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Mali : la sécurité, les salaires des fonctionnaires et les intérêts monopolisent 80% des recettes budgétaires (FMI)

 D’après le FMI, la hausse des dépenses de sécurité a contribué à creuser le déficit budgétaire du Mali dans un contexte de difficulté de mobilisation des financements. Bien que l’économie se soit montrée résiliente, cette situation pourrait impacter les dépenses sociales et de soutien à la croissance.

Au Mali, 80% des recettes budgétaires sont consacrées aux dépenses de sécurité, de salaires des fonctionnaires et de paiement des intérêts. C’est ce que révèle le Fonds monétaire international (FMI) dans un communiqué publié vendredi 24 mars.

Cette situation reflète l’impact de la situation politico-sécuritaire du pays sur des finances publiques également soumises à de nombreuses pressions extérieures.

Faut-il le rappeler, le pays fait face depuis plusieurs années à une crise terroriste qui a fait perdre à l’Etat le contrôle d’une partie de son territoire et qui continue d’entraîner la mort de nombreuses populations. Cette crise sécuritaire a entraîné l’arrivée au pouvoir des militaires dirigés par l’actuel président Assimi Goïta, qui a décidé de consacrer l’essentiel des ressources du gouvernement à la résolution de la crise sécuritaire dans un contexte où les sanctions régionales et internationales ont affaibli la capacité de Bamako à mobiliser des financements supplémentaires.

« Le déficit budgétaire de l’Etat, qui se situe juste en dessous de 5% du PIB en 2022, reflète une augmentation rapide des dépenses de sécurité, des salaires de la fonction publique et de la facture des intérêts. Conjointement, ces postes consomment près de 80% des recettes budgétaires et risquent d’évincer les dépenses favorables à la croissance, notamment dans les domaines de la protection sociale et des investissements », précise le Fonds. « L’absence d’appui budgétaire extérieur, conjuguée au durcissement des conditions de financement dû au resserrement de la politique monétaire mondiale, a entraîné une augmentation du coût du financement. Les sources de financement, quant à elles, s’amenuisent », ajoute-t-il, avec un impact important sur les réserves budgétaires et extérieures.

Malgré ce contexte difficile et les multiples chocs internationaux qui l’ont frappé depuis 2020, l’économie malienne s’est quand même montrée résiliente. D’après le FMI, la croissance économique du pays a été supérieure à 3% en 2021 et à 3,7% en 2022. De plus, les perspectives à court terme restent positives, avec une croissance du PIB réel attendue à plus de 5% en 2023 et 2024. Celle-ci devrait être soutenue par une robuste production agricole et aurifère, malgré la persistance des risques baissiers liés à la sécurité, aux retards potentiels dans les élections de 2024, à la volatilité des prix internationaux des matières premières, le resserrement des conditions financières mondiales et les risques liés au climat.

Pour améliorer la situation budgétaire et soutenir la croissance, le Fonds appelle Bamako à renforcer la mobilisation des recettes intérieures tout en supprimant les exonérations fiscales et en restreignant l’augmentation de la masse salariale du secteur public. A cela devront s’ajouter le renforcement de la gouvernance et l’intensification de la lutte contre la corruption ainsi que la mise en place de politiques de lutte contre le changement climatique et des réformes des secteurs de l’éducation et de la santé.

Moutiou Adjibi Nourou

Source : agenceecofin

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