La hausse des recettes et l’augmentation de la masse à partager, la construction d’une cité PMU-Mali, les rapports de la direction générale avec le personnel, notamment le comité syndical, la situation des ristournes… sont, entre autres, sujets que des agents de cette entreprise ont accepté d’aborder avec nous après la sortie d’une organisation syndicale sur une station radio de la place. Selon nos interlocuteurs, l’actuel directeur général du PMU-Mali, Fassery Doumbia, auditeur de son état, est l’un des meilleurs responsables que le service a eus. Pour preuve, en 6 mois de management, la société a pu économiser plus d’un milliard de FCFA sur les dépenses et Fassery s’apprête à construire une cité de 100 logements pour les travailleurs.
La sortie médiatique d’agents prestataires du PMU-Mali sous la bannière syndicale, même si elle est passée inaperçue du côté du directeur général Fassery Doumbia et ses deux adjoints, a tout de même attiré l’attention de certains de leurs camarades et d’autres agents du service qui qualifient les propos diffusés sur les ondes de “contrevérités, loin de la réalité du service”. Pour nos interlocuteurs, les réformes engagées par l’actuel directeur général ont profondément changé les conditions de travail au sein de la société et les chiffres parlent.
Plus d’un milliard de FCFA de charges maîtrisées en 6 mois
“Lorsque l’actuel directeur a pris fonction, il a trouvé que notre organigramme de management était plat et devait être adapté aux besoins de la société ; en ce sens que le directeur général lui seul devait coordonner le travail de 11 autres directeurs. Dans les structures financières et celles manipulant beaucoup les espèces, compte tenu des risques inhérents à leur activité, cette méthode de travail est déconseillée. C’est pourquoi, il a nommé un second directeur général adjoint. Ce qui fait maintenant qu’il y a un directeur général adjoint technique et un directeur général adjoint chargé des opérations. D’ailleurs, presque dans toutes les banques et des agences du Système des Nations Unies comme le Pnud, l’Unicef il y a deux DGA”, souligne notre interlocuteur, ajoutant que dans le cas de la société Pmu-Mali, l’incidence financière de la nomination du second DGA n’est pas significative comme le font croire certains syndicalistes.
“C’est un directeur de département qui est monté en grade et l’incidence financière de cette nomination n’est rien, comparé à l’évolution du chiffre d’affaires qui ne cesse de grimper et les charges qui continuent de diminuer” a-t-il expliqué.
“En six mois d’exercice, il a pu réduire les charges de plus d’un milliard de F CFA et le chiffre d’affaires global ne cesse d’augmenter dans un contexte Covid-19 et une situation économique difficile pour l’ensemble de la sous-région. A titre d’exemple, le chiffre d’affaires des six derniers mois de gestion pour les ALR (NDLR : un type de courses hippiques) est passé de 24 milliards F CFA en 2020 à 32 milliards F CFA sous sa gouverne pour la même période en 2021. Pour ce qui est du chiffre d’affaires global, il a connu un accroissement de plus de 80 milliards Fcfa en seulement six mois d’exercice du Directeur Doumbia. Ce qui fait que la masse à partager entre les parieurs grimpe aussi”, témoigne un autre agent de la boite tout en s’indignant du fait que le directeur ait été accusé à tort par certains de favoritisme.
“Lorsqu’il prenait fonction, il ne connaissait pratiquement personne au PMU-Mali. Toutes les nominations sont des promotions internes. Ils ne viennent pas d’ailleurs”, clarifie notre interlocuteur.
Bientôt une cité PMU de 100 logements pour les agents
Un agent qui occupait un poste de responsabilité rappelle que l’actuel directeur Doumbia privilégie toujours l’intérêt général des travailleurs au profit de son confort personnel comme ce fut le cas à sa prise de service en 2021, lorsqu’il a renoncé à acheter un nouveau V8 comme véhicule de service. Le fonds prévu pour cette voiture de luxe, révèle-t-il, a été dépensé prioritairement dans l’acquisition de nouveaux minibus. Cependant, il nous est revenu que dans le budget de l’exercice 2022, il est prévu d’acheter des véhicules neufs pour tous les directeurs en vue de les mettre dans les meilleures conditions de travail, une première au PMU-Mali.
Une autre bonne nouvelle, toujours pour les agents, c’est la construction, dans un futur proche, d’une cité PMU-Mali. Selon nos interlocuteurs, ce sont 100 maisons de type F4 qui, seront construites pour les agents, en partenariat avec des banques de la place. A cet effet, le PMU-Mali envisage de prendre en charge, une partie du coût d’acquisition. Précision de taille, ni le directeur, ni ses deux adjoints ne feront partie de la liste des bénéficiaires de ces maisons.
Un “faux” problème de ticket
de 11 millions fcfa
S’agissant du point d’achoppement entre une partie des revendeurs et la direction, nos sources indiquent qu’il se situe surtout autour du cas d’un agent revendeur qui n’a pas suivi à la lettre les consignes de vente du ticket. “L’agent revendeur en question a délivré un ticket à un parieur tandis que la machine avait annulé l’opération. La procédure en la matière était d’informer le parieur que la machine n’a pas pris en compte sa mise et le rembourser car le billet n’a pas été enregistré dans le serveur centralisant les paris.
Chose qu’il n’a pas faite. Il a aussi gardé par devers lui l’argent du parieur qui n’a pas été versé dans les comptes de PMU-Mali. Sauf que le billet en question a gagné 11 millions de F CFA”, explique un revendeur syndicaliste entré en dissidence avec ses responsables syndicaux à ce sujet.
Dans ce cas d’espèce, poursuit-il, le vendeur du ticket est en faute, car son acte pourrait être assimilé au vol et sa responsabilité est engagée dans le paiement des 11 millions F CFA.
Problème : l’agent revendeur en faute réfute tout compromis pour le remboursement du client et se réfugie derrière une partie des revendeurs qui a observé une cessation de travail la semaine dernière sans préavis pour défendre la cause du “fautif”.
“Nous avons un DG ouvert aux critiques. Son bureau est ouvert à tout le monde, tout comme les bureaux de ses adjoints. Ouverts sans exception aussi bien aux responsables syndicaux qu’aux agents ordinaires”, assure le responsable syndical en rupture de ban avec sa hiérarchie. Il rappelle d’ailleurs que l’augmentation des ristournes que ses collègues réclament ne peut être faite qu’à travers un arrêté ministériel, qui est en cours de relecture à cet effet. Cependant, la question des ristournes n’étant pas le seul point inscrit à l’ordre du jour, cette relecture pourra certainement prendre du temps. Aussi, il a soutenu qu’on ne peut pas mettre en cause la bonne foi de la Direction qui a décidé de prendre en charge les impôts sur les ristournes des agents le mois d’octobre dernier avec effet rétroactif jusqu’au mois de janvier 2021.
Un autre projet phare du directeur qui nous a été rapporté par des agents de la boite, c’est de développer une application informatique propre au service. Ce qui ne se fait pas aussi du jour au lendemain.
En tout cas, certains travailleurs et décideurs de la boite n’arrivent pas à comprendre la cessation de travail observée la semaine dernière, surtout en cette période d’embargo avec la fermeture des frontières. Ce blocus, à n’en pas douter, va engendrer des baisses de recettes pour les Douanes et les Impôts alors que tous les regards sont tournés vers le PMU-Mali en termes de mobilisation des recettes.
“Partir en grève en cette période si cruciale pour notre pays peut être assimilable à un acte de sabotage et de compromission des efforts pour garantir le paiement régulier des salaires”, souligne un cadre de l’entreprise.
El Hadj A.B. HAIDARA et
Kassoum THERA