Le Gouvernement dirigé par le Président du comité stratégique du M5 RFP, Dr Choguel Kokala Maiga est véritablement à bout de souffle. Subjuguée par les crises, à la fois sécuritaire, énergétique, financière, sociale et politique, l’équipe gouvernementale n’a plus de tour dans son sac pour redonner espoir au peuple. Elle semble même avouer son échec par sa léthargie face aux multiples problèmes qui assaillent les citoyens et face auxquels elle ne propose aucune solution.
A cette impasse socio-sécuritaire, il faudrait ajouter le grand atermoiement dans l’exécution du chronogramme électoral censé clore une transition de 24 mois. En effet, à dix petits mois de la fin de l’échéance promise à la CEDEAO et à la Communauté internationale, l’on est très loin de voir les signaux annonciateurs d’une fin heureuse et à date. Donc le bout du tunnel n’est vraisemblablement pas pour 2024. Que reste-t-il alors au Président de la transition, car c’est lui qui est la clef de voûte de la gouvernance ? Face à la gravissime crise socio-économico-sécuritaire un grand rassemblement n’est-il pas possible pour tracer un nouveau schéma afin d’éviter à notre pays des nouvelles sanctions de la CEDEAO et de la communauté internationale ? Et si Assimi Goita mettait fin au contrat qui le lie à cette équipe gouvernementale qui semble montrer toutes ses limites.
A la léthargie qui l’a toujours caractérisée, s’est greffé le manque d’initiatives de l’équipe gouvernementale qui semble s’être véritablement résignée face à l’ampleur de la crise multidimensionnelle que connait le Mali depuis la rupture constitutionnelle en Août 2020. Rien ne va plus dans le pays et l’espoir d’une vie meilleure semble devenir une grosse illusion tant les populations souffrent. En prenant seulement le délestage intempestif, certains quartiers de Bamako sont sevrés d’électricité 12 h sur 24, d’autres n’en ont même pas des jours entiers, toute chose qui annihile tous les efforts de développement et amplifie la misère des populations. Aujourd’hui on pourrait affirmer sans risque de se tromper que les petites et moyennes entreprises se sont effondrées. Elles se sont « croulées, comme des châteaux de cartes construits sur une dune de sable faute de soutien financier et logistique de l’Etat. Sur le plan financier, les grandes entreprises broient du noir et sont obligées de mettre en congés des milliers de travailleurs, s’ils ne sont pas licenciés pour des raisons financières, tant la situation est alarmante. A-t-on besoin de rappeler que la dette intérieure avoisinant les 400 milliards, impacte négativement sur le secteur privé, alors qu’il est le poumon de toute économie libérale. Le hic est que malgré cette situation inquiétante, le gouvernement multiplie non seulement les bourdes, mais aussi et surtout semble avouer son incapacité, son incompétence à trouver des solutions aux multiples problèmes qui assaillent le pays. En effet, qui ne se rappelle de la suspension des activités des ONG financées par la France, sans qu’il n y ait aucune solution palliative. Cette situation a occasionné la mise au chômage des millions de maliens. Sans tirer les leçons de cette précédente décision, les autorités poussent des activistes qu’ils soient du CNT ou des réseaux sociaux à demander le départ de la MINUSMA sous prétexte que la mission Onusienne serait complice des terroristes et qu’elle contribuerait à l’exacerbation du terrorisme. En réussissant à chasser la MINUSMA, le Mali court deux risques majeurs, le premier est qu’on privera des milliers d’autres maliens du minimum vital ce qui aggraverait la crise sociale et mettra à l’eau les fragiles prouesses obtenues sur les fronts militaires avec la montée en puissance des FAMa. Le second risque majeur serait la mise sur banc des accusés du Mali par la communauté internationale. Que dire de l’isolement diplomatique du Mali ? Hormis la Russie, les autres pays qui composent le BRICS ne semblent pas s’afficher avec le Mali. Le Brésil, la Chine, l’inde et l’Afrique du sud auraient dû tisser des partenariats avec le Mali. Car la logique voudrait bien qu’après avoir voué aux gémonies l’Occident, les cinq pays du BRICS devraient dérouler le tapis rouge devant le Mali, mais le constat est qu’il n’en est absolument rien. Donc au regard de ce qui précède, et si on juge un gouvernement à l’aune des résultats obtenus, celui que dirige le PM Choguel K Maiga mérite simplement un carton rouge pour n’être pas à la hauteur des attentes du peuple Malien.
Que reste-t-il alors au Président de la transition, car c’est lui qui est la clef de voute de la gouvernance ?
Ce qui reste au Président de la transition, en tant que clef de voute de la transition, c’est d’insuffler une nouvelle dynamique en remaniant totalement ou en en profondeur l’équipe gouvernementale qui semble décevoir parc les résultats obtenus. Assimi Goïta ne doit nullement tomber dans le sentimentalisme, il doit agir au plus vite pour éviter à notre pays des scénarios peu enviables pour ne pas dire catastrophiques. Une autre sanction de la CEDEAO sonnerait le glas du Mali, que Dieu nous en préserve. Donc le Président doit parer au plus pressé pour redonner espoir aux maliens. C’est une véritable course contre la montre à quelques dix mois de la fin de la transition.
Face à la gravissime crise socio-économico-sécuritaire un grand rassemblement n’est-il pas possible pour tracer un nouveau schéma afin d’éviter à notre pays des sanctions de la CEDEAO et de la communauté internationale ?
Un gouvernement d’union nationale ou de large ouverture s’impose, comme cela sied bien d’ailleurs pour une transition, avec un PM rassembleur et non clivant. Un gouvernement qui renfermerait toutes les couches socio-politiques et confessionnelles afin de parler d’une seule et même voix face à la communauté internationale. Ce gouvernement qui travaillera à réunir les conditions d’un retour à l’ordre constitutionnel, s’attellera à résoudre les grandes questions existentielles et convaincra la communauté internationale d’accorder un sursis au Mali afin de mener les grandes réformes indispensables pour remettre le pays sur des rails.
Youssouf Sissoko
Source : L’Alternance