Jamais les Forces Armées du Mali n’ont été accusées gravement comme dans ce récent rapport de la structure des droits de l’Homme de la Minusma.
D’après ce rapport, c’est près de 500 civils qui auraient été massacrés par les FAMa au village de Moura dans la Région de Mopti en Mars 2022. Une telle accusation aussi grave mérite des éclaircissements. Dans cette optique, des experts maliens sur les questions des Droits de l’Homme ont réagi. Tel l’ancien Garde des Sceaux du Mali, Me Malick Coulibaly, qui a décidé de briser le silence en se prononçant sur ce Rapport de la MINUSMA à travers un post.
Dans son post, le Ministre Coulibaly précise que c’est avec une légitime fierté, qu’il constate, qu’il salue, soutient et encourage la renaissance indéniable de l’armée malienne. « Nos militaires ont toujours honoré leur serment, malgré les contraintes majeures. Ils ont payé et continuent de payer le prix ultime du sacrifice pour la Nation depuis de longues années en raison de la crise meurtrière qui frappe notre pays », a-t-il souligné. Et de s’incliner respectueusement devant la mémoire de nos soldats tombés au champ d’honneur, de souhaiter un prompt rétablissement aux blessés et de louer grandement le sacrifice de ceux qui sont engagés sur le front pour la sécurité des Maliens et la sauvegarde de la patrie. « Mon soutien envers notre Armée est sans équivoque, surtout à un moment où un rapport onusien lui porte de graves accusations »,a-t-il précisé.
Selon Me Coulibaly, en tant que citoyen malien soucieux de justice, la lecture du rapport des Nations Unies sur les événements à Moura est, selon lui, très troublante et la gravité des faits mentionnés dans le rapport exige leur attention. Et de poursuivre qu’en tant qu’apprenti technicien des droits humains et familier avec la méthodologie des rapports des Nations Unies, qu’il invite ses concitoyens à la vigilance et demande que la vérité soit rétablie.
« Bien entendu, il convient de reconnaitre, les rapports internationaux ne sont pas toujours irréprochables. Malheureusement, l’histoire nous a souvent montré que les faits peuvent être manipulés pour servir des intérêts divers », a-t- il indiqué. Et de souligner qu’il est important de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Donc pour lui les simples dénégations ne constituent pas une option face à la gravité des allégations. « Il est de notre devoir, en tant que Nation, de chercher la vérité et de demander que justice soit rendue », a-t-il ajouté.
En sa qualité d’ancien Magistrat, ministre de la Justice, Garde des Sceaux du Mali, il estime qu’il est de la responsabilité du gouvernement de mener à bien les enquêtes en cours et de garantir leur transparence. Et d’ajouter que même si l’on considère le rapport onusien comme étant partial, on devrait inciter à mener des enquêtes crédibles par le biais du pôle judiciaire spécialisé, dont la compétence a été élargie pour inclure les faits allégués. « La raison est toute simple : personne ne devrait être plus soucieux du bien-être et de la protection des Maliens que l’Etat malien », a-t-il souligné.
Pour lui, les études démontrent que les exactions commises contre les populations civiles les poussent à rejoindre les rangs des terroristes. Et cela, d’après lui, est illustré par l’enracinement de la crise, qui devient un cycle infernal d’allégations d’atrocités et d’attaques sans fin. Et d’ajouter qu’afin de briser ce cycle, il est important d’établir la justice et de mettre fin à l’impunité et qu’il ne peut y avoir de paix durable si les populations civiles n’ont pas confiance aux forces de sécurité.
Selon lui, le véritable patriotisme exige que nous défendions nos institutions, que nous protégions la vie humaine et que nous recherchions la vérité quelles que soient les circonstances. Et de continuer que seul cet engagement envers la justice et la transparence peut garantir une paix durable. « La nécessité d’une enquête indépendante n’est donc pas une option, mais une obligation morale et patriotique », a ajouté le Ministre Coulibaly.
Adama Tounkara