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Mali: Le Directeur national des routes à cœur ouvert : Dans un pays continental comme le nôtre, il est évident que la route précède le développement et non le contraire

Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, le Directeur national des routes, Mamadou Naman Keita, chevalier du mérite l’ordre National du Mali passe en revue les éléments de la politique nationale dans le domaine des routes et des ouvrages d’art. Il revient sur les missions de sa structure. Décryptage !
SIRENE : Qui est Mamadou N Keita pour les lecteurs ?


MNK : Je suis un fils du Mandé, né en République du Sénégal. Après mes études secondaires au lycée prospère Camara de Hamdallaye ou j’ai obtenu mon baccalauréat, je fus orienté à l’école nationale d’ingénieurs « Abdramane Baba Touré »promotion 1989-1993. Diplômé ingénieur de conception en 1993 option Travaux Publics, un an après j’ai travaillé au sein d’un important bureau d’ingénierie et d’ entreprises sur un programme du PNUD basé à Mopti, ensuite j’ai rejoint les équipes du cabinet d’architecture ‘’Modulor’’ pour la réalisation du « centre d’entrainement pour sportifs d’Elite de Kabala »et parallèlement, j’offrais des prestations de consultance en qualité d’expert indépendant jusqu’en 2000 où j’intègre la fonction publique de l’état Suite à un concours direct et je me retrouve à la direction nationale des travaux publics,(actuel direction nationale des routes). En véritable parcours du combattant j’ai gravi les échelons de fonctionnaire stagiaire, agent de terrain, chef section intérimaire, puis titulaire, chef de division intérimaire ensuite, chef de division, directeur national adjoint intérimaire, puis directeur national depuis avril 2015.
Sirène : Quelles sont les missions assignées à la direction nationale des routes ?
MNK :La direction nationale des routes a pour missions essentielles, d’élaborer les éléments de la politique nationale dans le domaine des routes et des ouvrages d’art et d’assurer la coordination et le contrôle de l’activité des services et organismes publics et privés qui concourent à la mise en œuvre de cette politique conformément a la loi n°05-041 du 16 décembre 2002 portant sa création, mais nous avons aussi le devoir en tant qu’autorité en charge des infrastructures d’accompagner les entreprises locales évoluant dans le secteur qui respectent les normes, afin qu’elles puissent prendre part aux DAO (dossier d’appel d’offre) de façon individuelle ou en groupement (GIE) en même temps que les multinationales.
SIRENE : Un mot sur le programme d’aménagement d’infrastructures routières structurantes PAIRS, tiré du programme d’urgence social du président IBK
Ce programmes concerne 05 projets qui sont au cœur de l’action gouvernementale et le président accorde du prix à leur réalisation, d’où son implication personnelle auprès de la BOAD pour accompagner le Mali à concrétiser lesdits programmes .Ce sont entre autres l’aménagement en 2 fois 2 voies de l’axe Bamako-Koulikoro et la construction du pont de KAYO à Koulikoro, ainsi que le bitumage de ses voies de liaison a la RN6 en cours, la construction du pont de Kouoro barrage à Sikasso, et l’aménagement de 10 km de voiries urbaines, la construction de l’échangeur à Ségou, la construction et le bitumage de 7km à Ségou Rond-Point Markala route de Bla, et les 10 Km de voirie urbaine de la ville de Ségou, ces réalisations ont coûté une enveloppe financière de plus 300 milliards au trésor public malien, directement soutenu à hauteur de 95% par ce dernier.
Sirène : Parmi ces ouvrages, vous avez cité l’échangeur de la ville de Ségou que représente de tel projet à votre avis ?
Au-delà du nouveau look que l’échangeur offre à la ville, ce sont plusieurs secteurs qui seront touchés, en premier lieu la fluidité de la circulation qui va déboucher sur une réduction nette des accidents de la route, l’accessibilité des services et des marchés et une économie du temps sur la distance. Au plan sanitaire, c’est aussi un moyen de lutte contre les infections pulmonaires et les maladies diarrhéiques dues à l’abondance de la poussière et la fréquence des eaux usées qui étaient bloquées par manque de caniveaux leur permettant d’être évacuées aussitôt après les pluies. Un autre aspect le plus perceptif ,qui est d’ailleurs une priorité de nos autorités , est que le secteur crée plus d’emplois et cet élément est pris en compte dans le cahier de charge entre le département et toutes les entreprises qui exécutent des travaux sur ces ouvrages, à savoir les travaux de l’échangeur et la construction des 7km voies bitumées ont suscité non seulement des emplois à l’endroit d’une jeunesse qui était en déperdition et exposée à l’aventure clandestine, mais aussi de la formation, ainsi ce sont 1500 ouvriers maliens qui travaillaient permanemment sur les lieux, de 150 cadres (ingénieurs et techniciens) dont 25 expatriés, nombreux sont ces jeunes qui ont appris des métiers comme ( la maçonnerie, la peinture, la plomberie, la menuiserie métallique, http://bamada.net le coffrage, la conduite des engins lourds) pour ne citer que ceux-ci. Les entreprises locales organisées en GIE ont trouvé leur compte car plus d’une centaine étaient en contrat de prestation et avec des revenues systématiquement déversé dans l’économie locale, pendant tout le temps qu’a pris le projet des activités génératrices de revenus étaient développées par les groupements et associations de femmes restauratrices , les vendeuses ambulantes de produits alimentaires, ce qui a diminuer de façon considérable le chômage au niveau du genre .
Sirène : Pourquoi soutenez-vous que « la route précède le développement »
La route reste le bien être, car elle est de facto l’outil de base qui permettra le déclenchement vers l’émergence à l’image des puissances comme le japon, les USA, le Qatar et le canada. Quelque soit le projet de développement à réaliser en terme d’infrastructures sanitaires, routières, touristiques ou culturelles, d’études ou de recherches scientifiques, l’implantation et l’exploitation d’une mine aurifère, il faut au préalable construire des routes afin de se mouvoir, en construisant ces routes et les doter également de système d’éclairage public. On construit aussi le petit commerce, favorise l’organisation des rues marchandes et les cérémonies culturelles et artistiques des jeunes. C’est un moyen par lequel les populations bénéficiaires auront confiance au projet et adhèrent ainsi à toute initiative visant à améliorer leur condition de vie.
Sirène : qu’est ce qu’il faut savoir sur la passation d’un marché relevant de votre département, surtout que certains pensent que nos routes coûtent chères?
A l’instar de toutes les administrations il y a des préalables qu’il faut savoir, aussi bien du côté de l’autorité contractante que du côté des entreprises. Il y a le code de procédures des marchés publics qui régit l’ensemble du système, il est important de le connaitre. Plusieurs étapes sont à franchir avant de conclure un marché. D’abord l’étape de la préparation des termes de référence et du dossier d’appel d’offre qui relève des techniciens du département, ensuite la recherche de financement, une compétence du gouvernement , la procédure de lancement du marché , l’annonce dans les journaux, la réception des dossiers ,l’ouverture des plis et l’attribution du marché ,cela nécessite l’implication de plusieurs services administratifs en occurrence ( le maitre d’ouvrage ,l’entité porteuse du besoin, la DGMP ,la direction générale des marché publique ,le CF, contrôle financier, le ministère des finances représenté par le budget, les marchés sont ouverts à toutes les entreprises nationales remplissant les critères .Notre rôle à la DNR est d’identifier et planifier les besoins ,élaborer et préparer la réalisation des projets et enfin la décision de financement revient aux politiques. Au regard de tout ce qui précède en terme d’avantages sociaux économiques qui découlent de la réalisation je rejoins sans risque de se tromper ceux qui pensent que la route comme la santé n’a pas de prix, c’est par la route que les femmes apportent de l’eau ,les paysans acheminent leurs produits agricoles sur les marchés, les enfants partent à l’école ,c est aussi la route qui permet d’évacuer des patients vers les hôpitaux, de sauver des vies humaines en cas d’incendie, ou de pourchasser des bandits armés .
SIRENE : Avec votre expérience de plus de 18 ans consacré au compte de la DNR avec une étiquette collée du meilleur ingénieur, quelles sont les difficultés rencontrées et les temps forts vécus par vous ?
Rire …..C’est vrai que je suis à plus de la moitié de ma carrière professionnelle à la DNR, me référant à ces temps passés au sein de la structure et à divers postes. Pour les difficultés, en réalité on ne s’en rend pas compte peut être mais même boire de l’eau comporte des difficultés. Bref je veux dire, les difficultés sont inhérentes à l’existence humaine même, il faut seulement savoir disposer des artifices nécessaires pour les surmonter. Je vous rappelle que je suis un scientifique, et en science il n’y a pas de problème sans solution, ceci m’inspire très fortement. Pour l’étiquette et la qualité d’un des meilleurs ingénieurs du Mali, vous savez tout jugement sur une personne mérite que ça vienne d’autrui. Une chose est sûre, le passage sur tous les fronts, privés, organismes internationaux, auto emploi, nous offre forcément des expériences particulières, mais qu’il faut savoir capitaliser quand même. Tout ça m’inspire par ailleurs œuvre encore plus pour apporter une plus grande contribution aux actions de développement local et de notre pays, ce qui m’a poussé à créer, entre autres activités compatibles avec mon statut, par exemple avec d’autres jeunes dynamiques l’ONG ‘’ASSO’’ que je préside toujours et qui intervient dans le domaine du développement local, l’éducation, la culture, l’assainissement et l’assistance des populations vulnérables.
Vous savez, l’avenir de l’humanité c’est l’Afrique et ceci n’est pas un vain mot. Il appartient à la jeunesse africaine en général et malienne en particulier de saisir de cette opportunité. J’ai fait une comparaison entre les jeunesses chinoises et maliennes par exemple en ce qui concerne l’exploitation des réseaux sociaux et c’est vérifiable, il en sort ceci : Pendant que la jeunesse chinoise déploie tout son temps, Energie et argent dans l’exploitation des réseaux sociaux pour les recherches de solutions au bénéficie du développement, individuel et collectif, la jeunesse africaine emploie son temps, énergie et argent dans l’exploitation des réseaux sociaux pour les pires choix que nous voyons aujourd’hui. Moi j’appelle donc cette jeunesse à un éveil citoyen et à croire en ses capacités qu’il est temps qu’elle exploite positivement, il n’y rien d’autre de sorcier.
SIRENE : Est ce qu’une entreprise étrangère peut postuler à un DAO au Mali ??
DN : Vous n’ êtes pas sans savoir que le Mali est membre des organisations comme la CEDEAO et l’UEMOA et a ratifié un certain nombre de convention qui donne droit à toute entreprise membre de 16 pays de l’espace de prendre librement part aux marchés de l’espace, pourvu que celles-ci remplissent les critères et formalités comme (le nif, la domiciliation de son compte dans une banque de la place, l’ouverture d’un bureau pays, la création d’emploi, et la règlementation vis-à-vis des documents fiscaux, c’est pourquoi d’ailleurs vous trouverez des sociétés maliennes en Guinée ou en Cote- d’ivoire, ou encore des sociétés burkinabés ou Togolaises au Mali, au Niger vis-versa …. comme dans d’autres secteurs comme le commerce, les mines, l’industrie, l’hôtellerie ou n’importe quel domaine .
Sirène : vous venez de recevoir une distinction honorifique de la part du président de la république, quel sentiment vous anime ??
DN Un sentiment de joie comme vous le constatez sur les visages, tout à l’heure dans l’enceinte du département à travers la cérémonie présidée par Mme le ministre. Reconnaitre les efforts de toute personne qui œuvre au quotidien pour la nation est un acte motivant, dont le résultat et les détails seront répercutés sur nos tâches quotidiennes, c’est le départ d’un nouveau challenge. Je dédie cette distinction à tous mes collaborateurs, mais également à ma famille.
SIRENE : un dernier mot ?
Mes remerciements vont à l’endroit du Président de la République, 1er artisan du désenclavement du Mali, notre Ministre Mme Traoré Zeinabou Diop pour sa confiance placée à mon égard sans relâche, son assistance et ses efforts consentis pour améliorer davantage les conditions de travail des agents de la DNR, le peuple Malien pour sa reconnaissance, l’ensemble de ma famille professionnelle, je veux parler de mes proches collaborateurs et la presse malienne qui joue un rôle essentiel dans l’atteinte des objectifs recherchés.

Interview réalisée par A Touré LA SIRENE

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