Epilogue d’un combat sans concession menée contre l’Apartheid, une carrière musicale exceptionnelle, un album-souvenir où se côtoient les figures iconiques de l’Histoire sud-africaine comme Mandela, Miriam Makeba et les symboles du progressisme tels Stokely Carmichael et Fidel Castro ! Hugh Masekela vient de s’éteindre à 79 ans, à Joberg. Sa famille salue un frère, un père, un oncle aimant et l’Afrique du Sud pleure l’auteur de son hymne national, chef d’œuvre du cru ponctué de « punchlines » émouvants à la manière des chœurs zoulous. Trompettiste émérite, Masekela a chauffé toutes les grandes scènes du monde. Quel témoignage peut-il être plus éloquent que les éloges de l’officier américain en séjour à Guantanamo quand un matin, des baffles de ce lieu de détention, résonnèrent les airs de Grazing in the Grass, morceau cultissime du génie de l’Afro Jazz que fut le musicien sud-africain ? Aujourd’hui plus qu’avant, revient à nos mémoires la chanson Bring him home, que de son long exil, peut-être faut-il dire de sa déchirante errance, Masekela composa pour demander la libération de Mandela. Un combat sans concession a-t-on dit ? Oui mais ce fut un combat couronné par ce matin d’espoir où Madiba libéré leva le poing non pour demander vengeance mais pour plaider la nation arc-en- ciel dans une Afrique du Sud qui, sans gommer le passé, ne s’attarde pas sur le passé. Masekela a eu ce privilège. Il s’en va à un moment de doutes sur son pays et sur le monde. Mais sa part de contrat à lui, est remplie.
Adam Thiam
La rédaction