Ce vendredi 27 août 2021 à la Maison de la presse, l’Association des jeunes pour la citoyenneté active et la démocratie (AJCAD-Mali) a organisé le 8ème numéro de son Café citoyen. Il s’agissait pour les panelistes d’évaluer les 12 mois de la transition et jeter un regard sur les perspectives.
En prélude, les quatre conférenciers que sont Mossadeck Baly, Moussa Mara, Adam Dicko et Moussa Kondo ont tous indiqué que le bilan de la transition était mitigé et sans actes concrets. Interrogé sur sa position sur la gestion de la transition, Mossadeck Baly, parrain de cette cérémonie, a déclaré que le changement de régime intervenu en 2020 devrait mettre fin aux manquements de trois décennies de gouvernance. Malheureusement les acteurs de la transition n’ont pas de bilan positif. « Je pense que les problèmes qui ont précipité la chute du régime d’IBK demeurent toujours. Sur le plan éducatif, social, économique, politique, il n’y a eu aucun changement visible», a-t-il évoqué.
Aussi, M. Baly, dans ses propos, dira qu’on est au même point de départ depuis les 30 dernières années. À l’en croire, il n’y a pas d’actions entreprises par les acteurs de la transition. Et ceux qui estiment que les récentes arrestations sont convaincantes, il faut comprendre que la lutte contre la corruption ne doit pas être un prétexte pour s’éterniser au pouvoir. Et qu’il faut terminer avec cette transition le plus tôt possible.
Quant à Moussa Mara, il estime que les équipes qui gèrent cette transition ne sont pas prêtes. Et qu’on ne peut rien espérer d’elles. Selon M. Mara, nous sommes dans une transition qui n’a pas d’inclusivité. Ce qui fait qu’elle peut difficilement répondre aux espoirs qui sont placés en elle depuis août 2020. « Cette transition peut conduire difficilement les réformes dont le Mali a besoin. Car la transition a mal démarré. Même les autorités de la transition sont convaincues qu’il y a une déception générale. Nos autorités doivent faire la tenue des élections générales une priorité. Aujourd’hui, il est impossible de croire qu’on puisse avoir un projet de loi constitutionnelle avant octobre. Cette transition manque trois choses : manque de temps, de volonté et de connaissance. Les gens voient en cette transition une gestion partisane. Le gouvernement devrait déjà publier un chronogramme actualisé sur les réformes qu’il dit mettre en place », a précisé Mara.
Sur la question de lutte contre l’impunité, il dira qu’il ne faut en aucun cas ni leader religieux, homme politique et opérateur économique soit au-dessus des lois. Et qu’à travers les textes, on donne la possibilité aux citoyens de sanctionner par scrutin les élus (députés, maires, présidents) en mettant fin à leur mandat en cas de mauvaise gouvernance.
Pour Adam Dicko, directrice exécutive de l’Ajcad, au début de cette transition, les Maliens avaient placé beaucoup d’espoir. Malheureusement la déception est imminente. La cherté de la vie a pris une autre dimension et les tensions sociales y demeurent également. Pour elle, les acteurs de la transition se sont engagés dans des chantiers qu’ils ne peuvent en aucun cas résoudre. A ses dires, malgré le changement de régime les problèmes demeurent. « En 12 mois les acteurs de la transition étaient également des spectateurs espérant un miracle quelconque. Le bilan est mitigé. Pire, on ne voit pas la direction que veut prendre cette transition. Aussi, nous constatons que cette transition a été surchargée par les revendications et requêtes. On devrait déjà avoir un chronogramme des réformes. Malheureusement, on ne voit rien», a renchéri la directrice de l’AJCAD.
S’agissant du rôle de la société civile, elle dira que certaines organisations de la société civiles se sont reconverties en politique. Et ceux qui doivent contrôler la société civile sont animés par des ambitions politiques. Par ailleurs, elle dira que la prolongation de la transition n’est pas une solution. Il faut mettre en place des réformes qui sont possibles avec délai.
Au tour de Moussa Kondo de AccontabilityLabs de rappeler que cette transition est la conclusion d’une série de protestations. Mais avec un bilan insatisfaisant. À l’en croire, les problèmes ne peuvent être résolus du jour au lendemain. Selon M. Kondo, certes certains actes sont posés, mais qu’il faut aller jusqu’au bout. « Le renouveau que veulent les Maliens passe par la bonne gouvernance et la sécurité. Le plus grand chantier auquel les autorités doivent s’attaquer, c’est la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Il faut nécessairement un réveil de la justice», a-t-il insisté.
Concernant le respect du délai de la transition, il a fait savoir qu’il est impossible de croire que les autorités envisagent de respecter le chronogramme des élections.
Adama TRAORÉ
Source : La Preuve