Les quotidiens sénégalais parvenus mardi à APA titrent principalement sur la décision du président Macky Sall de ne pas se présenter à l’élection présidentielle du 25 février 2024, décrispant un peu la tension politique qui prévaut dans le pays depuis sa réélection en 2019.
Après le renoncement du chef de l’Etat sénégalais de briguer un troisième mandat à l’élection présidentielle de février 2024, Le Soleil s’exclame : « Macky, quelle grandeur ! ». Dans un message à la nation lundi soir, le président Sall a mis « fin au suspense » en décidant de ne pas se présenter au scrutin de 2024 « même si le débat juridique a été tranché » car « la Constitution me le permettait ».
Macky Sall admet dans Bés Bi que sa « décision surprendra », mais il a décidé de « partir » parce qu’il a « un code d’honneur ». Le journal remarque toutefois que « la bataille de succession s’annonce âpre entre Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye, Abdoulaye Diallo », entre autres influents membres du gouvernement auxquels on attribue le désir de vouloir succéder au président sortant.
Le Quotidien, sous le titre « la bombe Sall », souligne que « le Premier ministre Amadou Ba était dans la confidence » de la décision de Macky Sall d’être « non partant pour 2024 ». Si cette « non-candidature est jalonnée de polémiques », le journal reconnaît qu’elle est « un précédent heureux pour les deux mandats » inscrits dans la Constitution bien que Macky Sall, arrivé au pouvoir en 2012, argue que la révision constitutionnelle de 2016 lui donnait l’occasion de se présenter pour un second quinquennat après sa réélection en 2019.
L’Observateur reprend le chef de l’Etat sortant qui affirme que le « respect de sa parole » de ne pas briguer un troisième mandat était un « code d’honneur ». C’est pourquoi le ministre de l’Agriculture, Aly Ngouille Ndiaye, estime que « Macky Sall vient de nous donner une leçon de la sacralité de la parole donnée ». « Ma décision longuement réfléchie est de ne pas être candidat à la présidentielle de 2024 », a dit hier le chef de l’Etat aux Sénégalais même s’il sait que sa « décision surprenante » n’a pas plu à plusieurs parmi ses partisans. Mais le journal explique « comment le Président a résisté à la pression des courtisans pour agir en +homme libre+ », obtenant de surcroît « la renaissance » de son « image écornée » par les dernières violentes manifestations au Sénégal.
Walf Quotidien emprunte à la principale coalition de l’opposition son titre pour dire que « Macky Yewwina Askan Wi (libère le peuple) » en décidant de ne pas briguer un troisième mandat. « Le président Macky Sall, quoi qu’on puisse dire, vient de prendre une bonne décision », salue Khalifa Sall, un des leaders de YAW. « Ce discours me permet de retrouver une grande partie du Macky Sall de 2012 », soupire de son côté Abdoul Mbaye, qui a dirigé le premier gouvernement du successeur d’Abdoulaye Wade avant de se ranger dans l’opposition.
Bés Bi note que la classe politique sénégalaise et l’Afrique « applaudissent » la décision de Macky Sall qui fait naître « soulagement, déception, et inquiétude » dans le cœur de Mamadou Mbodj, coordonnateur du Mouvement des forces vives contre le troisième mandat de Macky Sall (F24). Dans son discours, le président de la République a lancé des « menaces contre Ousmane Sonko sans le nommer ».
La condamnation à deux ans ferme début juin du maire de Ziguinchor (sud), opposant très populaire auprès de la jeunesse, dans son procès contre la masseuse Adji Sarr avait déclenché deux jours d’émeutes qui ont coûté la vie à seize personnes officiellement. Si la décision de justice n’est sortie que récemment, l’opposant arrivé troisième à la dernière présidentielle avec plus de 15% des suffrages, jugé par contumace, n’est pas encore mis aux arrêts même si un blocus de la police lui est imposé autour de son domicile dakarois.
ODL/ac/APA