Habité par plus de 300 familles, Farabougou est un village sis dans la commune de Dogofry (région de Ségou). La localité vivant dans l’insécurité chronique depuis 2020 se trouve au cœur d’une polémique relative à sa libération des mains des terroristes. Des sources locales démentent la libération du village, alors que d’autres confirment la donne en félicitant les militaires pour leur bravoure.
Depuis quelques jours, les Maliens sont informés par des personnes confirmant la libération de Farabougou, ce village coupé du monde par des terroristes. En l’occurrence, tout est parti de la diffusion d’une vidéo ayant fait le tour des réseaux sociaux, le dimanche 6 février 2022. Une vidéo dans laquelle les populations du village manifestent leur allégresse, pour avoir reçu des vivres. Ce sont les militaires du pays qui venaient d’entrer dans le village, pour remettre des vivres aux habitants coupés du reste du monde, par les ennemis de la quiétude. Interrogé sur la question, un responsable de la commune de Dogofry a voulu édifier le public. Vivant au cœur de la réalité sur le terrain, le 1er responsable de la commune a annoncé que Farabougou est un village sis dans la commune de Dogofry. « Il est habité par plus de 300 familles. La nouvelle concernant la libération de Farabougou est fausse. Ici à Farabougou, la toute première attaque qui a eu lieu date du 6 octobre 2020.A cette occasion, l’unique voie principale qu’utilisent les habitants pour leurs déplacements a été abimée par les terroristes. Cet axe reste impraticable à présent », indique l’autorité dont nous tairons le nom pour des raisons de sécurité. D’après elle, les militaires sont certes présents à Farabougou, mais les terroristes se trouvent dans la zone. « Les militaires ont apporté ces vivres en empruntant l’axe passant par le village de Sogolo pour pouvoir arriver à Farabougou », explique-t-il.
M. Coulibaly est l’un des leaders des chasseurs « dozo » à Farabougou. Appelé par nos soins, ce dernier a également démenti la libération du village. A ses dires, cela faisait des mois que les vivres destinés à être servis aux habitants demeuraient stockés à Diabaly et à Dogofry (deux autres localités du pays), à cause des terroristes qui bloquent l’accès du village. « C’est tout récemment que le colonel Assimi Goita, président de la transition a instruit aux militaires de faire tout pour apporter ces vivres. C’est pour cette raison que les militaires les ont apporté le dimanche, 6 février », soutient-il. Ces vivres comportent 4 tonnes de riz, 4 tonnes de mils, en plus des deux véhicules qui contiennent des vivres achetés par certains villageois, mais qui étaient toujours bloqués à Diabaly (une autre localité), explique le chasseur. Cet homme connu de tous les habitants confis que les terroristes sont présents à Farabougou et alentours. « Ils vivent actuellement dans une localité appelée Seydouwèrè.Ils se trouvent à Sikidiankô, tout comme à Dokofili, à Aliwèrè et bien d’autres localités », Annonce le leader du secteur qui soutient : « Je ne dirais pas que les militaires ne sont pas en train de travailler, mais la présence des terroristes fait que les gens continuent de subir les mêmes restrictions de mouvements ou de déplacements qui ont toujours existé à Farabougou et environs ». Et de préciser : « Ceux qui ont parlé de la libération n’ont pas la bonne information. Dans la nuit du lundi au mardi, mes hommes (chasseurs) et les terroristes se sont croisés, au cours de la patrouille. Ces terroristes font la patrouille durant la nuit. Ils rencontrent mes hommes sur le terrain », a évoqué le responsable qui maintient que les militaires déployés sur le terrain savent ce qui se passe, même s’ils parviennent à donner de l’assurance aux habitants, avec leur présence. De polémiques se passent au sujet de Farabougou. Parce que d’autres sources soutiennent déjà que le village n’est plus sous les mains des terroristes. Il y en a qui confirment que la localité a été libérée par les militaires maliens. De son côté, le parti PARENA de Tiebile Drame a fait un communiqué pour saluer l’entrée des FAMa à Farabougou. « Ce village martyr était coupé par des combattants djihadistes qui ont défié l’autorité de l’Etat et celle des FAMa, pendant plus d’une année », lit-on dans le communiqué. « Farabougou était devenu le symbole vivant de notre impuissance et de l’humiliation nationale », précise-t-on avant de préciser : « L’entrée des FAMa à Farabougou est un signe d’espoir, la preuve de la progression et de la montée en puissance des Forces de défense et sécurité maliennes dans leur lutte contre les forces de l’obscurantisme qui empêchaient nos populations de mener les activités d’épanouissement de leurs localités ».
Mamadou Diarra
Source: LE PAYS