La Refondation de l’Etat est une exigence du peuple malien exprimée massivement et elle est un moyen de sortir de cette spirale des coups d’état et des transitions démontrant qu’il y a un problème structurel indépendamment de la responsabilité des régimes qui se sont succédés. On apprend de ses erreurs, mais à un moment il faut aussi éviter de reproduire les mêmes erreurs sinon on ne peut que reproduire les mêmes effets.
Le premier acte de la Refondation de l’Etat doit être le projet de révision constitutionnelle et ce dernier doit s’inscrire dans un processus le plus large possible pour être légitimé par le peuple. Les autorités de la Transition avaient les clés en main pour répondre à cet agenda qui est celui du Mali, mais elles ont préféré s’inscrire dans des petits arrangements sans lendemain et de ce fait se sont exclues de cet agenda.
Le projet de révision constitutionnelle doit être un préalable à la relecture des Accords d’Alger et non l’inverse, autrement ça voudrait dire qu’on permet à une minorité d’imposer son agenda à une majorité et cela n’est pas acceptable dans une République.
Les questions posées par l’Accord d’Alger doivent s’appliquer aux autres régions du Mali au nom du principe d’unicité et d’indivisibilité de la République et pour cela il faudrait à minima les consulter.
Par ailleurs, les questions posées par la Refondation de l’Etat vont bien au-delà des questions posées par les Accords d’Alger et les réponses qui y seront apportées conditionneront les réponses à apporter à l’Accord d’Alger.
Arrêtons un peu d’insulter l’intelligence collective et faisons preuve de courage politique, de rigueur et mettons-nous au travail pour définir les contours de cette Refondation de l’Etat et d’un agenda malien.
C’était l’objet de la feuille de route de la Transition que j’avais proposée et qui avait suscité un intérêt remarqué et ce n’est pas parce que j’en suis l’auteur, mais c’est parce qu’elle résultait du bon sens.
Le calendrier de 18 mois était déjà très ambitieux et l’accumulation des erreurs des autorités de la Transition, en premier lieu les militaires qui n’ont pas pris leur responsabilité jusqu’au bout, réduit considérablement les marges de manœuvres pour les 12 mois restants.
Comme déjà évoqué, la priorité doit être désormais l’organisation d’un scrutin crédible qui donnera une légitimité aux nouvelles autorités pour exécuter cet agenda de la Refondation de l’Etat et du Mali.
Pour cela il faut pacifier le pays, faire face à la crise sanitaire et à ses connaissances économiques et sociales, revoir la question du fichier électoral ainsi que les modalités d’organisation des différents scrutins, puis revoir la charte des partis en termes de conditions d’exercice et de financement de façon plus transparente en plus de la gestion des affaires courantes de l’Etat ; sans oublier les dossiers judiciaires pour l’ensemble des crimes économiques et de sang qu’il devient urgent d’instruire de façon impartiale et dans le respect des droits de la défense si on veut créer les conditions d’une réconciliation nationale effective.
Parler de relecture des Accords d’Alger à ce stade relève d’une erreur stratégique qui aura des conséquences dramatiques pour l’avenir du Mali, à moins qu’il s’agisse de compromettre cet avenir. J’ai vraiment besoin de comprendre les motivations de cet empressement…
Zouber Sotbar
Source : INFO-MATIN