Alors qu’à Bamako la médiation tente de faire discuter les deux mouvements armés entre eux pour trouver un terrain d’entente, à Kidal, sur le terrain, tout n’est qu’affaire de positionnement stratégique et de préparation militaire. Des réalités différentes qui minent la population désireuse de voir la paix émerger.
À Bamako les groupes armés, signataires de l’Accord de paix et de réconciliation d’Alger, restent verrouillés sur leur position : Le HCUA exige que la GATIA reste hors de Kidal et le GATIA tient à être inclus dans la gestion administrative et sécuritaire de la ville. Les efforts déployés par Mahamadou Diagouraga, le Haut représentant du chef de l’État pour la mise en œuvre de l’Accord, et la médiation internationale, via des « rencontres informelles », avec les délégation des deux mouvements pour parvenir à une solution viable, n’a pour le moment mené à aucun compromis. Chaque partie défendant âprement son point de vue, renforcé par trois conflits qui ont causé de nombreux morts de part et d’autre.
Si à Bamako le statu quo règne depuis des semaines, à Kidal, les regards sont tournés vers la capitale, d’où l’on espère fortement qu’une solution viendra. La partition jouée par les groupes armés sur place ne met pas l’accent sur la recherche de solutions mais plutôt sur le renforcement de leurs positions respectives en vue d’un prochain affrontement. « Les renforts affluent des deux côtés, ils viennent d’un peu partout. La CMA qui a perdu beaucoup d’hommes et d’équipement dans ces 3 conflits tente de se réorganiser et de se réarmer. Elle a tenté de faire venir des armes de la Libye, il y a une dizaine de jours, un grand convoi chargé d’armes et de munitions, mais il a été intercepté par la force Barkhane, à la frontière entre la Libye et le Niger, une partie est retournée en Libye, une autre a été saisie ou détruite. Si ça négocie à Bamako, ici les groupes armés sont sur le pied de guerre », affirme une source locale.
Les 3 derniers conflits entre GATIA et HCUA, en plus des morts, ont poussé sur les routes nombres de familles et fait de nombreuses veuves. « Il y a eu des centaines de mort et des centaines de blessés. Les gens ici sont très très remontés contre les chefs des différents mouvements. Il y a beaucoup de gens neutres dans ce conflit qui tentent de faire entendre leurs voix, des intellectuels, des chefs traditionnels, mais ils ne sont pas écoutés comme avant, les chefs des mouvements armés n’en font aujourd’hui qu’à leur tête », explique cet habitant joint au téléphone.
L’exaspération et la colère qui ont gagné la population, visent aussi les forces internationales, cibles de rumeurs nombreuses et d’une certaine défiance, concernant leurs buts réels dans ce conflit. « Il y a beaucoup de rumeurs, de théories du complot, autour du rôle de la MINUSMA et de la France. Dans les deux camps on soutient qu’elles aident l’autre camp, ou travaillent uniquement pour leurs intérêts. On dit ici que Barkhane soutient le HCUA, ou que la force française œuvre à affaiblir les deux mouvements pour avoir la mainmise sur la ville et les richesses de la région ». ajoute ce même habitant.
À Kidal, malgré le climat de tension, on place ses espoirs vers Bamako, même si l’on sait que les précedents accords signés, ne sont jamais parvenus à chasser la discorde et les rivalités qui animent depuis longtemps ces deux mouvements.
Source: journaldumali