Vendredi 12 mai, le haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme publiait un rapport accusant l’armée malienne et ses supplétifs d’avoir exécuté 500 villageois dans le centre du pays. Pour Bamako, il s’agit d’un récit fictif basé sur des informations recueillies illégalement.
Le gouvernement malien va ouvrir une enquête contre la MINUSMA. L’annonce a été faite le 14 mai 2023, dans un communiqué lu à la télévision nationale par le porte-parole du gouvernement Abdoulaye Maïga.
Cette décision intervient après la publication d’un rapport publié par le haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme sur de présumées exactions commises par l’armée malienne dans le centre du pays. D’après l’organisme onusien, 500 personnes auraient en effet été tuées en mars 2022 lors d’une opération anti-djihadiste dans la localité de Moura, un massacre attribué aux soldats maliens aidés par des « combattants étrangers ».
« Le Gouvernement de Transition dénonce, avec véhémence, ce rapport biaisé, reposant sur un récit fictif et ne répondant pas aux normes internationales établies. C’est la raison pour laquelle le Gouvernement n’a jamais daigné faire de commentaire au cours de son élaboration » ont déclaré les autorités maliennes. Affirmant avoir entamé des procédures judiciaires pour faire la lumière sur les allégations de violations de droits humains, le gouvernement a également dénoncé les moyens utilisés par l’ONU pour obtenir les informations ayant fait l’objet du rapport.
« Le Gouvernement de la Transition a examiné la méthodologie ayant guidé la rédaction du rapport (…) et a appris avec stupeur que la mission d’établissement des faits avait utilisé des satellites au-dessus des Moura pour obtenir des images. Le Gouvernement (…) informe l’opinion nationale et internationale, qu’en aucun moment, ni la MINUSMA, ni le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme ne lui ont adressé une demande d’autorisation pour prendre des images des Moura grâce à des satellites » précise le communiqué. Qualifiant cette opération de « manœuvre clandestine contre la sécurité du Mali », les autorités ont décidé d’ouvrir « immédiatement une enquête judiciaire contre la mission d’établissement des faits et ses complices pour espionnage, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat (…) ainsi que de complot militaire (…) ».
Cette situation intervient dans un contexte tendu entre Bamako et ses anciens alliés occidentaux qui ont retiré leur soutien au pays ouest-africain après son recours au groupe paramilitaire russe Wagner. En mars 2022, le gouvernement de transition avait déjà décidé de suspendre les médias France 24 et RFI qu’il accusait d’avoir diffusé de « fausses allégations d’exactions commises par l’armée malienne ».
Plusieurs pays occidentaux ont condamné les exactions dénoncées dans le rapport de l’ONU. D’après les groupes de défense de droits de l’homme, il pourrait s’agir de la pire atrocité dans un conflit de 10 ans entre des groupes islamistes et l’armée.
Moutiou Adjibi Nourou
Source : agenceecofin