Plusieurs associations musulmanes étaient face aux médias, le samedi 06 Mai 2023, au CICB pour réaffirmer leur opposition au projet de Nouvelle Constitution. Le bémol dans le document et qui frustre ces leaders religieux est relatif à la LAÏCITÉ du pays. Selon les 23 organisations parmi lesquelles, deux partis politiques qui étaient rassemblées, la laïcité doit être biffée du projet de Constitution.” Non à l’inscription de la laïcité dans la nouvelle Constitution ” était d’ailleurs le principal message lancé par le mouvement de soutien à la LIMAMA contre la laïcité. En cas de non satisfaction, le front de refus a annoncé sa détermination à mener une campagne pour le ‘’Non’’ le 18 juin prochain.
C’est dans une salle archi-comble que le mouvement de soutien à la LIMAMA contre la laïcité a organisé le samedi dernier au Centre International de Conférence de Bamako (CICB) une rencontre avec la presse autour du projet de Nouvelle Constitution. Plusieurs leaders religieux ont participé à la rencontre qui était placée sous la présidence du coordinateur Abdoul Kadri Haïdara. Ce dernier a fait savoir qu‘ils sont des enfants du pays et qu’ils n’envisagent aucun mal pour le Mali. Mohamed Kimbiri a fait savoir qu’il a été surpris d’entende une autorité qui pilote le projet soutenir que les gens s’opposent aujourd’hui à la laïcité, alors que c’est un fait qui a toujours existé. M. Kimbiri qui s’exprimait au nom du Collectif des Associations Musulmanes du Mali a déclaré que cela ne pourrait pas être véridique et la lutte contre la laïcité était d’actualité lors de l’adoption de la Constitution de février 1992. Le Doyen Cheick Seydou Drissa Traoré estime qu’il n’y a aucune communauté noire surtout en Afrique qui nie l’existence de Dieu. Il a affirmé qu’il y a des gens qui ont peut-être ajouté à Dieu d’autres adorations, mais tout le monde est conscient de son existence. Parlant du sujet du jour, Cheick Seydou Drissa Traoré a expliqué que le Mali est diffèrent de la France et des Etats-Unis et estime que si « l’on met la laïcité dans notre Constitution, c’est un problème qui va perdurer jusqu’à la fin du monde ». En s’expliquant, il dira que c’est au nom de la laïcité qu’on va permettre aux hommes de se marier entre eux, et aux femmes de se marier entre elles, ou aux individus de changer de sexe. De son entendement, la laïcité n’est pas conforme aux valeurs sociétales africaines. L’un des conférenciers du jour en la personne de Dr Ahmed Boly a soutenu que la religion musulmane n’est pas comptable avec la laïcité. De son avis, le fait de souligner que la laïcité ne s’oppose pas à la religion est une aberration et que la « laïcité est venue pour soustraire la religion de tous nos faits et gestes ».
Mme Mariam Fofana, présidente de la ligue Islamique des Prédicatrices du Mali (LIPMA), s’est également exprimée dans le sens du rejet de la laïcité. Selon elle, toute action visant à porter atteinte à l’islam est à bannir. M. Samba Traoré de la ligue des prédicateurs au Mali a partagé la position de son organisation qui est celle de la LIMAMA. Il s’agit d’enlever la laïcité de la Constitution. Il a affirmé que des gens se sont battus pour des questions de langue, des questions de double nationalité mais, « on ne parle pas de la laïcité». Aussi plusieurs témoignages du genre ont été faits par la dizaine de conférenciers. Dans une déclaration lue par Dr Mahamane Maïga de la Concertation des Associations Islamiques Al OURWATOUL WOUSQUA, le Mouvement de Soutien à la LIMAMA rappelle que suite à la publication du projet de Nouvelle Constitution “ nombreuses organisations dont la Ligue des Imams et Érudits du Mali (LIMAMA) ainsi que des leaders d’opinion ont revendiqué la suppression du concept de la laïcité dans notre Constitution”. Selon les conférenciers, cette révolte a poussé les plus hautes autorités du pays à mettre en place une commission de finalisation en vue de créer le maximum de consensus autour du texte proposé. De leur entendement, « ladite commission de finalisation a manqué de courage pour s’assumer face à l’histoire en libérant notre pays du joug idéologique et culturel hérité de la colonisation française ». Faisant allusion à la laïcité, le Mouvement de Soutien à la LIMAMA explique que malgré ses conséquences dévastatrices sur le Mali, de l’indépendance jusqu’à nos jours, « la laïcité a été maintenue et définie comme ne s’opposant pas aux croyances religieuses. Or, un loup restera toujours un loup qu’il soit à Paris où à Bamako ». Le Mouvement estime que la laïcité a des conséquences néfastes sur le système éducatif, les services publics et la société en général.
C’est fort de ce constat, les soutiens de la LIMAMA ont affirmé leur conviction que les maliens se mettront autour de la table pour parvenir à un très large consensus concernant ce projet de Constitution avant l’étape ultime du referendum. Ils ont ainsi demandé aux autorités de la Transition de bien vouloir adopter les revendications légitimes de la LIMAMA et du Mouvement de Soutien. Dans le même ordre d’idée, le Mouvement de Soutien à la LIMAMA a demandé au Colonel Assimi Goïta, ainsi qu’à l’ensemble de son Gouvernement de bien vouloir ouvrir les voies et canaux de discussion, de consultation, de dialogue et de concertation avec la LIMAMA et tous les acteurs impliqués dans ce Mouvement pour trouver une solution définitive à cette question de la laïcité. “Dans le cas échéant, nous nous réservons le droit constitutionnel de mener campagne dans le cadre de la loi électorale pour appeler l’ensemble du peuple malien à voter « non ! » contre ce nouveau projet de Constitution. Loin de nous, l’idée d’en arriver à ce niveau. Car ce seront des milliards de francs CFA qu’on risque de gaspiller alors qu’ils pourraient servir ailleurs. Nous appelons l’ensemble des parties prenantes à se retrouver pour le Mali et les Maliens”, affirme le Mouvement dans sa déclaration. Notons pour finir que le mouvement est composé du Cadre de Concertation des Associations Islamiques Al OURWATOUL WOUSQUA, de l’Union des Femmes Musulmanes du Mali (UNAFEMM), de la Fédération des Écoles Confessionnelles et Franco-Arabe du Mali (FEC-FAM), du Mouvement FASO DAMBÉ LAKANATON, de la Coordination des Mouvements et Associations et Sympathisants de l’imam Mahmoud DICKO (CMAS), de l’Union des Enseignants de la Langue Arabe et de la Culture Islamique, de l’Initiative Islamique pour le Développement du Mali (IDM), de la Génération IQRA DE MANDE, de l’Association Sodaqatoul Djariya, les sortants de l’Institut Islamique de Missira (promotion 1990), entre autres .
MAHAMANE TOURE – NOUVEL HORIZON