Le journaliste malien Birama Touré, porté disparu depuis janvier 2016, il y a six ans, « est très probablement mort des suites des sévices infligés dans les locaux des services de renseignement ». Voilà les conclusions de l’enquête publiée le 3 février par l’association Reporters sans frontières (RSF). Birama Touré, qui travaillait notamment avec le journal Le Sphinx, enquêtait à l’époque sur Karim Keïta, le fils du président IBK alors locataire du Palais de Koulouba.
Le journaliste Birama Touré venait de se marier lorsqu’il a disparu, le 29 janvier 2016. Pour son enquête, Reporters sans frontières a notamment interrogé d’anciens détenus de la Sécurité d’État, les services de renseignements maliens. Certains l’ont été en même temps que Birama Touré, d’autres peu après.
« De nombreux témoignages nous permettent d’affirmer d’abord que Biramé Touré a bien été détenu au secret pendant plusieurs mois dans les geôles secrètes de la Sécurité d’État, explique Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF et co-auteur, avec le journaliste malien Adama Dramé du Sphinx, de cette enquête. Ensuite, Birama Touré est mort une nuit après avoir été torturé dans une cellule secrète qui s’appelle “le frigo”. Il est revenu ensanglanté de cette cellule secrète. Le lendemain matin, son corps a été transporté en dehors de la Sécurité d’État en présence notamment de Karim Keïta, le fils de l’ancien président, du général Moussa Diawara qui était le patron de la Sécurité d’État et de plusieurs officiers de ce service de sécurité malien. »
Mandat d’arrêt international non exécuté contre Karim Keïta
Karim Keita fait depuis juillet dernier l’objet d’un mandat d’arrêt international, délivré par la justice malienne, mais qui n’a pas été exécuté par les autorités de Côte d’Ivoire, où il a trouvé refuge.
RSF rappelle qu’au moment de sa disparition, Birama Touré enquêtait sur le fils de l’ancien président : sur une affaire de mœurs mais également sur un vaste contrat d’armement qui aurait donné lieu à des détournements. Le fils de l’ancien président IBK était alors à la tête de la Commission Défense de l’Assemblée nationale du Mali.
Deux procédures judiciaires sont actuellement en cours, en France et au Mali. RSF précise que « trois témoins clefs » sont déjà morts sans avoir pu parler à la justice, et que plusieurs suspects clairement identifiés sont toujours en liberté.