En Afrique de l’Ouest, la plupart des pays ont du faire face l’année dernière à une infestation massive de jassides, qui a provoqué une forte chute des rendements et de la production de coton. De nouveaux insecticides ont été rapidement testés par des chercheurs du Programme régional de production intégrée du coton en Afrique (PR-PICA) et utilisés pour la campagne en cours, gage d’une meilleure année en perspective. Mais si la production de coton devrait largement rebondir au Mali retrouvant presque ses niveaux d’avant la campagne 2022/23 ce n’est pas le cas du Burkina Faso qui devrait faire moins bien que l’année dernière.
Un soutien sans faille aux producteurs au Mali
La campagne 2023/24 au Mali se présente sous les meilleurs auspices. Après une année difficile, le gouvernement malien a décidé de soutenir la reprise de la filière en versant FCFA 10 milliards (€15,2 millions) à la Compagnie malienne des fibres textiles (CMDT) pour couvrir les crédits d’intrants des agriculteurs qui ont perdu leur production en raison de l’attaque des jassides et des inondations au cours la campagne 2022/23. Les prix des engrais et de l’urée sont subventionnés à 129% au prix fixe de FCFA 14 000 le sac de 50 kilos. Enfin, le prix au producteur a été relevé de FCFA 10 à FCFA 295 le kilo. Autant de mesures qui ont incité les cotonculteurs à semer. Ainsi, la superficie augmenterait de 21% à 720 000 hectares en 2023/24 et la production grimperait de 80% à 1,35 million de balles, selon le département américain de l’Agriculture (USDA). Une estimation qui prend en compte le déficit d’eau fin juin début juillet notamment à Sikasso et Koutiala.
Avec la reprise de la production, les exportations devraient atteindre 1,33 millions, en hausse de 83%. La consommation locale est maintenue à 25 000 balles, l’investissement de la Chine dans deux unités de filatures (Lire : Le Mali en route pour la valorisation de son coton) n’entrera en production que dans deux années selon le gouvernement.
Des questions sécuritaires persévérantes au Burkina Faso
Pour le Burkina Faso, les prévisions de l’USDA sont beaucoup moins encourageantes. La superficie récoltée ne serait que de 490 000 hectares, en baisse de 21% par rapport à la campagne 2022/23 et en recul aussi par rapport à celle de 2021/22 (moins 17,6%). « La diminution des superficies est due à de nombreux facteurs : l’installation tardive de la saison des pluies qui a retardé les semis, la persistance des attaques et contrôle de certaines routes par des groupes armés non étatiques, en particulier dans la zone Société cotonnière du Gourma (Socoma), ce qui a empêché la distribution des intrants, et provoqué une hausse des prix des engrais et de l’urée » observe le ministère américain. La Socoma n’aurait ensemencé que 8% de son objectif initial (5 000 ha) selon l’USDA mais 37% selon le PR-PICA.
Si le gouvernement a augmenté le prix au producteur de FCFA 25 à FCFA 325 le kilo, soit le niveau le plus haut en Afrique de l’Ouest, il n’a subventionné les engrais et l’urée qu’à hauteur de FCFA 10 milliards au cours de la campagne 2023/24 contre FCFA 72,6 milliards l’année précédente. Or, les engrais et les prix de l’urée ont augmenté respectivement de 75 % et 100 % par rapport à l’année précédente souligne l’USDA.
Conséquence de l’insécurité et de l’insuffisance des intrants, la production devrait chuter de 10% par rapport à 2022/23 à 705 000 balles en 2023/24, et en retrait de 29% par rapport au niveau de 2021/22.
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