Pour garder leurs maris sous leurs emprises, les femmes africaines, et particulièrement les Maliennes ont plusieurs tours dans leurs sacs. Le Woussoulan (encens) et le ‘’Baya’’ (perles à la hanche) sont des secrets bien gardés.
« Mon mari est excité quand il voit ou entend le son de mon Baya », confie Maïmouna Kanté, femme au foyer. Selon elle, le Baya a un pouvoir magique sur son mari qu’elle parvient à séduire permanemment. « Avant notre mariage, il m’avait confié qu’il aimait le son produit par ces perles. Que cela lui fait perdre ses moyens», ajoute-t-elle. Depuis, elle ne cherche pas loin. Elle exploite juste ce point faible de son mari pour le retenir à la maison.
Mariam Bakayoko, vendeuse de Baya confirme que les perles constituent un excitant irrésistible.
Elle explique que de nombreux hommes sont fous des femmes qui ont tendance à porter des perles à la hanche. Elle reçoit même des hommes mariés qui en achètent pour leurs femmes en guise de cadeau.
« Une femme sans perles à la hanche est un homme habillé en femme », pense Mariam. Elle estime aussi que toutes les femmes de tous âges doivent en porter, car les perles écartent naturellement les mauvais regards (gnaidioukou len kari).
Au grand marché de Bamako, des pavillons entiers sont réservés à des étalagistes qui exposent toutes les qualités de perles. Derrières ces étals, des jeunes filles, fils et aiguilles en mains, confectionnent des chaînes de perles. De façon adroite, elles multiplient les gestes qui s’enchainent, telles des machines. Des femmes déambulent entre les étals et apprécient les différentes couleurs et tailles des perles exposées. Nana, une jeune fille explique : « Il y a plusieurs sortes de perles: celles qui brillent, elles servent à envoyer un message la nuit à votre mari. Les perles qui font du bruit servent à exciter les hommes. Elles sont surnommées « bine-bine », et généralement, elles sont utilisées par les jeunes filles. Sinon, les perles pour femmes mariées sont appelées « konon horon ». Elles sont utilisées pour enflammer les nuits de noce. »
Nana soutient que cette pratique a de tout temps existé en Afrique et précisément au Mali. Elle fait partie des choses que les vielles apprennent à leurs filles et petites filles.
Dans l’art de séduire, les femmes ont une seconde arme fatale, le Woussoulan (encens). Le Woussoulan dispose d’un puissant pouvoir aphrodisiaque, selon Ténin Konaté, fabricante et vendeuse de Woussoulan depuis 20 ans.
Selon la professionnelle, sentir bon est recommandé même dans la religion musulmane. C’est là que l’encens entre en jeu.
L’encens est utilisé au Mali depuis des siècles par les femmes mariées afin de pimenter les relations intimes. Ténin explique qu’il y a plusieurs variétés d’encens avec des utilisations différentes: il y a ce que l’on appelle « le guéni blema », utilisé pour parfumer la maison, « le guéni fima », utilisé pour parfumer la jarre, « le mognokissaini », utilisé par les nouvelles mariées. Elle est supposée parfumer le corps, surtout la partie intime de la jeune mariée. « Le babi », utilisé comme boisson, humidifie la partie intime tout en la parfumant et aide le corps à ne pas transpirer. Le « gongon mougou » est utilisé pour parfumer les aisselles et les serviettes. Le « djekalani » et le « saraka danai » sont utilisés uniquement la nuit pour sentir bon tout au long de l’acte sexuel.
Elle ajoute que l’encens vient de Ségou, de Kayes, de la Mauritanie et de Dubaï. Les prix varient entre 2000FCFA et 15.000FCFA.
Ténin regrette le fait que les femmes ont tendance à abandonner l’encens au profit des parfums de luxe. « Les parfums sont faits pour les jeunes filles et les hommes », dit-elle. Toutes les femmes qui connaissent les valeurs et surtout l’histoire de l’encens n’hésiteraient pas à abandonner les parfums industriels au profit de l’encens.
Elle précise que seules les femmes mariées doivent utiliser l’encens, car une jeune fille qui l’utilise risque de ne point se marier, selon les croyances populaires.
Notre professionnel indique que l’encens est un puissant moyen de séduction. Elle sert, dit-elle, à consolider les liens du mariage, rend la femme désirable et permet à la femme de dominer son mari sur beaucoup de plans. Ténin pense que les femmes d’aujourd’hui ignorent tout cela, puisqu’au lieu de prendre soin de leurs intimités, elles préfèrent porter des bazins de marque Getzner, de l’or, des mèches de luxe ou rouler dans des voitures de luxe. Malgré toute cette beauté qu’elles exposent, leurs maris sont de plus en plus infidèles et certaines se font même chasser du domicile conjugal.
« Cela démontre que tout ce luxe ne définit pas une femme ; la beauté, c’est sous la jupe», dit-elle. Par contre, elle affirme que certaines femmes connaissent la valeur du Woussoulan. Ces femmes peuvent souvent faire des achats chez elle à hauteur de 150.000f, surtout les étrangères.
Sanata Goita
Source: Azalaï-Express