En 2016, la Cour pénale internationale a condamné Ahmad Al Faqi Al Mahdi à neuf ans de prison, reconnaissant ainsi pour la première fois la destruction de biens culturels comme étant un crime de guerre.
Sa condamnation avait marqué un tournant. En 2016, Ahmad Al Faqi Al Mahdi a été condamné à neuf ans de prison par la Cour pénale internationale (CPI). Ses méfaits ? La destruction à coups de pioche, de houe et de burin, de neuf mausolées de Tombouctou.
De ce crime de guerre, le premier portant sur des œuvres culturelles a être reconnu comme tel par la CPI, Ahmad Al Faqi Al Mahdi en tire aujourd’hui « des remords » de la « tristesse ». Il demande ce mardi à être libéré, affirmant être devenu un autre homme en détention.
« Je suis ici devant vous aujourd’hui pour exprimer à vous et à l’ensemble du monde mes regrets pour tous les crimes que j’ai commis par le passé et tous les dégâts qui ont résulté de ces crimes », a-t-il déclaré devant les juges.
Né vers 1975, M. Al Mahdi était un membre d’Ansar Dine, l’un des groupes djihadistes liés à Al-Qaïda qui ont contrôlé le nord du Mali pendant environ dix mois en 2012, avant d’être en grande partie chassés par une intervention internationale déclenchée en janvier 2013 par la France.
« Il a avoué de façon très, très franche et a exprimé des remords profonds. Il a demandé aux victimes de lui pardonner. Il n’est plus le même homme que quand il est arrivé à La Haye », a-t-il ajouté.
En 2016, Ahmad Al Faqi Al Mahdi avait dirigé intentionnellement des attaques contre la porte de la mosquée Sidi Yahia et neuf des mausolées de Tombouctou (nord du Mali), classés au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
Le Mali et l’humanité privée d’un morceau de son histoire
La CPI a évalué le montant des dégâts provoqués par M. Al Mahdi à 2,7 millions d’euros. À l’époque, cette condamnation a beaucoup fait parler car d’ordinaire la CPI juge des massacres, des « crimes de sang ». Dans l’affaire Al Mahdi, aucun cadavre, mais du patrimoine réduit à néant et le Mali et l’humanité privée d’un morceau de son histoire.
Quelques mois après cette peine historique, en mars 2017, le Conseil de sécurité de l’ONU a fait voter une résolution visant à renforcer les moyens de défense des sites menacés dans les zones de conflit. . « La destruction délibérée du patrimoine est un crime de guerre », reconnaît alors la directrice générale de l’ONU, Irina Bokova.
L’ancien chef de la Hisbah, la brigade islamique des mœurs, assure qu’il s’est « entièrement dissocié du monde du crime et qu’il n’y reviendra jamais ». Il demande aux juges d’accepter sa demande de libération anticipée, trois ans avant la fin de sa peine.
L’accusation favorable à une réduction de peine
« M. Al Mahdi a passé six années en détention et pendant ces six années, il est devenu une bien meilleure personne », a soulevé son avocat, Mohamed Aouini.
L’accusation a indiqué qu’elle était favorable à une réduction de peine. « Il ne s’agit plus tellement de juger un homme sur des faits passés, mais de jauger un homme en se tournant vers l’avenir et l’impact qu’une réduction de peine pourrait avoir sur la société, des hommes et des femmes, ou que ce soit », a-t-elle déclaré.
Source: leparisien