Dans une note verbale, la Haute autorité de la communication(HAC) a déclaré que l’émission Éditorial du 30 septembre 2022 animée par Mohamed Halidou Attaher sur Joliba TV News comportait des manquements se manifestant par des propos diffamatoires et des accusations infondées. Suite à cette mise en demeure de la chaîne de télévision Joliba TV News et son journaliste Mohamed Attaher Halidou, des hommes de médias, des faitières du secteur et des hommes politiques ont exprimé leur soutien au journaliste et dénoncé la menace sur la liberté de la presse chèrement acquise au Mali.
Dans une réaction sur sa page Facebook, l’ancien Premier ministre, Moussa MARA, a déclar& : « faisons attention à ne pas remettre en question les bases de la démocratie, à savoir la liberté d’opinion ! Sans ça, toutes les dérives sont possibles et le pays serait dans l’abîme ». Il a souligné qu’il attachait une grande importance à la liberté de la presse.
De son côté, le Cadre des partis et regroupements de partis politiques pour une transition réussie souligne que c’est avec une profonde inquiétude qu’il a pris connaissance du communiqué de « mise en demeure » de la HAC en date du 12 octobre 2022, au sujet du journaliste Mohamed Halidu ATTAHER.
Le Cadre souligne que le seul crime de l’homme de média aura été de livrer, de façon professionnelle, une analyse objective de la gestion des affaires du pays par les autorités de la Transition.
« Il lui est ainsi reproché de dénoncer, de critiquer, d’orienter, de conseiller, juste pour le bien de notre peuple et pour la réussite de la transition en cours. Seulement, les autorités de la Transition ont visiblement opté pour la pensée unique. Elles travaillent systématiquement à réduire au silence toutes les voix discordantes. Alors que toutes les faveurs sont données à ‘’une armée numérique’’ chargée d’anéantir tous ceux qui expriment une opinion différente », dénonce le Cadre des partis et regroupements politiques pour une transition réussie.
Le Cadre s’inquiète et interpelle les autorités de la Transition sur le respect du droit du citoyen de jouir des libertés fondamentales acquises de haute lutte. Le Cadre déclare que la démocratie et la liberté d’expression sont plus que jamais en danger dans notre pays.
La HAC, qui est elle-même issue du combat pour la démocratie, est invitée à jouer pleinement son rôle, tout son rôle. Elle devrait agir en toute indépendance, sans interférence aucune.
«Le Cadre condamne énergiquement cette tentative de restriction de la liberté d’expression exercée sur l’éditorialiste de Joliba TV News et dénonce la démarche en cours dans ce sens. Il invite les autorités dont relève la HAC à se confiner dans leur devoir de réserve et à laisser libre court à l’expression des règles démocratiques », peut-on lire dans le communiqué du Cadre.
Par ailleurs, le Cadre appelle à la mobilisation générale de tous les démocrates pour défendre la liberté d’expression chèrement acquise lors de la lutte héroïque de mars 1991.
Pour sa part, l’Union des Journalistes Reporters du Mali (UJRM) a déploré ce qu’elle qualifie ‘’d’agissement’’ de la HAC contre des médias professionnels et une inaction contre certaines radios devenues des relais de propagande et d’intoxication, des vidéomans au mépris des règles élémentaires de la presse.
Ainsi, conformément à ses objectifs de défendre la liberté d’expression et de veiller au respect de l’éthique et la déontologie du métier du journalisme, l’UJRM dénonce avec la dernière énergie cette attitude de la Haute Autorité de Communication ; apporte tout son soutien au confrère Mohamed Halidou Attaher.
De même, elle exprime sa vive préoccupation du respect de la liberté d’expression en cette période sensible qu’est la Transition ; exprime ses inquiétudes face à cette tentative de musellement des voix discordantes de la presse ; appelle la HAC à jouer pleinement son rôle sans enfreindre à la liberté d’expression et du journalisme.
Par ailleurs, elle invite ses membres au respect strict de l’éthique et de la déontologie du journalisme dans cette période de crise ; appelle la maison de la presse et toutes les organisations professionnelles de la presse à faire barrage à tout projet de musellement des médias professionnels.
De même, l’U.J.R.M invite les autorités à collaborer davantage avec les professionnels de la presse dans ce contexte actuel et exprime son profond regret de la monotonie des médias publics et également l’immixtion des opérateurs des réseaux sociaux appelés «vidéomans» dans la communication institutionnelle.
Quant à l’Association des Journalistes de la Presse Libre du Mali (Ajplm), ses responsables trouvent que cette note verbale de la Haute autorité de la communication (HAC) à l’encontre de la rédaction de Joliba TV et du confrère Mohame Attaher Halidou, est tout simplement un harcèlement mettant en cause la liberté d’expression et de presse en République du Mali.
« Au regard de son agissement contre les médias professionnels et de son silence total face aux mensonges, diffamations et aux propagandes de tous genres de certains médias non professionnels, violent toutes les règles et éthiques de la profession sur des antennes souvent hors de toute autorisation formelle, l’Ajplm apporte son soutien indéfectible au confrère Maïga contre la HAC qui semble oublier ses prérogatives. Face à ce 2 poids 2 mesures, l’AJPLM condamne avec la dernière rigueur ce harcèlement envers les médias professionnels », s’insurge l’Association des journalistes de la presse libre du Mali.
Elle invite la HAC à jouer son rôle de contrôle, de régulateur et à ne pas se laisser tomber dans d’autres considérations.
Le M5-RFP Mali Kura n’est pas resté silencieux face à l’attitude de la HAC qu’il juge comme une atteinte à la liberté d’opinion et de presse.
Dans un communiqué, le Comité stratégique du M5-RFP Mali Kura affirme avoir écouté avec beaucoup d’intérêt ledit éditorial et n’y a pas perçu aucun manquement à ladite loi et craint que cette intervention de la HAC ne soit une atteinte à la liberté d’opinion et de presse chèrement acquise par le peuple malien après la révolution du 26 mars 1991.
Par conséquent, le M5-RFP Mali Kura ‘’apporte tout son soutien à ce journaliste au professionnalisme reconnu de tous et invite la HAC à renoncer à cette procédure disciplinaire’’.
En revanche, le M5-RFP Mali Kura a appelé la HAC à se saisir des manquements avérés à ladite loi qui font légion dans notre pays afin d’assurer une régulation efficace de l’exercice du métier de journaliste nécessaire pour la consolidation de notre système démocratique.
Dans un communiqué, la rédaction de Joliba TV News a remercié la mobilisation générale, la levée de boucliers des médias, des faîtières de la presse, des organisations patronales, des associations de défense des droits de l’homme, au niveau national et international, sans oublier bien entendu les responsables politiques, les leaders d’opinion, les citoyens…
« Nous tenons à affirmer que notre intention chez Joliba TV News est de fournir une information juste et équilibrée, et nous ne nous sommes jamais inscrits dans une logique de fragilisation des autorités de la transition, encore moins de la HAC avec qui nous ne souhaitons pas engager un perpétuel bras de fer. En effet, elle reste l’autorité de régulation. Nous tenons compte de ses avis, et il est important de continuer à travailler ensemble afin de créer un environnement propice à la liberté et au renforcement des acquis démocratiques, dont la liberté d’expression, obtenue au prix du sang », a expliqué la rédaction de Joliba TV News, qui se donne comme mission de faire en sorte que toutes les voix soient entendues sans craindre une censure de quelque bord que ce soit.
« Lors de notre audition à la Haute Autorité de la communication le lundi 17 octobre 2022, nous avons rappelé ces principes et les représentants de la HAC ont pour leur part, affirmé qu’ils ont une mission d’accompagnement et qu’en aucun cas, ils n’étaient un tribunal pour juger les médias », souligne le communiqué de la rédaction de Joliba TV News.
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info-Matin