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La société Wagner en Afrique : est-ce vraiment un mariage d’amour ?

Sortie du carcan de colonialisme dans les années 1960, l’Afrique cherche légitimement à se frayer un chemin parmi le concert des nations. Or, cela ne se réalise pas sur une voie royale. Est-ce pour cela que le continent s’agite, à travers les coups d’État, notamment ? Et, aujourd’hui, par la présence sur son sol de la société privée paramilitaire russe, dénommée Wagner ? Quinze pays occidentaux se sont fendus d’un communiqué commun, le week-end de Noël, contre cette présence au Mali.

Mais qui sont-ils, ces gens ? Ils sont fort bien connus, puisqu’on les retrouve un peu partout, à travers le monde, où il y a conflits (Syrie, Libye, Kosovo, etc.). Wagner est une société d’origine russe, ce que Moscou ne dément pas. Elle ne serait pas proche du Kremlin (reste à vérifier) et fonctionnerait avec un budget annuel de quelque trente millions de dollars. Élément qui marque la différence avec l’action des mercenaires dont l’Afrique a souffert, des décennies durant. Certains groupes eurent même des liens évidents avec l’Élysée, à l’exemple de celui du mercenaire français Bob Denard, dans les années 1960. Mais, rien de comparable avec Wagner, structuré en institution.

À les entendre parler, ces nouveaux venus prétendent se poser en Robin des Bois pour les Africains. Ils s’en défendent, d’ailleurs, en évoquant leur passé immaculé avec l’Afrique. Nous ne traînons pas un boulet [colonialiste N.D.L.R.] dans nos relations avec le continent​, répètent-ils, à satiété. Leur présence est signalée en Centrafrique, au Mali et au Mozambique. C’est déjà un bon début du maillage de l’influence russe sur l’Afrique subsaharienne.

Entre un ami qu’on connaît et celui qu’on ne connaît pas

La France et nombre des pays occidentaux sont impliqués dans cette affaire. En ceci qu’ils sont présents au Sahel, à travers les forces Barkhane, pour la France, et Takuba, pour l’Europe. Dans le but de contrer les djihadistes. L’Hexagone a particulièrement pignon sur rue au Mali, avec une bonne poignée d’officiers en Centrafrique. Où les éléments de Wagner sont déjà actifs, en soutien à l’armée locale contre les rebelles. D’où, le thème de débat engagé avec ses deux pays amis. Mais c’est comme si, en réponse, les pays africains souhaiteraient, sur cette question, décider souverainement.

En attendant la clarification sur cette controverse – qui a l’air de cacher le Kremlin en dernière des poupées russes ​– une série de questions restent posées : la France déciderait-elle de se laisser dévaliser son pré carré par des Russes ? Quel est, dans ce cas, l’avenir des forces Takuba ? Quant à l’Afrique, quel est le sens à donner au mariage d’amour proclamé par Wagner ? La réponse est claire : les Russes n’atterrissent pas en Afrique pour des œuvres philanthropiques. Il ne s’agit nullement d’un mariage d’amour, mais plutôt de visées pécuniaires à pleines mains, par le biais des relations bilatérales déséquilibrées. L’Afrique, c’est le réservoir de matières premières, dont celles qui sous-tendent les technologies de pointe. On n’y vient pas en touriste.

Enfin, il est peu de dire que le continent se doit de réfléchir, par deux fois, avant de rendre ses arbitrages, entre un ami qu’on connaît et celui qu’on ne connaît pas. Le choix est peut-être difficile, mais il tromperait moins pour le premier que pour le second. Or, au Mali, il y a une opinion publique, à ce sujet, visiblement plus portée par l’émotion que par la raison.

 

Source: ouest-france.fr

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