Le Conseil national de transition a adopté hier, jeudi 20 octobre 2022, à 111 pour, 0 abstention et 0 contre le projet de loi portant militarisation de la Police et de la Protection civile. Ce projet de loi suscite des débats des jours.
Le mardi dernier, les syndicats de police se sont prononcés sur le dossier. Ils ont déploré le manque de discussion autour du projet. « Après consultations, la Synergie s’est investie pour rencontrer le Directeur général de la Police nationale, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile pour comprendre davantage comment ce projet qui va désormais gouverner la vie de toute une corporation est porté de manière unilatérale, sans faire de discussions en Conseil supérieur de la Police », précise le communiqué qui ajoute : « Ce projet, dont le Conseil national de Transition s’apprête à se prononcer dessus, apparait comme la matérialisation sur le papier de ce qui est déjà une réalité sur le terrain, c’est-à-dire, malgré ses maigres moyens, la Police est présente sur les théâtres d’opérations, partout sur l’ensemble du territoire national et participe à la défense opérationnelle du territoire, mission qui en temps normal est dévolue à l’Armée ».
Selon le communiqué, la rencontre a eu lieu au CNT autour de ce sujet. Les points sur lesquels les représentants de la police ont insisté lors de cette rencontre, selon le communiqué, c’est la nécessité d’un renvoi pour mener des discussions préalables, afin d’aboutir à un projet consensuel dont les contours seront déjà connus avant l’adoption, la préservation des acquis en terme d’avantages, surtout l’architecture de la Police en la dotant d’un statut militaire spécial car la Police a ses spécificités et les avantages liés à ces spécificités doivent être impérativement préservés, les garanties en amont du maintien des corps et grades en ayant des équivalences avec ceux de l’armée afin d’avoir une grille harmonisée dans le nouveau statut.
Ce sont les Assises nationales de la refondation qui ont réclamé la militarisation de la police. Pourtant, déplorent les syndicats, une police militarisée et la démocratie ne font pas bon ménage. « Puisque la Police est au service du peuple, elle pourra se réserver le droit d’épiloguer sur la pertinence ou non d’un tel projet de loi et partant, s’y conformer. Ce qui est sûr, si cette militarisation émane du peuple, ce même peuple demandera la démilitarisation un jour, car la démocratie ne rime pas avec une police militarisée », prévient le communiqué qui ajoute que la police demeurera un maillon de la chaine étatique, donc assujetti à la loi et à l’autorité de l’État.
Les syndicats ont ainsi alerté les autorités de la transition sur ce qu’ils appellent « les dangers liés à une militarisation déséquilibrée, remettant en cause les acquis de la Police nationale dans sa spécificité ».
Il faut rappeler que cette militarisation fait partie des recommandations des assises nationales de la refondation.
B. G
Source: LE PAYS