Un rapport parlementaire sévère épingle le “manque de connaissance” de la France en Afrique, qui pâtit d’un sentiment de plus en plus défavorable dans les zones francophones.
La confiance dégradée entre l’Afrique et la France doit être rétablie “d’urgence”, pour éviter que la défiance ne se propage sur le continent africain, de plus en plus courtisé. C’est la préconisation d’un rapport parlementaire français publié mercredi 8 novembre sur les relations entre la France et l’Afrique, mené par le député du MoDem Bruno Fuchs, et la députée Les Républicains Michèle Tabarot.
Après avoir réalisé des dizaines d’auditions d’acteurs africains et français, ils dressent un constat sévère : la France a du mal à “s’adapter” aux mutations africaines, est “privée d’une connaissance fine du continent, et elle “refuse désormais de se doter d’une véritable politique africaine”. Les auteurs du rapport pointent du doigt une stratégie souvent “illisible”. Les Africains, affirment-ils, “demandent une autre politique à la France” et il “faut agir d’urgence pour éviter un risque de contagion et de perte de confiance”.
Mais “au-delà du vocabulaire renouvelé et de l’accumulation d’initiatives, souvent bienvenues, il manque peut-être l’essentiel : une offre stratégique précise et de long terme qui donne envie aux pays africains de maintenir des liens nourris et plus égalitaires avec la France”, juge le rapport.
La fin d’une ère
En Afrique de l’Ouest circule aussi l’idée que Paris cherche surtout à maintenir ses parts de marché face à l’arrivée de concurrents aux relations plus neutres et décomplexées comme l’Inde, la Turquie, l’Arabie saoudite et la Russie, mais surtout la Chine, qui a supplanté la France comme premier partenaire commercial dans ses anciennes colonies ces 20 dernières années.
Priorité à la concertation
Pour soigner ce lien et assurer une relation assainie sur le long terme, les auteurs du rapport préconisent un “changement de style” : “arrêter les grands discours, souvent porteurs d’attentes finalement déçues, et leur préférer des actions concrètes”. Mais surtout, se concentrer sur “une plus grande concertation” à travers des échanges “plus transparents et institutionnels” des décisions.
Pour cela, le rapport propose de réformer “en profondeur” l’aide publique au développement, pour mieux l’adapter aux besoins locaux avec plus de dons, moins de prêts, ainsi que la politique des visas pour mettre fin aux “incohérences” et “situations vexatoires” quotidiennes tandis que la France “se prive de nombreux talents”.
Source : L’Express