La raison du plus fort est-elle toujours la meilleure ? A-t-on forcément raison quand on est l’épouse d’un tout Puissant Procureur général ?
Mme MFHD est l’agent comptable à l’ambassade du Mali à Rabat, au Maroc. Le 22 juillet 2020, elle a eu une altercation avec Mme CBTT, 3e conseillère de l’ambassade venue chercher son salaire dans son bureau.
Ne dit-on pas que l’abus du pouvoir enfante tous les crimes ? Privée de ses droits les plus élémentaires par l’agent comptable Mme CBTT a levé la main sur sa collègue, qui à ses yeux, en est la seule responsable. Ainsi éclata une bagarre au cours de laquelle chacune a donné et pris des coups. En attestent les cicatrices d’égratignures sur les corps des deux adversaires.
Après l’incident, l’ambassadeur a pris des photos des deux protagonistes avant de leur demander de rentrer chez elles et de se faire consulter, éventuellement, par un médecin.
«Il n’est rien de pire que d’imaginer le pire», dit un adage. Ainsi, chacune a regagné son domicile et repris le travail dès le lendemain. Le 24 juillet la conseillère, qui a regretté son geste, a envoyé par texto ses excuses à sa collègue. Mieux, elle a chargé l’attaché militaire de présenter ses sincères excuses à l’agent comptable. Une mission de médiation a été dépêchée pour la réconciliation. Mais, Mme MFHD n’a pas réagi. En octobre, elle est venue à Bamako pour un séjour.
Le lundi 8 févier 2021, la 3e conseillère rentrée à Bamako à la demande de sa hiérarchie a trouvé à son nom à son département de tutelle (ministère des Affaire étrangères et de la Coopération internationale) une convocation. Pour répondre à une plainte datée de novembre 2020. Ce qu’elle a fait le 9 février dernier en se rendant au Camp I de la gendarmerie de Bamako.
Gardée à vue après 7 heures d’audition, Mme CBTT est conduite devant le procureur du tribunal de la Commune IV qui, après la lecture du procès-verbal, a envoyé la pauvre dame en prison pour «coups et blessures ayant entraîné 30 jours d’arrêt de travail». C’était le jeudi 11 février 2021
Avant de décider de quelque mise en détention que ce soit, un juge d’instruction a été commis ? Nous n’en avons pas connaissance. Auquel cas, a-t-il procédé à la confrontation des deux parties ? Surtout que l’accusée ne reconnaît par les photos à elle montrées qui seraient celles de sa collègue ? A propos des images, à notre humble avis, seules les photos prises immédiatement par l’ambassadeur peuvent servir de preuves dans ce dossier.
Selon nos informations recueillies à Rabat et Bamako, personne n’a eu connaissance d’un arrêt de travail de la plaignante.
Nous ne partageons pas le geste de l’accusée qu’elle-même regrette. Nous n’encourageons jamais de tels comportements. Mais, nous nous demandons si «l’abus du pouvoir» de l’agent comptable «qui a privé sa collègue de ses droits», (en tout cas c’est que pense la pauvre depuis sa prison) n’a pas enfanté sa colère ? La faculté de se mettre dans la peau des autres et de réfléchir à la manière dont on agirait à leur place est très utile si on veut apprendre à être juste entre deux protagonistes.
A vos pouvoirs, messieurs les procureurs ! Mais à Allah la justice !
A.K. Dramé Journaliste indépendant
Source : Le Challenger