Une semaine après le sommet du G20 en Inde, Modibo Mao Makalou, économiste et ancien sherpa de la Commission de l’Union africaine et du Nepad nous explique la création et le fonctionnement du G20 et l’intégration de l’Afrique au sein de ce club.
Mali Tribune : Qu’est-ce que le G20 et quelle est sa composition ?
Modibo Mao Makalou : Le Groupe des vingt (G20) est un forum intergouvernemental composé de dix-neuf des pays aux économies les plus développées et de l’Union européenne, et de l’Union africaine dont les chefs d’Etat, chefs de gouvernement, ministres des Finances et chefs des banques centrales se réunissent annuellement. Le G20 a été créé en marge de la réunion des ministres des Finances du G7 (groupe des 7 pays les plus industrialisés) du 25 septembre 1999 de Washington. C’est le 15 novembre 2008, que les chefs d’État et de gouvernement du G20 se sont réunis à Washington pour la première fois.
En 2010, le G20 comptait 20 membres : dix-neuf pays plus l’Union européenne. L’Union européenne est représentée par le président du Conseil européen et celui de la Commission européenne, ce qui explique que le G20 rassemblait 21 personnes. Il comprenait les pays du G8 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Royaume-Uni, Italie, Japon et Russie), plus l’Union européenne, l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Australie, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l’Inde, l’Indonésie, le Mexique, l’Afrique du Sud et la Turquie.
Depuis le sommet du G20 du 8 et 9 septembre 2023, l’Afrique a intégré le G20 et est représentée par l’Union africaine. Le G20 accueille également les institutions de Bretton Woods : le directeur général du FMI, le président de la Banque mondiale, celui du Comité monétaire et financier international et celui du Comité de développement du FMI et de la Banque mondiale.
Mali Tribune : Quel est l’objectif du G20 et comment fonctionne-t-il ?
M M. M. : Le but du G20 lors de sa création est alors de favoriser la stabilité financière internationale et de créer des possibilités de dialogues entre pays industrialisés et pays émergents, ce que les réunions des ministres des Finances du G7 ne permettaient pas. Il est créé en 1999, après une succession de crises financières en Asie dans les années 1990. Il vise à favoriser la concertation internationale, en intégrant le principe d’un dialogue élargi tenant compte du poids économique croissant pris par un certain nombre de pays.
La présidence du G20 est assurée à tour de rôle chaque année par ses États membres et ne possède pas de secrétariat permanent. L’Inde a accueilli le sommet du G20 en 2023, puis ce sera le tour du Brésil en 2024 puis de l’Afrique du Sud en 2025. Les pays hôtes sont responsables de l’organisation des sommets pendant leur présidence. Les pays hôtes organisent également une série de réunions préparatoires qui font progresser les initiatives du G20 tout au long de l’année. De même que pour la participation des principales organisations internationales qui sont invitées aux réunions du G20. L’élaboration des politiques est aussi soutenue par la participation de pays invités (à la discrétion du pays hôte) et de la société civile.
Mali Tribune : Quels sont les avantages pour l’Afrique en intégrant le G20 ?
M M. M. : En 2021, le G20 représentait 75 % du commerce mondial, près des 2/3 de la population mondiale et plus de 80 % du produit intérieur brut mondial (somme des PIB de tous les pays du monde). Le G20 se décline sous trois formes : les G20 regroupant des chefs d’État et de gouvernement, les G20 finance regroupant les ministres des finances et les gouverneurs des Banques centrales et depuis avril 2010, les G20 sociaux réunissent les ministres de l’emploi. La participation de l’Afrique aux réunions du G20 permettra à l’Afrique de faire entendre sa voix sur la scène internationale.
Propos recueillis par
Ousmane Mahamane
Mali Tribune