L’actuel ministre de la Justice, Mohamed Aly Bathily, doit à ATT d’être un personnage public de premier plan. C’est, en effet, l’ancien président de la République, alors qu’il présidait le Comité de transition pour le salut public (CTSP) institué après la chute de Moussa Traoré (mars 1991 – juin 1992) qui l’a sorti de l’anonymat pour faire de lui son directeur de Cabinet. Plus tard, le même ATT le nommera Ambassadeur du Mali au Sénégal.
Revenu aux affaires en 2002 après s’être fait élire démocratiquement, ATT approchera quelques années plus tard son cadet Bathily, qu’il portait en haute estime, pour lui proposer de le nommer président de la Cour constitutionnelle. Offre que l’intéressé déclinera en arguant qu’il avait entrepris une formation pour devenir avocat dans un Cabinet de la place.
C’est ce même Mohamed Bathily qui a inspiré et, dit-on, rédigé de sa propre main le dossier de mise en accusation d’ATT pour « haute trahison « devant la Haute Cour de Justice. A cause d’un contentieux strictement personnel qui les a opposés.
Comme quoi on ne peut jamais cerner suffisamment la nature humaine.
D’où vient l’influence de Bathily sur IBK ?
Mohamed Aly Bathily et IBK se sont connus dans une circonstance singulière. Alors que le dernier nommé était président de l’Assemblée nationale, la police avait coupé la voie par laquelle son cortège devait passer. Bathily, qui empruntait la même route, a refusé d’obtempérer comme les autres usagers. Il a donc eu maille à partir avec les policiers et l’affaire serait sans doute allée plus loin s’il n’avait été un magistrat ayant de surcroit assumé de hautes charges dans l’administration d’Etat.
Pour vider la colère qui l’étouffait (on le dit un homme qui s’emporte vite) il se fendit d’un article au vitriol paru dans un journal de la place, dénonçant que l’on suspende la circulation routière pour un seul homme.
IBK a lu l’article. Surpris par le ton où perçait le défi, il a souhaité rencontrer son auteur.
Est-il tombé sous le charme d’un homme qui a osé défier publiquement le haut personnage qu’il était ? Ça se pourrait bien.
Toujours est-il que les deux personnes ne se sont plus quittées. La proximité de leurs domiciles à Sébénicoro ayant fait le reste.
Le diktat de Bathily à IBK
Pour revenir au dossier monté par Bathily contre son bienfaiteur ATT, il semble que l’intéressé avait dicté sa condition à IBK avant d’accepter d’être nommé au poste de ministre de la Justice : avoir les mains totalement libres. Cela peut expliquer que le président ne s’est pas opposé à la poursuite envisagée contre son prédécesseur pour « haute trahison « .
A quand une plainte de Bathily contre la bande à Sanogo ?
Le gouvernement a annoncé que « sur dénonciation des faits » (au juste par qui ?) il s’apprête à saisir la Haute Cour de Justice (qui n’existe pas encore !) pour poursuivre l’ancien président de la République, ATT, pour « haute trahison « . Autant dire qu’il veut l’envoyer devant un peloton d’exécution (qui avancerait le Mali à quoi ?)
Pour que la justice soit égale à tous les Maliens, le même gouvernement devrait ouvrir une procédure en inculpation contre les auteurs du coup d’Etat militaire du 22 mars 2012, cet acte étant considéré comme « un crime imprescriptible contre le peuple » (Article 121 de la Constitution de 1992).
Le grand justicier national, Mohamed Aly Bathily, n’a toujours pas inspiré le gouvernement dans ce sens. Ni pris sa plume pour rédiger le dossier qui doit envoyer Sanogo et sa bande d’assassins devant les Assises.
Au lieu de cela qu’avons-nous vu ? Lorsque le courageux juge d’instruction Yaya Karembé a inculpé et écroué le vrai capitaine et faux général Amadou Haya Sanogo pour » complicité d’enlèvement de personnes « , le gouvernement s’est fendu d’un communiqué pleurnichard pour dire que ce n’est pas lui qui l’a inculpé et mis aux arrêts, mais la justice.
C’est bien la preuve que la justice aux mains de Bathily fonctionne différemment selon qu’on s’appelle ATT ou Sanogo.
La Rédaction
SOURCE: L’Indépendant