Sur instruction du Premier ministre Boubou Cissé, une mission gouvernementale s’est rendu du mercredi 11 au 13 septembre 2019 dans les régions de Tombouctou, Gao et Ménaka pour échanger avec les populations sur les préoccupations légitimes qu’elles ont formulées. Il s’agit notamment des infrastructures routières, des services sociaux de base et de la restauration de la sécurité.
L’une des conclusions de cette mission est la reprise des travaux de construction de la route Léré-Tombouctou au plus tard le 25 novembre 2019. Et cela conformément au protocole d’accord signé entre le collectif «Tombouctou réclame ses droits» et la délégation gouvernementale. Quant au Collectif «Tombouctou réclame ses droits», il a pris l’engagement de «lever immédiatement toutes les restrictions sur les routes et dans la ville de Tombouctou…», à «participer à la sensibilisation et à l’information sur le plan sécuritaire avant, pendant et après les travaux de la construction de la route Ngoma-coura-Léré-Niafunké-Tombouctou» qui relie pratiquement la région au centre et au sud du pays.
Après la signature du Protocole d’ Entente, le Collectif «Tombouctou réclame ses droits» a présenté d’autres doléances à la mission gouvernementale, notamment. Il s’agit, entre autres, de bitumer la route de Kabara (5km) ; d’augmenter la subvention des petits bateaux de la COMANAV (Compagnie malienne de navigation) ; de subventionner le tarif du vol commercial Bamako-Tombouctou-Bamako ; de mettre à disposition un bac supplémentaire pour la traversée du fleuve Niger ; de relever le plateau technique de l’hôpital régional de Tombouctou ; d’indiquer la programmation pour la construction de la route Tombouctou-Taoudéni ; et de réhabiliter la route Kabara-Koriomé. «Je pense que ce sont là de grands acquis», a reconnu M. Ibrahim Boyni, président du collectif «Tombouctou réclame ses droits».
A Gao et Ménaka, les ministres sont également parvenus à des protocoles d’entente avec les jeunes frondeurs. Toutes les parties ont promis de veiller au respect des engagements. Dans la Cité des Askia, le gouvernement s’est engagé à commencer les travaux de construction de la route Gao-Sévaré-Gao par les tronçons Sévaré et Wabaria concomitamment dans six mois au plus tard ; à reprendre les travaux de la route aéroport-gouvernorat, place des Martyrs jusqu’au fleuve, du rond-point du Marché de nuit jusqu’à la sortie de la route de Bourem.
L’escorte des cars de transport sur l’axe Gao-Konna-Gao sera assurée à partir du lundi 16 septembre 2019. Le gouvernement promet aussi de mettre en priorité dans le budget 2020 du ministère de la Culture, la reprise des travaux de la salle des spectacles de Gao, de faire revenir les services financiers (impôt, budget, contrôle financier et Trésor) dans la 7e région au plus tard le 31 octobre 2019, de prendre des dispositions auprès des autorités du Niger et du Burkina Faso en vue de faciliter la circulation des personnes et des biens en provenance ou en partance pour Gao.
De son côté, la «Plateforme Ensemble pour Gao» s’engage aussi à lever immédiatement toutes les restrictions sur les routes et dans la ville de Gao, de participer à la sensibilisation et à l’information sur le plan sécuritaire avant, pendant et après les travaux de la construction de la route Sévaré-Gao et celles de l’intérieur de la ville de Gao.
La légitimité des revendications reconnue par les émissaires de Boubou Cissé
«La plateforme Ensemble pour Gao» a aussi demandé au gouvernement de prioriser la 7e région dans les prochaines tournées du Premier ministre, de renforcer la sécurisation de la route Gao-Sévaré, de prévoir un fonds d’investissement pour la jeunesse de Gao, de restituer les quotas de recrutement à partir de 2012 de la région dans les forces de défense et de sécurité, de faire le point du cantonnement de 25.000 jeunes de Gao ayant remis leurs armes en 2013 à Serval et à l’Armée malienne.
La plateforme souhaite également la diligence des enquêtes sur les cas des jeunes morts en janvier 2015 et juillet 2016 lors des manifestations.
Elle souhaite également un quota spécial pour les jeunes résistants de 2012 dans les recrutements au sein des Forces de défense et de sécurité et les autres corps de l’administration, la réhabilitation des camps militaires de la région de Gao et leur dotation en équipements adéquats, la réinsertion des jeunes et la reprise des travaux du barrage de Taoussa…
Après Gao, les membres du gouvernement se sont rendus à Ménaka où après cinq heures de séance de travail, ils sont parvenus également à un accord avec le mouvement «Alghafiat I Minika». La signature du document a eu lieu le 13 septembre 2019 dans le camp des forces armées et de sécurité, en présence des autorités administratives, communales et coutumières de la région.
Le gouvernement s’est aussi engagé à demander à EDM-sa de fournir de l’électricité 24/24 à partir du vendredi 13 septembre 2019 en attendant l’arrivée d’une équipe technique cette semaine. Cette équipe doit évaluer la capacité des groupes électrogènes existants, accélérer l’acquisition du groupe électrogène promis par EDM-sa d’ici fin novembre 2019.
Le gouvernement s’est aussi engagé à assurer une meilleure sécurité des personnes et de leurs biens à partir du vendredi 13 septembre 2019 par les FAMa et leurs partenaires avec des résultats concrets dans le strict respect des droits et devoirs des citoyens. Il a également pris l’engagement d’acheminer les médicaments à Ménaka avant le 30 septembre 2019, de réhabiliter et d’améliorer le plateau technique du Centre de santé de référence de Ménaka au plus tard le premier trimestre 2020, d’accélérer la construction de la route nationale 20 Ansongo-Ménaka-Anderamboukane programmée dans le cadre de l’Alliance G5 Sahel.
Le mouvement «Alghafiat I Minika» a aussi réclamé le renforcement des effectifs de la Police, de la Gendarmerie et de la Garde nationale dans la ville de Ménaka ; l’accélération du retour du personnel des services sociaux de base dans la région notamment le président du tribunal ; des escortes et des patrouilles sur tous les axes, l’ouverture d’une banque, l’amélioration du réseau téléphonique, la construction d’une digue de sécurisation de la ville de Ménaka…
Pour le ministre de la Communication, chargé des Relations avec les institutions et porte-parole du gouvernement, Yaya Sangaré, la mission gouvernementale était porteuse d’un message d’écoute, de paix et d’appel au vivre ensemble à l’adresse de la jeunesse malienne. Pour lui, les préoccupations qui ont été portées sont légitimes et concernent l’ensemble de notre pays.
«La jeunesse doit jouer son rôle de revendication pour être une sentinelle, une conscience pour le gouvernement afin que ce dernier comprenne qu’il doit faire face aux préoccupations des populations», a estimé le ministre Yaya Sangaré.
Mais, pour de nombreux observateurs, ces accords signés prouvent le manque de vision du gouvernement sur la prise en charge (sur le court et le moyen terme) des préoccupations nationales.
A noter que les manifestations de Tombouctou, Gao et Ménaka (Bougouni aussi depuis le début de la semaine) ont lieu après d’autres mouvements du genre organisés dans les régions de Kayes et Koulikoro en août dernier. Les populations de ces régions demandaient la reconstruction de la route Kati-Kayes. Une revendication en partie satisfaite avec le début des travaux de réhabilitation du tronçon Kati-Didiéni.
Hachi Cissé
LE MATIN