La corruption occupe depuis quelques semaines la ‘’Une’’ de l’actualité avec la publication de trois rapports. Il y a d’abord eu le rapport 2018 du Bureau du Vérificateur Général remis le 9 juillet 2019 au Président de la République au cours d’une cérémonie solennelle au Palais de Koulouba.
Ensuite, à la demande de l’Alliance des donateurs du Mali, le gouvernement canadien a réalisé un audit des comptes de notre pays sur la période 2005-2017. Ce rapport d’audit, dont certaines parties sont contestées par le Premier ministre, chef du gouvernement, Dr Boubou Cissé, fait ressortir une mauvaise gestion portant sur plus de 700 milliards de FCFA.
Enfin, le Président du Comité de Suivi des recommandations des états généraux sur la corruption, Boubacar Coulibaly, a souligné que le cabinet du Premier ministre bloque la publication de son dernier rapport.
Petite ou grande, la corruption est un cancer. Elle a pénétré tous les secteurs de la vie publique au Mali et a détruit les fondements de notre société jadis, à cheval sur les principes de transparence et de vertu. En dépit de l’existence de nombreuses structures de contrôle, la corruption gagne du terrain et personne ne peut nier que le phénomène a pris de l’ampleur sous l’ère démocratique.
Tout le monde connait les raisons pour lesquelles les formations politiques cherchent toutes à figurer dans un gouvernement de la République. On connaît le mode de financement des campagnes électorales. Des milliards sont investis sans que l’on ne sache leur provenance. Une partie de ce butin sert à acheter la conscience des électeurs pour élire leur président, député ou maire. Les acteurs de la corruption en ont fait un système de gouvernance. Chaque régime a ses générations spontanées de milliardaires.
Demander à ceux qui ont fait leurs fortunes dans ces conditions de lutter contre la corruption revient à leur demander de s’autodétruire. Comme l’a dit un jeune slameur, ‘’ le sperme de la masturbation intellectuelle n’a jamais enfanté la bonne gouvernance’’
Dans un pays où toutes les actions fortes de lutte contre la corruption et la délinquance financière sont initiées par les partenaires techniques et financiers, il ne faut rien attendre de l’élite politique dirigeante. C’est dommage que la société civile et la presse soient atteintes par ce mal si insidieux. Le jour où on arrivera à maitriser la corruption de l’élite, le Mali pourra se sentir mieux. La corruption n’est pas une fatalité. Elle peut être fortement diminuée à défaut d’être vaincue. Il suffit d’y croire !
Cette période de réformes est une opportunité pour refonder la République de sorte à consacrer une vraie séparation des pouvoirs. Comme le réclame le Comité de Suivi des recommandations des états généraux sur la corruption, il faut introduire des modules sur la lutte contre la corruption et la délinquance financière dans le programme scolaire afin d’influer sur la mentalité des futures générations.
Chiaka Doumbia