Honorable El Hadji Baba HAIDARA dit Sandy n’est pas un inconnu en politique. Il est le fils de Mahamane Alassane HAIDARA, un des compagnons du président Modibo Kéita, Mahamane Alassane HAIDARA qui fut sénateur du Soudan Français, puis premier Président de l’Assemblée Nationale du Mali jusqu’au coup d’Etat de 1968. Sandy HAIDARA a vu défiler chez eux, les fidèles compagnons de son père. C’est pour dire que l’honorable Sandy respire la politique. Doté d’une solide formation (d’ingénieur en génie civile), Sandy fut député à l’Assemblée Nationale du Mali de 2007 à 2013. Doté d’une expérience incontestable, nous l’avons approché afin qu’il se prononce sur son parti, les grandes questions nationales et l’avenir de notre pays. Lisez l’interview !
Le Républicain : Durant votre mandat, quelles furent vos responsabilités à l’Assemblée Nationale du Mali ?
Honorable Sandy :
J’ai été élu député de Tombouctou en 2007, mandat qui a été prolongé d’une année à cause de la crise de 2012 et achevé en 2013. Un mandant durant lequel j’ai eu un certain nombre de responsabilités, député dans un groupe parlementaire qu’on a appelé ACM. J’ai été président de ce groupe par rotation des partis politiques qui se sont associés pour créer le groupe parlementaire. J’ai été 5ème vice-président de l’Assemblée Nationale et vice-président de la commission des travaux publics et de l’urbanisme.
Quand la crise de 2012 a éclaté, étant du Nord et connaissant la situation plus que beaucoup d’autres, l’Assemblée m’a fait président de la cellule de crise pour le nord. Ce qui nous a permis avec d’autres collègues d’être les premiers acteurs à chercher à éviter d’abord la rébellion quand le MNLA a été créé, et à éviter la guerre. Nous avons donné des conseils, et fait des suggestions qui plusieurs fois n’ont pas été acceptées. Mais je reste persuadé que si ce qu’on avait proposé en 2013, beaucoup de personnes peuvent le témoigner, avait été pris en compte par les responsables du pays, nous ne serions même pas en rébellion à fortiori connaitre la situation dramatique que le pays continue de vivre, malheureusement.
Honorable, pouvez-vous nous parler du regroupement actuel auquel vous appartenez. En filigrane, nous avons constaté le retrait de certains de vos camarades surtout l’un de vos leaders, à savoir Daba Diawara. Quelles sont véritablement les causes de ce retrait ?
Vous avez appelé cela regroupement, nous l’appelons rassemblement parce que notre parti, c’est le Rassemblement Démocratique Africain. Nous nous réclamons de l’US RDA, créé en 1946, par nos grands leaders : Mamadou Konaté, Modibo Kéita, Mahamane Alassane HAIDARA, et tous leurs compagnons de grande valeur que vous connaissez historiquement. Ce parti a repris ses activités en 1992, avec tous les nouveaux partis créés à la faveur du multipartisme. Les vicissitudes de la vie et des hommes ont fait qu’il y a eu des morcèlements au sein du parti et plusieurs partis sont sortis de l’US-RDA. Dans tous les partis crées les militants ont toujours souhaité la reconstruction de la grande famille. Nous avons réussi une première étape en 2010 en créant l’UM-RDA (Union Malienne) au lieu de l’Union Soudanaise avec quatre partis : l’USRDA qui était resté, le BDIA, l’UDC et le MJT. De la même manière, nous n’avons jamais arrêté de nous battre pour que tous les morceaux qui sont sortis de l’US-RDA reviennent dans la grande famille. C’est ainsi qu’entre 2020 et 2022, nous avons réussi à regrouper les quatre derniers partis qui restaient, c’est-à-dire l’UM-RDA, le PIDS, le RMC Mali kannu et l’UMP pour créer le RDA-Mali. Certainement il peut y avoir des camarades qui peuvent être mécontents pour une raison ou une autre, c’est une œuvre humaine et je reste convaincu que tous ceux qui ont l’âme RDA, dont le cœur palpite RDA, issus du RDA ou épousent les idéaux des pères fondateurs de la nation malienne moderne peuvent dire qu’aujourd’hui la famille s’est retrouvée, et ils ont leurs places pour y militer.
Voilà comment le RDA-Mali a été créé, ce qui a amené légalement et en application de la charte des partis politiques la dissolution des partis qui fusionnent. Donc, le PIDS, l’UM-RDA, le RMC Mali Kanou et l’UMP n’existent plus. Il n’y a que le RDA-Mali à qui l’administration territoriale a donné le 7 février 2022 son récépissé.
Mais vous comprenez qu’un regroupement d’entités différentes qui se sont séparées un moment donné et dont les leaders ont eu des parcours différents pendant 20 ou 30 ans, décident de se mettre ensemble, il y’ aura des difficultés à affronter, et des comportements à corriger. C’est difficultés, nous sommes obligés de les surmonter au nom de notre parti et des idéaux dont nous, nous réclamons.
Alors, vous avez parlé de Daba Diawara. Quand nous avons fait la fusion pour créer le RDA-Mali, nous avons souhaité donner la présidence à un de nos anciens camarades. Daba DIAWARA, il a sa personnalité et son parcours politique respectables : Ministre plusieurs fois, secrétaire général de la présidence, deux fois candidat aux présidentielles. Politiquement, Daba Diawara était mûr parmi les enfants du RDA pour diriger le parti. Cependant, les évènements sont les évènements, on peut ne pas être d’accord avec tout le monde, tout le monde peut ne pas être d’accord avec toi, et c’est ça la démocratie. Le seul couaque, c’est quand on a annoncé la réforme constitutionnelle : Daba est spécialiste incontestable qui sait ce que c’est qu’une constitution. Il y a eu des positions divergentes, uniquement sur la compréhension de la mise en place d’une nouvelle constitution alors que l’ancienne n’a pas été dissoute. C’est une vérité ! Et, le RDA Mali l’a dit dans son séminaire du 22 septembre 2022. Mais politiquement, l’avis du parti de masse comme le nôtre n’est pas l’avis d’un seul homme et aujourd’hui c’est l’avenir du Mali qui compte. Les hommes sont les hommes, les avis sont les avis, la technicité est la technicité, mais la politique domine la vie d’un parti. La majorité du bureau politique national en réunion ordinaire a décidé de comment aller de l’avant dans cette période trouble. La majorité a décidé de soutenir et voter « OUI » au référendum. Cette position n’a pas plu à Daba. Il a préféré se mettre en congé du parti en attendant, je dis bien en attendant, parce qu’il l’a précisé. La conséquence est qu’il n’assume plus la fonction de président de notre parti.
Faut-il, de ce fait, rester dans des querelles de clochers au moment où le pays est en péril ?
Si nous sommes « le rassemblement », les querelles de clochers doivent être des querelles internes qui doivent trouver leurs solutions à l’interne. Cela m’amène à encore tendre la main, à dire à nos camarades de l’ancien UM-RDA et de l’US- RDA d’où qu’ils viennent, quelle que soit leur position, que le Rassemblement Démocratique Africain est leur famille politique ; et dire à Daba Diawara, qui a pris ce recul à cause d’une position sur un sujet, que plusieurs sujets vont concerner le Mali dans un avenir immédiat. Faut-il être à l’écart à cause d’une position ? Non ! Nous avons besoin de tout le monde. Ce parti c’est le RDA, Nous nous réclamons des pères fondateurs du Mali. Jamais, il n’a été question de Modibo Keita et ses camarades, de leurs activités et de ce qu’ils ont fait pour le Mali comme aujourd’hui. Leurs actions pour le développement du pays sont chaque jour rappelées pendant cette période de transition. L’histoire leur a donné raison. Par exemple l’actualité immédiate de la Biennale à Mopti, la référence c’est Modibo et l’US-RDA. Car Modibo KEITA et son parti l’US RDA sont indissociables. Ce sont des Hommes, des idéaux et des pensées qui ont fait tout ce qui a été le mérite de Modibo Keita. C’est un groupe avec un idéal qui était soudé autour du Mali. Nous pensons que le RDA a eu de bonnes idées, de 1946 à 1960, pour faire l’indépendance ; de 1660 à 1968 pour monter tout ce dont le Mali a bénéficié pendant huit (8) ans, que jamais un régime n’a pu faire autant en un minimum de temps pour le développement de la nation. Tout le monde le reconnaît. Nous sommes les héritiers de ces idéaux, nous sommes les détenteurs de cette politique et nous pensons que le Mali a plus que jamais besoin de cette politique. Le RDA ne peut être que celui dont a besoin le Mali : avant, aujourd’hui et demain. Et ces idéaux-là, sont notre ADN nous les respirons, nous œuvrons pour ça.
Honorable, beaucoup de personnes parlent du nord en véritables néophytes, Est-ce que vous pouvez faire savoir à nos lecteurs, les véritables clivages de cette situation ?
C’est un sujet tellement complexe, le nord a toujours été, ce que certains continuent de dire, bastion des rébellions et autres désordres. Nous, nous avons dit comme ceux qui ont fait la rébellion que le nord a été un territoire sous développé par rapport au reste du Mali. Le déséquilibre et le fossé étaient très grands entre les régions du sud et celles du nord du pays. Beaucoup de gens ne savaient et ne savent pas ce que c’est que le nord. Beaucoup de gens qui ont été de grands responsables de ce pays-là, jusqu’à être premier ministre, n’ont jamais visité le nord, contrairement à ceux de l’US-RDA où Modibo faisait avec ses camarades une fois par an sa tournée à l’intérieur du Mali. Il était à Kidal, à Gao, à Tombouctou par bateau pour voir les moindres villages. Ceux qui parlent au nom du Mali sans le connaître ne peuvent pas le gérer. Ils ne peuvent ni dire la vérité aux gens, ni savoir les réalités du pays. Le nord, c’est un ensemble d’ethnies, de visions d’histoire et de traditions. Nous l’avons dit à nos frères, à nos enfants qui ont tenté de faire la rébellion de ne pas la faire parce que ça ne nous avancera pas. Elle finira sur une table de négociation. L’Etat ne nous a pas écoutés à deux périodes distinctes et les jeunes du MNLA non plus comme je viens de le dire, sinon on ne serait pas là. Le nord est assis sur des richesses extraordinaires connues par les Occidentaux. Donc, tant que nous Maliens, ne nous donnons pas la main, nous ne comprendrons jamais pourquoi l’Occident cherche à nous diviser. Mettons-nous ensemble pour conserver ces richesses pour les générations futures.
Alors, ce qui s’est passé de 2012 à aujourd’hui, cette rébellion, ce sont aussi des erreurs qui ont été commises. Mais aujourd’hui Il est important de rappeler à chacun que ça suffit. Nous avons besoin de la paix, nous avons besoin de construire le Mali. Nous devons nous associer à ce qui est aujourd’hui la réalité du pays pour avancer ensemble.
On ne peut pas parler du Nord sans l’accord de la paix. Je disais aux autorités sous IBK, La première erreur est d’avoir envoyé les ministres du gouvernement du Mali devant la communauté internationale en témoin face à un pseudo gouvernement de l’Azaouad. C’était comme entériner la création de l’Azaouad. Ce que j’avais proposé en son temps sous IBK n’a pas été suivi sinon on n’allait jamais envoyer, au premier coup face aux jeunes rebelles, le gouvernement du Mali. Il fallait envoyer des ressortissants du Nord qui connaissent le problème. Ils se parlent entre frères, entre eux parents. L’homme de Kidal vit les mêmes problèmes que l’homme de Tombouctou ; l’homme de Gao vit les problèmes que l’homme de Ménaka. ils auraient pu s’entendre devant la communauté internationale et exiger de l’Etat malien quelque chose. Au lieu de signer un texte préalablement établi et l’imposé à l’Etat malien le couteau sous la gorge. Voilà la grosse erreur dont les conséquences sont en train de nous poser des problèmes parce que l’accord qui a été écrit n’est pas adaptable dans son contenu tel quel. Il faut le revoir. Certains ont parlé de lecture intelligente. L’accord est caduc aujourd’hui pour une autre raison fondamentale : les acteurs ou les responsables de l’insécurité au Nord, ne sont pas les mouvements qui ont signé l’accord. Ce sont ceux qui les avaient délogés dans leur parcours, c’est-à-dire les mouvements djihadistes et islamistes. Nos frères de la rébellion ne sont plus les responsables de l’insécurité parce qu’ils ont déposé les armes. Ceux qui créent l’insécurité au nord sont les Djihadistes qui ne sont pas signataires de l’accord. A cause de cela, on doit envisager une solution pour qu’on revoie l’accord d’une autre manière avec d’autres responsables, d’autres visions et d’autres engagements et œuvrer ensemble afin que la paix revienne.
Est-ce qu’il y a de bonnes perspectives après le retrait du Mali du G5 sahel et de la MINUSMA quand on sait que cette question divise les citoyens ? Qu’en pensez-vous personnellement ?
Cette situation est malheureusement très difficile. Rappelez-vous que ATT, ce président militaire qui ne voulait pas la guerre, a toujours dit dans la sous-région : « Retrouvons nous ensemble pour combattre ce qui est en train de nous arriver. Un seul pays ne peut pas y faire face ». ATT n’a pas été écouté. Nos vrais problèmes de mise en place du G5, de la MINUSMA, ou autres organisations, c’est notre incapacité à nous seuls de pourvoir traité nos problèmes. C’est ce qui a fait que l’étranger s’y mêle, que ce soit la France, les Nations Unies ou L’union Européenne. C’est parce que nous avons été incapables, nous Africains et Maliens de nous entendre sur quelque chose, de nous mettre d’accords sur nos problèmes que nous allons solliciter l’Occident. Sortir du G5 sahel pour des petites raisons après l’avoir créé n’était pas une bonne chose pour le Mali. Les autorités auraient dû rester dans le G5 sahel, mais sans la France. Et, la seule organisation qui aurait pu nous mettre ensemble, nous du sahel qui sommes victimes de cette ingérence extérieure des djihadistes et autres pour pourvoir nous défendre nous-mêmes avec nos moyens, avec nos capacités avec nos idées, avec notre connaissance de notre population et de nos réalités est le G5 sahel. Il faut que le Mali revoie sa position. Quand j’étais à l’assemblée Nationale en 2013, les enregistrements le témoignent, j’étais le seul député à avoir levé la voix contre l’arrivée des Nations Unies. En 2013, je protestais contre l’arrivée des Nations Unies pour créer une force d’interposition au Mali entre l’armée malienne et les rebelles. Ce n’était pas une guerre entre deux Etats alors que les Nations Unies venaient avec cette idée de l’état de l’Azaouad. Je refusais également parce qu’on risquait d’être un pays sous tutelle. Malheureusement, je n’ai pas été écouté. La MINUSMA a été créée, par mutation de la MISMA et a fait 10 ans avec des missions qui ne nous permettaient pas de revenir à la paix. Plusieurs amendements ont été apportés à sa mission au renouvellement annuel de son mandat même sous la rectification de la transition, avec les mêmes erreurs. La MINUSMA ne peut jamais être une armée pour le Mali. L’homme de la rue exigeait de la MIUSMA ce qui n’était pas sa mission. Aujourd’hui la MINUSMA part et laisse un vide. Il faut trouver les moyens de le combler sur le plan sécuritaire, sur le plan emploi, parce que 6000 à 8000 personnes seront au chômage avec tout ce qu’on connait comme difficultés financières pour notre pays la solution n’est pas aisée. Il sera difficile pour le Mali de soulager immédiatement tous ces hommes. Par contre, il faut des manières douces pour accompagner le départ de la MINUSMA. Les 6 mois sont peu, mais c’est décidé ; il faut y arriver. Après les 6 mois, nous devons nous donner le délai de 2 ans qui aurait pu être accordé à la MINUSMA pour que nous puissions être dans une position de maîtrise de notre territoire, d’installation de l’administration, de sécurisation des populations, de contrôle de nos frontières, d’insertion des combattants et de création d’emplois aux licenciés. Tout ceci doit être fait dans ce sens, connaissant le nord avec son état, avec ses divergences, avec son étendu. L’armée monte en puissance, il faut saluer ce qui est en train d’être fait. Cela est-il suffisant ? le problème est politique, administratif, militaire, social ; C’est ensemble, dans l’entente, la collaboration que nous pouvons réussir. Alors, il faut que l’Etat voie la bonne stratégie. Cependant, quand on est fort, on peut s’imposer, tant mieux aujourd’hui, l’armée peut le dire. Mais on ne s’impose pas par la force pour tuer ses propres populations. Amenons les fauteurs de troubles à comprendre plutôt ce qui nous arrive de l’extérieur et corrigeons-le ensemble. Vous savez tout ce qui est en train d’être fait pendant la transition en terme de souveraineté a été fait par l’US RDA. Je donne juste un exemple : on cite Modibo Keita, mais le RDA a cherché l’indépendance contre qui ? C’est contre la France. L’armée malienne a été créée en demandant à l’armée Française de quitter le Mali, avec un discours mémorable de Modibo Keita que vous connaissez. L’armée Malienne a été équipée par qui ? A partir de 1961 par l’URSS. Est-ce que cela a empêché le Mali d’être membre des non-alignés, d’être reçu par Kennedy, par Mao, par Khrouchtchev, la Reine d’Angleterre ? Tous les grands de ce monde, Donc, donnons notre position, mais restons dans une diplomatie constructive, parce que nous ne pouvons pas vivre en autarcie. Il faut rester intransigeant mais travailler avec le reste du monde.
Je veux une diplomatie constructive où le Mali peut parler avec tout le monde. On ne peut pas se considérer comme l’ennemi du monde entier ou que le monde entier n’aime pas le Mali. Qu’on choisisse la Russie aujourd’hui ou la Chine, faisons avec la CEDEAO, avec la Côte-D’ivoire, avec l’Union Africaine, parce que l’OUA, c’est d’abord le Mali. Faisons donc avec l’Afrique. N’écoutons pas les extrémistes qui nous opposent à nos parents, à nos frères, à nos voisins à ceux qui peuvent être nos partenaires de tous les jours. Faisons avec l’Union Européenne, avec le Danemark. Ces gens nous ont toujours respectés sous Modibo au point où si le ministre des Affaires étrangères du Mali ne parlait pas, l’Afrique n’avait pas parlé aux Nations-Unies. Il s’agit de notre comportement dans la dignité. Soyons responsables, soyons d’accord avec tout le monde. Modibo a eu la Chine, l’Union Soviétique, les Etats-Unis, le Royaume-Uni donc l’Est et l’Ouest. C’est la reine d’Angleterre qui a offert les premiers avions ; trois DC3 pour créer Air-Mali et désenclaver le Mali. Restons avec tout le monde, mais dans notre souveraineté, dans le respect de nos positions. C’est une vérité qu’il faut appuyer. Le tigre ne crie pas sa tigritude d’après SANKARA. C’est dans notre comportement et nos actes qu’on va nous respecter. Quand le tigre lève sa tête, on sait qui on a en face.
Qu’est-ce que vous pensez de la nouvelle constitution ? Est-elle de nature à sortir notre pays de cette situation et à nous créer de nouvelles perspectives ?
Par rapport au Référendum, une nouvelle Constitution a été votée avec une majorité écrasante de « Oui ». Les avis sont démocratiquement divers, être pour ou contre à cause d’un mot, d’une méthode ou d’un principe la Constitution est là, elle a été promulguée, elle est applicable, c’est fini ! Mettons-nous à appliquer ce que notre loi fondamentale nous demande désormais, soyons de bons citoyens. On est bons citoyens quand on accepte la loi, quand on applique la loi, quand on applique les conséquences de la loi. On est bon démocrate quand on respecte le choix de la majorité. Et, à ce niveau-là, le parti RDA Mali se trouve dans ce qui a été voté, dans ce que les Maliens ont décidé. Nous allons les appliquer et c’est dans ce cadre que nous allons continuer à travailler. On ne sera pas éternels opposants, on ne sera pas d’éternels béni oui- oui, mais ce que la Constitution nous donne comme possibilité, en vrai, en faux, en pour, en contre, nous l’appliquerons dans son intégralité.
La constitution votée donne de nouvelles perspectives car c’est la première étape de la sortie de la transition que je souhaite heureuse pour le Mali, il faut croire à la suite.
Quel est votre mot de la fin ?
J’appartiens à un parti politique, j’ai la conviction que nous pouvons faire des choses dans ce pays. J’ai la conviction que le RDA-Mali est un parti qui peut être écouté aujourd’hui, un parti qui a les potentiels : historiques, éducatifs et humains, pour pouvoir s’imposer, parce qu’il n’est pas donné à n’importe quel parti de se reconstituer. Au moment où les autres se fracturent, nous, nous sommes en train de dire que la famille se retrouve. Notre leitmotiv, notre principale boussole, ce sont les idéaux des pères de l’indépendance que nous respectons. Le RDA-Mali prendra sa place. Nous sommes avec les autorités de la transition, nous avons soutenu la Constitution, nous serons avec les autorités pour la fin heureuse de la transition. Nous sommes convaincus qu’elles sont responsables et savent ce qu’il y’a de bien pour le Mali. J’en veux pour preuve les mots du premier ministre, à la date du 12 juillet dernier : « sachons terminer la transition pour être en accord avec la Communauté Internationale, pour être en accord avec notre population, ce qui est dans l’intérêt du Mali ». Donc, je pense que cela va se faire dans les meilleures conditions et le Mali reprendra la compétition politique, parce qu’il n’y a pas de démocratie sans partis politiques. Il faudra accepter cela et que le débat d’idées reprenne. Ces politiques savent faire du bon, ils sont des Maliens qui ont le courage de se présenter comme tels, ils aiment leurs pays. Contrairement à ceux qui disent ne pas être politiques et veulent que leur politique soit appliquée, nous, nous avons dit que nous sommes des politiques. Certains veulent que leur politique soit appliquée en opposant les politiciens aux maliens alors qu’en réalité ils veulent faire appliquer leur politique. Alors, il faut que les responsables comprennent, que le Malien lambda sache que chacun est dans sa politique et que le meilleur soit pour le Mali. C’est cela mon souhait. Vive le Mali.
Propos recueillis par Fakara Faïnké
Le Républicain