où l’Armée comptait ses morts (Aguelhok, Tessalit, Ménaka, etc.), les autorités politiques au moment des faits parlaient d’élection. Et aujourd’hui, pendant que tout commence à aller sens dessus-dessous, elles parlent de sommet France-Afrique et cassent tout sur leur chemin. Hélas, n’est pire aveugle que celui qui ne veut voir et pire sourd que celui qui ne veut entendre.
Batomah Sissoko
Source: sphinx