Alors que l’on a assisté ces dernières années à une série de coups d’État en Afrique, jusqu’où peut porter la voix du continent à tribune des Nations unies ?
La 78e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies se poursuit à New York, aux Etats-Unis. Celle-ci était placée sous le thème : “Rétablir la confiance et raviver la solidarité mondiale”, et plusieurs personnalités africaines, dont les autorités militaires putschistes, se sont exprimées à la tribune de l’Onu. Des interventions avec parfois des revendications légitimes.
La réforme du système politique international et notamment celui des Nations unies, le climat, la gouvernance… sont autant de thématiques évoquées à la tribune de l’Onu par les chefs d’Etats africains ou leurs représentants, dont ceux de régimes militaires putschistes.
Cacophonie
Cette présence des autorités militaires n’étonne pas l’expert en gouvernance Dany Ayida. Selon lui il est “utile aussi pour la communauté internationale d’écouter ces militaires, ne serait-ce que pour voir dans quelle mesure ils pourraient clarifier leur position et éclairer sur leurs intentions réelles”.
Par ailleurs, d’après l’expert “la multiplication des coups d’État fragilise la voix des pays membres de l’Union africaine”. Il pointe par ailleurs la manière dont les chefs d’Etat s’exprime à la tribune et est estime que l’on sent “qu’il n’y a pas un agenda assez concerté. Chacun est venu exprimer son point de vue dans une certaine cacophonie.”
A l’Onu le président congolais Félix Tshisekedi a réclamé des sanctions contre des responsables de crimes de guerre en RDC.
Son homologue centrafricain, Faustin Archange Touadéra, a déploré l’impact des sanctions et la suspension des appuis budgétaires à son pays. Il a aussi parlé de migration en affirmant que l’afflux de migrants africains vers l’Europe est un résultat des “pillages” et de l'”impérialisme occidental” en Afrique…
Le président ghanéen, Nana Akufu-Addo, a, lui, pointé les enjeux sécuritaires.
Mais il y a aussi la question des coups d’Etat, un fait que le président de la transition guinéenne, le colonnel Mamadi Doumbouya, lui-même putschiste, a évoqué. Selon lui, l’Afrique souffre d’un modèle de gouvernance qui lui a été imposé.
Certaines voix audibles
Pour l’expert Dany Ayida, les putschs sont l’illustration d’une crise profonde des systèmes politiques en place en Afrique. La question est maintenant de savoir ce qu’il faut faire pour que les démocraties soient viables sur le continent.
Dans ce contexte, difficile pour l’Afrique de se faire entendre. Mais l’analyste Kabinet Fofana estime que certaines interventions de personnalités africaines ne restent pas inaudibles.
“Quand on prend le discours du président nigérian qui a porté la voix de l’Afrique du fait de sa position de président de la Cédéao. Ou Macky Sall, qui a demandé que l’Afrique soit mieux représentée (…) ces discours sont audibles, se comprennent“, précise-t-il.
Si la multiplication des putschs a un effet négatif sur l’influence internationale de l’Afrique, on peut aussi s’interroger sur l’impact des discours à l’Assemblée générale des Nations unies, un exercice très codifié qui se contente d’aborder des thèmes très généraux.
Cette année, il était question de solidarité, de prospérité, de progrès pour tous, ou encore de trouver des solutions aux défis mondiaux pour faire progresser la paix, la sécurité et le développement durable.
DW