Des mains invisibles, quelque part, sont-elles à l’œuvre dans l’ombre et ont-elles lancé une guerre médiatique tenace contre les Forces de défense et de sécurité malienne ? L’opinion nationale, à une majorité considérable, estime sans détours que c’est le cas, comme en témoigne notre vox populi qui suit.
Difficile en tout cas de ne pas s’interroger sur la fréquence crescendo des accusations qui, lancées depuis les studios des médias occidentaux, persistent à prendre pour cible la réputation des FAMAS et leurs coéquipiers du groupe WAGNER. De la manière la plus affirmative, les ondes occidentales se montrent promptes à braquer un faisceau d’accusations contre l’armée malienne dont les récentes opérations, selon moult journalistes occidentaux, « sont entachées d’exactions et de crimes ». Mais ce qui sème le doute sur les accusations portées, c’est que les confrères occidentaux qui les prononcent avec force convictions, peinent à fournir les preuves tangibles qui seraient de nature à les corroborer. D’où la question que se posent légitiment beaucoup de Maliens et d’Africains : n’est-on pas là en face d’une campagne médiatique de nuisance ourdie dans le seul dessein de nuire à la renommée de l’armée malienne ? D’autant plus que beaucoup d’« accusateurs » affirment eux-mêmes n’avoir plus ni accès aux zones de combat ni disposer de relais humains sur place pour démêler le vrai du faux. Une bien curieuse façon de pratiquer le journalisme.
Du côté de l’opinion publique nationale, l’on commente abondamment cette situation qui, vu du Mali, accentue la défiance déjà affichée par les citoyens pour les médias occidentaux.
Elhadji DICKO, gestionnaire d’entreprise
Je le pense bien. Les événements me semblent très juxtaposés : le Mali chasse l’armée française, interdit France 24 et RFI un jour. Le lendemain matin, on nous sort des pseudos bavures de nos vaillantes FAMAS !
Où est la logique ? Où est la cohérence ? Il faut aussi noter que jusqu’à présent aucune preuve de l’implication de l’armée malienne n’a été trouvée. En conclusion, des ennemis de l’armée malienne, et par ricochet du Mali, veulent nous nuire par tous les moyens.
Mamadou Diarra, analyste politique
Depuis un certain temps déjà, l’armée malienne est accusée à tort, à travers les médias, par des défenseurs et observateurs des droits de l’Homme qui font des déclarations tous azimuts. Aujourd’hui, je crois que nous faisons face à un grand problème qui est la désinformation ayant un impact négatif sur le cours de la situation sociopolitique et sécuritaire.
L’armée malienne est une fois de plus accusée d’exactions, notamment par des acteurs externes, par le canal de la plupart des médias internationaux. Malheureusement, ces médias internationaux publient des chiffres sans fondement au sujet des opérations antiterroristes que mène l’armée malienne sur les différents théâtres d’opérations. C’est clairement une sorte d’accusation faite à l’endroit de l’armée malienne sans preuves matérielles que certains pourraient qualifier de campagne de déstabilisation. À la vérité, le phénomène n’est pas loin d’une campagne de déstabilisation car l’on observe bien une montée en puissance de l’armée malienne.
À ce stade, tous les médias nationaux ou internationaux doivent tenir compte de la sensibilité de certaines questions qui touchent directement ou indirectement à la survie même de l’État. Pour finir, il faut donc que les médias internationaux partent vers une logique de vérification des informations et d’une logique d’éloignement des fausses informations.
Boubacar Kanouté, président de l’Union des Journalistes Reporters du Mali
Ces médias et leur pays digèrent mal le succès de l’armée après l’annonce du départ des forces françaises et européennes. Ceci étant dit, il revient à l’armée malienne d’éviter tous pièges dans la lutte contre le terrorisme dont pourraient se servir la France et ses médias. L’armée doit éviter l’amalgame dans la traque des djihadistes.
Hamady Dicko, président du Mouvement Populaire pour le Progrès de la Jeunesse
L’armée malienne est confrontée à un problème de déstabilisation médiatique. C’est évident ! La France a été le premier pays à venir au secours du Mali en 2012, mais, aujourd’hui, il y a une crise entre le Mali et l’Hexagone, avec notamment le départ forcé de l’ambassadeur de France du Mali. Je pense que la France est en train de rentrer dans une campagne de médiatisation défavorable aux Forces Armées Maliennes. Il faut que la France comprenne que les données ont changé, nous avons de nouvelles autorités qui n’acceptent pas le jeu de la France. Cette campagne de déstabilisation ne sert à rien.
Moussa Balla Diarra, politicien
Notre armée Nationale est la cible d’une méchante attaque diffamatoire et calomnieuse montée de toutes pièces par des individus mal intentionnés, incapables même de signer ceux qu’ils veulent faire croire à l’opinion : c’est-à-dire que notre armée commet des massacres en tuant des civils. Pour moi, cela est contraire aux droits de l’homme et aussi à notre religion. Ce système dont l’armée est victime en ce moment se fait un peu partout dans le monde, notamment le cas des Russes en Ukraine.
Seyba Mohamed Lamine Sidibé, calligraphe
Certains médias occidentaux, avec la complicité de certains organes de presse nationaux, diffusent des allégations mensongères sur nos militaires qui sont sur le terrain. Ces médias déforment à dessein les informations au profit de leurs bailleurs. Si j’étais à la place du Colonel Assimi Goïta, je fermerais tous les organes nationaux qui sont impliqués dans cette campagne de déstabilisation.
Souleymane Faïnké, vétérinaire
Les informateurs d’illusions doivent rester muets car la montée en puissance de l’armée malienne est entre les lèvres de tous nos voisins.
Leur seul but est de manipuler l’opinion, démoraliser les troupes au front et faire sombrer le Mali dans une crise encore plus grave. Les éternels insatisfaits, longtemps débusqués, citent plusieurs autres officiers supérieurs de la grande muette et leurs complices sur les réseaux sociaux. Selon moi, nous devrons faire extrêmement attention à certains de nos médias qui acceptent de prendre des miettes pour monter des fake new sur nos Famas à travers le rapport des ONG internationales afin de déstabiliser nos militaires. Il nous faut d’abord soutenir l’armée contre ces gens-là sinon ils risquent de nous compromettre.
Youssouf Doumbia, vigile
Visiblement, ces groupes médiatiques étrangers et certaines personnalités politiques de notre pays empêchent la majorité des Maliens de dormir. Afin de réaliser leurs objectifs machiavéliques, ils tentent, à travers les médias, de vilipender l’armée au profit des forces étrangères. Ces hommes politiques font le jeu de l’Elysée. Quand ils seront au pouvoir, c’est donc le même système d’affaiblissement de l’armée qui va continuer. Je ne pense que ce jeu marche avec nous car on ne peut pas laisser notre armée à la merci de l’Occident. Nous n’accepterons pas que nos soldats soient la cible d’une telle campagne de déstabilisation médiatique. Nous allons soutenir nos forces armées pour qu’il ne reste plus un djihadiste sur le sol malien.
Issa Djiguiba, journaliste
On s’attaque à ceux-là mêmes qui sont considérés comme étant les tenants de la grande muette malienne, depuis des années engagés dans une guerre contre le terrorisme au Sahel. Notre armée commence à être la cible d’une campagne de déstabilisation sur les réseaux sociaux et dans certains médias de la place publique. Selon moi, le départ des chaînes françaises a permis considérablement de réduire les critiques. Certains chroniqueurs de nos radios cherchent toujours une défaillance au niveau de nos soldats sur le terrain. Tout sauf un fait de hasard ou une simple coïncidence.
Mme Dramé Aoua Coulibaly, commerçante
Je suis très fière de notre armée, mais je pense que c’est à nous de la soutenir contre toute politique de déstabilisation médiatique d’ici ou d’ailleurs, surtout sur les réseaux sociaux. Nous devons soutenir nos Famas contre le système néocolonialiste de la France et ses amis.
Mamoutou Famatan, fonctionnaire à la retraite
De nos jours, nul ne se serait senti trompé sur la réalité des soldats sur le terrain à travers les réseaux sociaux. A mon humble avis, l’armée malienne peut surmonter toutes les campagnes de déstabilisation médiatique si le peuple est derrière elle. De plus, les autorités de la transition doivent faire en sorte que tous ceux qui diffusent de fausses infos sur les FAMAS, que ceux-là soient traduits devant la justice.
Cheick Oumar Berthé, infirmier
Depuis que les chaînes françaises ont plié bagages, nous avons cessé d’être la cible d’une campagne de déstabilisation médiatique car les Occidentaux, notamment les Etats Unis et la France, sont très efficaces dans ce domaine. Je pense que l’armée est très bien équipée pour faire la différence entre djihadistes et civils. Et d’ailleurs, c’est le cas parce que dans les localités concernées, les habitants félicitent les Famas pour avoir libérer leurs villages, notamment à Farabougou, à Moura et à Mondoro.
Fatoumata Gaoussou Kamissoko, agent de la protection civile
Après le départ de RFI et de France 24, je crois que toute velléité de déstabilisation et de dénigrement médiatiques est vouée à l’échec. Et puis, les Famas sont fortement soutenues par la population à 95%, selon mes constats. On veut juste avoir la paix et la sécurité sur toute l’étendue du territoire national. Aussi, les médias nationaux doivent aussi soutenir les militaires pour faire barrage au complot occidental.
Abdoulaye Maïga, enseignant
Les français ont annoncé que l’armée monte en puissance en faisant des massacres. Le colonel Assimi Goïta a bien fait de chasser RFI et France 24 à cause de leur plan commun de déstabilisation médiatique à l’encontre des Famas. Les forces Barkhane et Takuba ont échoué là où les Famas ont réussi. L’armée malienne est en train de reconquérir ses terres, voilà tout notre problème ! C’est une guerre médiatique de la France contre le Mali. Mais il faut que nos médias fassent attention à ne pas tomber dans le jeu des Français. Ils cherchent à déstabiliser l’armée malienne en lui collant des calomnies d’exactions.
Bassolo Traoré, entrepreneur
Il suffit de faire une analyse de ce qui passe actuellement sur les médias occidentaux contre la Russie pour comprendre la campagne de diffamation dirigée contre le Mali aussi. Les gens doivent comprendre que presque toutes les chaînes françaises sont soit étatiques soit détenues par de grands patrons du CAC 40 proches du gouvernement. C’est partant de cette proximité qu’une ligne éditoriale est dictée à tous ces médias. La consigne est la suivante : peindre négativement et même en monstres tous ceux qui osent se libérer de la tutelle et de la vision occidentale du monde. Le Mali a fait le choix de marcher main dans la main avec la Russie. C’est ce qui empêche les stratèges français et occidentaux d’avoir la paix de l’esprit. Ils craignent que le cas malien n’inspire d’autres Etats. Et c’est la raison pour laquelle ils s’évertuent à diaboliser les militaires maliens. Je ne dis pas que la guerre propre existe. Mais il est honteux de la part de médias internationaux de proférer des accusations de massacre sans preuves. C’est de la méchanceté déstabilisatrice.
Amadou Doumbia, agent des impôts
Tout ce qu’on dit sur l’armée n’est pas fondé. J’accepte que parfois notre armée fait des bavures ; mais, même les armées qui se disent plus professionnelles commettent des bavures. Certes, nous avons une armée en reconstruction. Mais les accusations qu’elle subit, sont fausses. Où sont les preuves ? Ce qui disent du n’importe quoi sur l’armée malienne, constituent des citoyens instrumentalisés par les ennemis du Mali.
Ousmane Sidibé, professeur de biologie
Toutes les armées du monde, au cours d’opérations, font des bavures. Moi, personnellement je pense que ce qu’on dit de notre armée n’est pas vrai. Ceux qui les incriminent n’ont pas de preuves tangibles. Notre armée a seulement beaucoup d’ennemis, et chacun d’eux se met à dire du n’importe quoi. On ne peut pas mener une guerre si complexe comme la nôtre sans commettre des erreurs. Mais pas au point de commettre des massacres gratuitement. Je fais entièrement confiance à notre armée et elle relèvera les défis du moment. Les Maliens sont appelés à soutenir l’armée malienne. Les occidentaux ne nous aiment pas, c’est pour cela qu’ils font tout pour nous déstabiliser. La guerre auquel le Mali fait face est trop complexe, donc, donnons du temps nécessaire à ce que l’armée fasse le travail qui lui est assigné.
Abdoulaye Kanambaye, juriste
Nous qui sommes du pays dogon savons que les massacres ont été et sont toujours perpétrés par les jihadistes. L’armée est là en force protectrice. Les médias étrangers qui relayent et orchestrent de fausses accusations contre les FAMAS, sont très loin de l’objectivité qui est normalement requise dans le travail journalistique. Regardez, par exemple : lorsque les médias français parlent de la Russie ou du Mali, ils parlent de « massacres » en employant le passé composé d’affirmation ; or, quand c’est la France ou un autre pays occidental qui est concerné, ces médias-là parlent alors au conditionnel et disent « impossible de confirmer quoi que ce soit pour le moment ». Voyez l’hypocrisie des Occidentaux ! Quand c’est nous, ils ne s’embarrassent pas « de la recherche de preuves indiscutables », ils affirment que c’est réel. Mais quand c’est eux, ils crient à tue-tête : « impossible de confirmer quoi que ce soit pour le moment ! » A force de manipuler l’information à leur seul profit, les Occidentaux ont aujourd’hui perdu toute crédibilité aux yeux des Maliens.
Alpha Cissé, spécialiste de la géopolitique
On ne peut pas dire le contraire parce qu’aujourd’hui le Mali s’est lui-même mis sur une table de discussion entre deux grandes puissances, à savoir : la France et la Russie. Très généralement, quand on met deux puissances en gestation pour question d’intérêt chez toi, directement, chacun va essayer d’avoir la plus grande part d’influence affichée et souterraine. C’est très probable que l’armée malienne ainsi que le gouvernement et même nous populations soyons tous la cible de cette campagne médiatique de déstabilisation. Ça peut aller au niveau de la politique gouvernementale mais, ça peut aller jusqu’au niveau social. C’est cela les conséquences d’être non-aligné. Les pays non-alignés sont tous des proies de discussions des autres puissances. Il ne faut pas se leurrer : c’est une question d’intérêt et chacun va faire tout pour préserver son intérêt au Mali.
Ibrahim Dicko, entrepreneur
Non. Pas du tout. Elle est juste qualifiée pour ce qu’elle a fait. L’armée a bien commis des exactions sur des civils à Moura.
Ibrahim Diaby, professeur d’enseignement secondaire
Oui, je le pense parce que l’armée engrange des victoires indéniables qui peuvent montrer l’échec de la présence de certaines forces étrangères. Cela dit, il est tout à fait possible qu’il y ait eu des bavures, mais ça aussi, ça n’a pas commencé avec les FAMAS, peut-être que si les autres avaient reconnu les leurs, les FAMAS en auraient fait autant.
Fatoumata Boba Doumbia, Seydou Fané, Mamadou Komina, Mamadou Sangaré, Maffenin Diarra, A. Dicko
Source: Les Échos- Mali