L’absence de coordination des activités dans la lutte contre la drogue, qui s’étend de la prévention à la répression, en passant par la prise en charge des usagers de drogue et de leurs droits, leur traitement et la réduction des risques, a amené les intervenants de la Société civile à reconnaître la nécessité d’avoir un cadre fonctionnel de concertation, en plus d’une politique nationale de lutte contre la drogue au Mali. Telles sont les deux grandes recommandations issues d’un atelier national organisé à Bamako les 23 et 24 décembre dernier à la Maison du Partenariat Bamako-Angers par l’association Paroles autour de la Santé, en collaboration avec l’Ong Osiwa et l’Office central des stupéfiants (Ocs).
En peu partout dans le monde, la répression a fini de convaincre de ses limites en matière de lutte contre l’usage et le trafic de drogues. Il est donc reconnu qu’une place importante doit être accordée à la prévention, mais aussi au traitement et à la prise en charge des usagers de drogue dans le respect de leurs droits, sans perdre de vue la nécessité de la mise en œuvre de stratégies de réduction des risques.
La lutte contre la drogue, c’est donc un ensemble de spécialités complémentaires qu’il faut savoir déployer pour espérer obtenir des résultats à hauteur de souhait. Raison pour laquelle, pendant que tout le monde se préparait à fêter la Nativité, les acteurs nationaux de la lutte contre la drogue étaient en train de réfléchir, aux côtés des services spécialisés de l’Etat, sur les meilleures possibilités de mise en commun des efforts, dans un cadre bien structuré, pour assurer la coordination des activités à l’instar de ce qui se fait pour la lutte contre le Vih/Sida, par exemple.
C’est pourquoi, l’une des recommandations fortes de cet atelier national tenu à Bamako, les 23 et 24 décembre 2019, c’est de permettre une jonction des efforts de tous les acteurs nationaux (de la Société civile comme ceux de l’Etat) dont les actions se complètent. Ce qui passe par l’élaboration d’une politique nationale de lutte contre la drogue, pour laquelle l’Etat est fortement interpellé.
Il a donc été décidé une mise en commun des efforts des intervenants de la Société civile engagés dans la création d’un cadre de concertation, lequel permettra de les identifier, notamment par rapport à leurs domaines respectifs d’intervention. C’est un premier grand pas vers la fin du grand bazar qui existe, et dans lequel les associations foisonnent, chacune se réclamant de la lutte contre la drogue, sans que l’on ne sache – pour la plupart d’entre elles – exactement qui fait quoi et où cela se passe-t-il.
Le haut niveau des débats de l’atelier des 23 et 24 décembre dernier et les recommandations auxquelles ont abouti les travaux prouvent à suffisance que de grandes avancées peuvent être obtenues si les différents acteurs se font confiance et acceptent d’échanger en toute sincérité sur cette question cruciale de la lutte contre la drogue dans toutes ses composantes. Point n’est besoin de s’égosiller pour faire comprendre que la lutte contre la drogue constitue à l’heure constitue, à côté de la lutte contre l’insécurité, une des grandes priorités du Mali.
Une bonne occasion de concertation entre les acteurs étatiques et ceux de la Société civile
En initiant cet atelier en collaboration avec l’Office central des stupéfiants (Ocs) et avec l’appui de l’Ong Osiwa, l’association Paroles autour de la Santé a pu ainsi créer une bonne occasion de concertation entre les acteurs étatiques et ceux de la Société civile. En effet, tous les services compétents de l’Etat étaient représentés à cet atelier qui a enregistré aussi la participation de médecins spécialistes de la question. Ils ont eu à faire part de leurs expériences au niveau des hôpitaux de Kati et du Point G. Du côté de la Société civile, en dehors d’organisations très connues comme Arcad-Sida et l’Association Kénédougou Solidarité (Aks) de Sikasso, il y avait d’autres moins bien connues, mais qui abattent pourtant un travail remarquable sur le terrain. Le Conseil national de la jeunesse (Cnj-Mali) était aussi représenté à ces travaux.
En tout cas, la balle est maintenant dans le camp du Gouvernement qui doit tout mettre en œuvre pour renforcer cette dynamique de concertation enclenchée, notamment en mettant en place des structures en mesure de rendre effective la coordination nationale des activités, sur la base d’une politique nationale de lutte contre la drogue qui tarde voir le jour bien que nécessaire.
Mais l’urgence, c’est de rendre fonctionnelle la Mission interministérielle de lutte contre la drogue qui a été créée et son Coordonnateur, nommé. Mais depuis lors, il n’y a rien de concret.
Amadou Bamba NIANG
Source: Aujourd’hui-Mali