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Lutte contre l’insécurité alimentaire: sur les traces du warrantage

Au Mali, l’insécurité alimentaire est devenue un problème national, non seulement à cause du changement climatique, mais aussi de la mauvaise gouvernance et de la crise sécuritaire. Malgré les programmes et projets de développement nationaux appuyés par les partenaires techniques et financiers, la situation ne s’améliore guère. Parmi ces programmes, le warrantage est vu comme un remède plus efficace contre l’insécurité alimentaire et la vie chère en milieu rural aussi bien qu’urbains. Nous avons rencontré des acteurs de ce mécanisme qui donnent leur appréciation de l’initiative en voie d’abandon.    

 

 

Le warrantage consistait à accorder aux producteurs un prêt garanti par la mise en stock d’une partie de leur production, dont la valeur est susceptible d’augmenter sous quelques mois, notamment pendant la période de soudure.

La certitude des

experts !

Selon Aliou TRAORE, planificateur et expert en lutte contre la pauvreté non moins Vice-Président du Front populaire contre la vie chère, le crédit warrantage, aussi appelé crédit stockage ou crédit warranté, est un système de crédit rural. Il consiste, pour une organisation paysanne (OP) et/ou ses membres producteurs, à contracter un prêt en mettant en garantie une partie de leur production (de mil, sorgho, riz, maïs, arachide, etc.). La valeur des produits placés en garanti, poursuit M. TRAORE, est susceptible d’augmenter.

Aliou TRAORE précise : « les systèmes de warrantage ont deux objectifs principaux : éviter aux petits producteurs de vendre tout leur stock juste après la récolte, mais plutôt leur permettre de mettre en garantie cette production en attendant la période de soudure, à travers un accès au crédit ».

Selon l’expert planificateur, le Warrantage est non seulement un moyen d’assurer la sécurité alimentaire, mais également de lutter efficacement contre la pauvreté.

« Il facilite l’inclusion financière et augmente le taux de bancarisation, surtout en milieu rural. En effet, à partir du moment où le paysan a accès au crédit bancaire, cela veut dire qu’il dispose d’un compte bancaire. Ainsi, le warrantage permettra au niveau national : d’augmenter le taux de bancarisation en impliquant fortement le mode rural dans le système monétaire normalisé, la sauvegarde du pouvoir d’achat au niveau rural et urbain, l’amélioration des revenus en milieu rural, le taux d’épargne et le niveau d’investissement au plan national.  C’est donc toute une chaine de l’économie qui reçoit l’effet multiplicateur du warrantage », a-t-il insisté.

Le warrantage n’est pas une opération mécanique, mais plutôt une initiative qui a des effets induits sur tous les aspects de l’économie, est convaincu M. TRAORE. « D’abord, pour le bien être du paysan, la sécurité alimentaire, le taux de bancarisation, l’inclusion financière, le taux d’épargne et le niveau global des investissements nationaux et enfin le renforcement de la lutte contre la pauvreté », énumère-t-il.

Une expérience à tenter de nouveau !

« C’est le terme Warrantage qui est utilisé, au niveau des organisations, où on utilisait plutôt la terminologie système collectif de mise en marché. Puisque nous donnions des moyens aux producteurs agricoles via les organisations paysannes. Nous, dans nos activités, on insistait sur le fait de sécuriser les paysans eux-mêmes. De notre expérience acquise de nombreuses années, nous avons fait le constat que c’est les producteurs eux-mêmes qui bradent leurs récoltes et après, ils partent payer les céréales pendant la période de soudure, à des prix exorbitants. En assurant la sécurité alimentaire des populations, les paysans eux-mêmes s’exposent à l’insécurité alimentaires », a fait constater Ali Koné, vulgarisateur de programme, dans les zones de Sikasso et Ségou,

Il a ainsi indiqué que l’objectif du programme était de permettre aux producteurs d’avoir un prix rémunérateur. « Car on veut que les prix soient abordables, mais si les prix reviennent trop bas, l’agriculteur ne peut pas se développer, et sera toujours incapable de satisfaire à  notre besoin de ravitaillement en céréales », a-t-il martelé, avant de se réjouir que l’appui avait un impact connexe. En effet, ledit programme aidait les paysans à avoir un prix rémunérateur. Or, sans ce programme, les producteurs sont obligés de brader leurs récoltes, 150 FCFA pour le mil et le riz à CFA 200 F. Et cela, précise-t-il, était valable sur toute l’étendue du Mali, même avec le riz ‘’Gambiaka’’ dans la zone office du Niger, nous a confié M. KONE.

Dans ces conditions, déplore Ali Koné, « les producteurs vendaient et n’arrivaient même pas à couvrir leurs dépenses. Pour éviter cela, dans nos zones d’intervention, nous les accompagnions, en fixant un prix de session du riz dans la zone office du Niger et à Sikasso. Suite à une étude, nous nous sommes rendu compte que le mécanisme profitait mieux aux producteurs non-membres qu’aux producteurs-membres. Le système a permis d’approvisionner le marché en produit pendant une longue durée, à l’époque.

Abderrahmane MARIKO, enseignant et producteur, qui a bénéficié du programme souhaite lui aussi sa pérennisation pour contrer la faim dans notre pays.

« Dans un contexte où l’endettement du monde paysan demeure le quotidien des petits producteurs, le crédit warrantage s’offre comme l’alternative à un meilleur accès des paysans aux services financiers. En plus d’être un outil de gestion, la trésorerie, le système warrantage peut-être également une meilleure prévention des risques agricoles. Je pense que le warrantage doit s’opérationnaliser dans notre pays à travers un dispositif légal et règlementaire à examiner et adopter respectivement par le Gouvernement et le Conseil national de transition (CNT) pour faciliter sa mise en œuvre. Et cette approche est une garantie pour que toutes les banques y adhèrent. C’est-à-dire que dès lors que quelqu’un détient un dépôt dans un magasin warranté, il peut tout de suite demander une avance au niveau d’une banque ou bien d’un micro crédit. Cette loi permettra de fixer les conditions d’exercice de warrantage et puis le décret d’application permettra de définir les critères de stockage et de conditionnement des céréales, suivant des méthodes de gestion scientifiques », propose M. MARIKO.

En tout état de cause, la stratégie de warrantage est une chance pour un pays pauvre comme le nôtre, qui a très peu de contrôle sur ses frontières.

Pour les experts du monde rural, au lieu de prendre un décret pour interdire les exportations, le warrantage, peut garantir un stock adapté aux besoins de nos populations. Ainsi, les producteurs agricoles ne sont pas « dessaisis » et gardent la confiance qu’ils toucheront leur argent en toute sécurité.  L’avantage est de maitriser notre commerce extérieur céréalier dans la sous-région CEDEAO.

PAR CHRISTELLE KONE

Source : Info-Matin

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