Un mois et demi plus tard, la voiture roule dans les rues de Bafoussam. « J’ai entièrement conçu et fabriqué la coque. J’ai acheté certaines pièces originales comme le moteur, les amortisseurs, le volant. C’est une voiture qui peut être utilisée par tout le monde, les touristes comme les particuliers », souligne le fabriquant, qui n’a pas dit son dernier mot. Le nouveau rêve de Cédric Simen est de construire des véhicules neufs, peu chers et peu polluants. « Je modifie ma SM 237 tous les jours, confie-t-il. Je veux y installer un moteur électrique. Car la pollution est un handicap pour notre environnement et notre pays importe trop de voitures d’occasion, déjà très vieilles. »
Besoin de financements
En 2015, Méfiro Oumarou, alors ministre délégué auprès du ministre des transports, assurait que « 92 % du parc automobile camerounais est constitué de véhicules de seconde main qui ont plus de 15 ans ». En 2011, le gouvernement avait annoncé la construction d’une usine d’assemblage de voitures « made in Cameroon » dont la production devrait commencer à l’horizon 2020. Cédric Simen aimerait bien travailler avec l’Etat, en qui il a confiance « malgré ses imperfections ».
En attendant, il croule sous les propositions : des commandes du Cameroun, du Bénin et de Côte d’Ivoire, des sollicitations de partenaires étrangers qui proposent des moteurs électriques ou leurs services… Mais le garçon est méthodique. « D’abord je dépose le brevet de ma marque, ensuite je cherche des financements. J’ai des centaines de modèles de voitures que je pourrais fabriquer sur place pour beaucoup moins cher. Il y a une clientèle. Mais pour ça j’ai vraiment besoin de financements », assure-t-il en s’engageant dans les rues de Bafoussam au volant de son petit bolide.
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Sur son passage, les conducteurs de motos-taxis et les autres automobilistes l’accompagnent et le félicitent à coups de klaxons. Dès qu’il se gare, une grappe d’admirateurs accourt. « Cette voiture ne laisse personne indifférent, c’est un peu la voiture du Cameroun », dit-il comme une évidence. Sur les réseaux sociaux, la fierté transparaît aussi dans les commentaires. « Tu es une réponse à la question : y a-t-il encore de l’espoir au Cameroun ? Je te souhaite une belle réussite et que tu sois un exemple pour de nombreux jeunes », réagit un internaute. « Merci mon frère pour l’honneur que tu fais au Cameroun », commente un autre. De quoi commencer 2019 au Cameroun sur une note d’optimisme.
Josiane Kouagheu (Bafoussam, envoyée spéciale)
Le monde.fr