Dans la matinée d’hier 21 mai, après avoir chassé les « bandits » du Mnla du gouvernorat de Kidal à l’issue de plus de quatre heures de combat, notre armée a été à nouveau repoussée par les rebelles, soutenus par les djihadistes. Dans la mesure où les forces internationales sont au Mali pour traquer ces djihadistes, plusieurs observateurs voient en leur inaction un complot international contre le Mali.
Hier, aux environs de 16 heures, la population malienne était en liesse. Pour cause, les terroristes du Mnla, pardon, les rebelles du Mouvement national pour la libération de l’Azawad, comme ils sont appelés ainsi par les autorités, ont été défaits par notre armée à Kidal.
Mais, cette joie n’a été que de très courte durée. Car une autre information préoccupante a assailli le peuple. Comme si le ciel tombait sur leurs têtes, tous les Maliens et amis sincères du Mali ont appris avec tristesse, vers 16 heures, que les donnes ont changé. L’armée malienne est en difficulté face à l’ennemi. Chacun a tenté, comme il peut, de recouper cette information donnée par les médias occidentaux à travers les connaissances qui sont à Kidal. Les réponses ont brisé les espoirs.
Pour rester en phase avec les règles d’éthique et de déontologie de notre métier, nous avons essayé de rentrer en contact avec les autorités chargées de la Défense du Mali pour avoir non seulement des informations, mais aussi une bonne lecture de la situation qui prévalait à Kidal. Notre tentative de joindre le Colonel Diaran Koné, chargé de communication du ministère de la Défense et des Anciens combattants, est resté vaine, ce dernier étant inaccessible au téléphone. Ainsi, nous-nous sommes rendus à la Dirpa (la Direction de l’information et des relations publiques des armées), le directeur adjoint, le Lieutenant-colonel, Souleymane Dembélé, n’a pas démenti la mauvaise information qui a fait le tour du Mali. « Nous avons les mêmes informations et nous préférons ne pas faire de commentaire pour le moment. Car le Directeur, Lieutenant-colonel Souleymane Maïga, est parti en réunion», s’est-t-il contenté.
Après le tour des autorités militaires, nous avons échangé avec des observateurs bien avertis du dossier. Alors, la conclusion à laquelle ils sont arrivés est qu’il y a un complot international qui se dessine contre le Mali.
Dans leurs argumentaires, ils s’interrogent d’abord sur le sens de la mobilité du Mnla à l’intérieur de la ville de Kidal. Car conformément à l’Accord de Ouagadougou, ce mouvement était censé être cantonné. Or, lors de la visite du Premier ministre Moussa Mara à Kidal, on a vu l’application du contraire dudit accord, s’indignent-t-ils.
Dans un premier temps, rappellent-ils, les rebelles du Mnla ont manipulé des jeunes et femmes pour envahir le tarmac afin d’empêcher l’atterrissage de l’avion du Premier ministre. Cette stratégie ayant échoué, car l’hélicoptère transportant la délégation gouvernementale a atterri dans le camp 2 de Kidal où est logée la Minusma, le Mnla n’a pas pu gober cette arrivée du Premier ministre. Du coup, il a prouvé aux Maliens qu’au lieu d’être cantonnés, il s’est, au contraire, renforcé tant en hommes qu’en équipement.
Dans sa démarche, le Mnla a profité de l’allègement du dispositif sécuritaire autour du gouvernorat pour faire des otages et assassiner certains d’entre eux.
Suite à cela, les questions que l’on se pose sont les suivantes : Comment la Minusma qui est censée veiller à l’immobilité des soldats du Mnla a laissé ces gens quitter leur camp pour investir les locaux du gouvernorat en faisant 36 morts ? Pourquoi, la Minusma ne s’est-elle pas imposée en dissuadant la folie de ces criminels, conformément à son mandat ?
Et serval dans tout cela ?
Si la mission de serval n’est pas d’anéantir la rébellion, elle est tout de même de traquer les terroristes. Et pourtant, toutes les preuves faisant état de la présence des terroristes d’Aqmi, du Mujao et d’Ançardine aux côtés du Mnla ont été établies. Les fanions de ces groupes terroristes flottaient sur les 70 pickups qui ont attaqué le gouvernorat.
En plus, après le repli de nos forces de la ville de Kidal les djihadistes y paradaient en en scandant «Allahou Akbar». L’impunité accordée à cette démonstration de force a fait dire certaine personne que des militaires de la coalition internationale sont de connivence avec l’ennemi. Ils donneraient même les positions stratégiques de nos troupes à l’ennemi afin de lui faciliter le combat.
Cette information, si elle se vérifiait, devrait retenir l’attention des autorités politiques du Mali qui devraient par conséquent tirer les conclusions qui s’imposent.
De toutes les façons, aujourd’hui, les Maliens sont en droit de se demander pourquoi les responsables de notre pays ne demandent pas l’aide de la Russie et de la Chine ? Une chose est sûre, le Mali seul pourra difficilement se sortir de cet engrenage. Tout le monde a entendu les déclarations de notre Premier Ministre selon lesquelles la Minusma a refusé de l’accompagner à bord de son véhicule blindé. Avons-nous besoin d’une autre preuve du complot contre le Mali ?
En tout état de cause, c’est aux Maliens de faire la fierté du Mali. Que les autorités prennent des décisions courageuses en demandant l’aide d’autres puissances étrangères qui restent nos véritables alliées dans cette histoire. Aussi, que le peuple malien joue sa partition en se mobilisant pour attirer l’attention de la communauté internationale sur ce qui se passe au Mali. Il doit aussi, ce brave peuple, rester courtois et surtout ne pas tomber dans le piège de la violence interne. C’est le vœu secret des ennemis du pays qui donneront tout pour voir le Mali sombrer dans l’instabilité. Le seul combat qui vaille aujourd’hui est celui de la récupération de la ville de Kidal.
A nos braves soldats, nous dirons que mourir pour sa patrie est la plus belle mort qui soit pour un combattant. Les Maliens vous font confiance et restent mobilisés derrière son armée ; au besoin de la rejoindre au front. Car, la bataille pour l’honneur est une bataille que nous ne devrions et ne saurions perdre.
Oumar KONATE