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Les défis de cyberespace

Dans le contexte de la propagande antirusse devenue déjà familière, même rituelle, on entend ces derniers temps au sein de la communauté d’experts américains des voix raisonnables. Digne d’attention est en particulier un article récent “Cette ligne directe peut prévenir une cyberguerre entre les Etats-Unis et la Russie” publié par le site “The Daily Beast”.

 

Il est peu probable que les professionnels qui sont au courant de cette histoire vont trouver quelques révélations dans cette publication. Mais l’important maintenant, c’est qu’on y reconnaît explicitement que l’absence d’un dialogue d’experts cadre du format des consultations approfondies. Nous avons eu des rencontres d’experts face à face où ils pouvaient directement discuter des questions émergentes.

Dans le cadre de la commission présidentielle russo-américaine on a même établi un groupe de travail bilatéral spécial de haut niveau. En ce qui concerne le travail même des lignes de permanence téléphonique, l’exemple le plus frappant était une demande présentée par le côté américain en automne 2016 lors de la campagne électorale présidentielle et liée aux préoccupations des États-Unis à propos d’accès non autorisé à leur infrastructure de messagerie électronique.

Nous avons, comme toujours, réagi rapidement, et nous avons eu un échange d’informations techniques pertinentes. Notre Centre national de coordination des incidents informatiques, qui est responsable de l’exploitation de cette ligne, a annoncé en décembre de l’année dernière qu’il était prêt à divulguer le contenu de cette correspondance si le côté américain n’avait rien contre. Nous avons transmis officiellement cette proposition à Washington par la voie diplomatique au début de cette année.

La réponse a été négative. Le représentant officiel du ministère des affaires étrangères de la Russie a donné une explication détaillée à cet égard au cours d’une de ses séances d’information en mars. La Russie n’a rien à craindre. En plus elle n’a rien à cacher. Nous sommes prêts à présenter cette correspondance à l’examen du grand public en Russie et aux ÉtatsUnis, des médias, des experts, et les laisser tirer leurs propres conclusions sur la situation réelle qui a eu lieu à l’époque.

Mais pour le moment nous ne pouvons pas divulguer cette information parce que la réaction du côté américain était négative. Son excuse consiste en “sensibilité” de ces matériaux. Il est difficile d’imaginer qu’ils contiennent quelque chose de plus sensible pour les Etats-Unis que pour la Russie. Au contraire, cette approche souligne la faiblesse de leurs positions, parce que la divulgation des faits largement connus rendra plus difficile la reproduction des accusations publiques de “la trace russe” dans l’interférence cybernétique.

Cependant, cette absurdité ne se termine pas là. Après le refus de la part des organismes gouvernementaux des États-Unis, nous avons décidé de nous adresser directement à l’opinion publique aux États-Unis, d’éclaircir la situation avec la ligne de permanence téléphonique présentant la position de Moscou, et nous avons suggéré au certain nombre des médias américains des plus populaires de publier un article. Nous leur avons dit: “Nous allons simplement rendre publique le “discours direct” et vous le commentez comme vous voulez. Si vous n’aimez pas nos propositions, si vous ne nous croyez pas – écrivez le directement et laissez les lecteurs juger”.

Mais c’est le côté émotionnel de la question et nous sommes plus sensibles à la pragmatique. Pour la deuxième fois je tombe d’accord avec mes collègues américains (Michael Daniel, Chris Painter, Luc Dembowski) dont l’opinion est cité dans l’article susmentionné: la simple existence des canaux de communication d’urgence ne suffit pas. Pour assurer leur fonctionnement efficace on a besoin d’un dialogue entre ceux qui sont chargés de leurs activités quotidiennes, on a besoin d’une discussion plus large sur les questions de sécurité internationale de l’information.

On entend souvent que Washington officiel parle du “manque de la confiance”. Je voudrais demander en réponse: “Et d’où peut on la prendre, si vous évitez constamment toute discussion sur ce point?” Après tout, nous avons offert à plusieurs reprises d’organiser des consultations bilatérales et chaque fois la réponse était négative. Parfois nous nous heurtons aux situations absurdes – il y a un an à Genève le côté américain a annulé une telle réunion quelques heures avant son début, en dépit du fait que la délégation avait déjà été mise en place.

On pense involontairement qu’une conversation face à face fait tellement peur à nos partenaires qu’ils préfèrent de transmettre leur mécontentement à l’aide des média. Mais cette question ne se trouve pas dans la zone de la politique de routine, de l’échange “de coups réciproques” ou de quelques facteurs subjectifs. Si les lignes de communication d’urgence soutenues par un dialogue d’experts feront du surplace pour des raisons politiques, il y a un risque d’engendrer une deuxième “crise des missiles cubains”, mais cette fois-ci il ne déclenchera pas d’ogives et sera provoqué par les technologies de l’information et de la communication et les événements se développeront en quelques minutes, laissant aux deux côtés désespérément peu de temps pour prendre des décisions. Il ne s’agit pas depuis longtemps déjà d’un scénario de film de science-fiction, il s’agit de notre réalité.

Je voudrais croire que l’on comprend cette situation aux États-Unis aussi bien qu’en Russie. Les opinions exprimées par des experts américains sur ce point laissent au moins y croire.

Nous essayons de suivre la même ligne dirigée vers la transparence, la démocratie, un dialogue constructif dans le cadre des relations avec les États-Unis concernant les sujets cybernétiques au sein des forums multilatéraux.

Comme on le sait, cette année on va voir apparaitre au sein des Nations Unies deux structures spécialisées chargées de la négociation sur les problèmes de sécurité de l’information internationale: un groupe de travail à composition non limitée (GTCNL) pour tous les États membres de l’Organisation et un groupe d’experts gouvernementaux (GEG).

Il est intéressant de noter que, bien que le premier sera créé à l’initiative de la Russie et le deuxième – officiellement à l’initiative des États‑Unis, mais en fait, les deux formats ont été initialement proposés et soutenus par la Russie, alors que les pays occidentaux prenaient ce travail au sein de l’ONU à la légère et l’ont critiqué à maintes reprises.

Quoi qu’il en soit, la réalité est que maintenant les deux groupes vont travailler en parallèle à l’ONU et il est important de décider quels principes ils vont suivre dans le cadre de leur coopération. La Russie comme chaque État membre est intéressée que le travail de ces groupes soit aligné de manière complémentaire, non conflictuelle, constructive et coopérative. Basés sur le bon sens nous proposons un régime “de partage des charges”.

Dans ce cadre le GTCNL devrait se concentrer sur les grands sujets politiques qui concernent la majorité des membres de la communauté internationale – les règles de comportement responsable des États dans l’espace d’information, les mesures de renforcement de la confiance dans ce domaine, l’assistance aux pays en développement, ainsi que la discussion du futur format même de négociation sur ce sujet (un comité permanent de l’Assemblée générale ou du Conseil de sécurité des Nations Unies ou tout autre format).

Le GGE, à son tour, pourrait s’occuper en priorité d’un sujet aussi important, mais plus spécialisé – des problèmes d’applicabilité du droit international existant à l’espace d’information. Le deuxième principe important de la “coexistence pacifique” des deux groupes consiste en harmonisation de leurs efforts. La discussion au sein de ces deux fora devrait être non politisée et pragmatique, et ses résultats devraient être complémentaires et libres de toute concurrence.

La description des responsabilités du GTCNL et du GGE témoigne qu’ils doivent soulever une énorme couche de problèmes et ce n’est possible que dans le cas où tous les participants seront guidés par un esprit constructif.

Je voudrais souligner que nous avons présenté aux américains en Novembre de l’année dernière un plan de ce genre – une sorte de programme d’action commune. Comme dans le passé, nous avons proposé de nous réunir pour discuter ces sujets. Comme dans le passé, nous n’avons reçu aucune réponse. Il nous reste très peu de temps pour lancer les deux structures. Il nous reste d’espérer que le bon sens de nos partenaires prévaudra et ils profiteront de cette “fenêtre d’opportunité” avant qu’elle ne ferme. De notre part nous sommes prêts au dialogue.

Source: Service de presse de l’Ambassade de Russie

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