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Egal accès aux médias d’état : A quand l’ORTM sera-t-il au service du Peuple ?

Radio Soudan devenue Radio Mali après l’accession du Mali à l’indépendance en 1960, puis Radiotélévision du Mali (RTM) dans les années 1980 pour enfin devenir l’Office de Radiotélévision du Mali (ORTM) après la Révolution Populaire de 1991.

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L’Office de Radiotélévision du Mali a aujourd’hui 54 ans. Que de chemins parcourus. 54 ans toujours après, le constat demeure le même : l’ORTM reste un instrument de propagande  au service des différents régimes. Sous d’autres tropiques, les médias sont de véritables moyens d’information, de formation, d’éducation et de sensibilisation des populations. Il n’y a qu’en Afrique en général et au Mali en particulier que cette mission dévolue au média public est totalement pervertie pour devenir un  instrument de désinformation, d’intoxication, d’aliénation et d’assujettissement du peuple. Quelques faits illustrent ces allégations :

Le 19 Novembre 1968, c’est à la radio Mali que le peuple est informé de la chute de Modibo Keita, premier président du Mali Indépendant. Le communiqué laconique l’annonçant est lu par un certain lieutenant Moussa Traoré, jeune Officier de seulement trente deux ans, à la tête d’un Comité militaire de libération nationale (CMLN).  Un Comité qui régnera plus tard sans partage 23 ans durant. Du coup d’état de 1968, jusqu’à la chute du régime Militaro fasciste, la RTM est le principal instrument de propagande, de dénigrement et de pression contre toute dissidence. Toute opposition tant sur le plan politique que syndical est réprimée. On fit chanter les opposants à la radio, sous la torture et l’humiliation. Le brillant bilan des huit ans  du régime de Modibo est passé au crible et noirci à dessein de tous les péchés d’Israël.  Puis c’est la descente aux enfers jusqu’au 26 Mars 1991 où un soulèvement populaire parachevé par l’armée conclura en beauté la lutte héroïque de tant d’années de clandestinité pour la démocratie et le multipartisme.

En 1991, c’est aussi par la RTM qu’un certain Amadou Toumani Touré, alors lieutenant-colonel, s’adressa au Peuple en annonçant la chute du régime dictatorial du Général Moussa Traoré. C’est l’hymne à la gloire des nouveaux maitres, mais surtout des images horribles des journées chaudes de 1991 pour justifier le coup d’état. La RTM, fidèle à sa tradition, se met à la disposition du pouvoir et pose un black-out total sur les images et autres éléments de l’ancien régime qui sont mis dans les archives pour ne pas heurter la susceptibilité du Conseil National de la Réconciliation (CRN) qui deviendra plus tard le Comité de Transition Pour le Salut du Peuple (CTSP).

En 1992, Alpha Oumar Konaré est élu Président de la République au second tour contre Tiéoulé Mamadou Konaté. Il engage de grandes réformes dans tous les domaines y compris celui de l’audiovisuel. Il change non seulement le nom RTM en ORTM en lui assignant de nouvelles missions. Pour la première fois au Mali les activités de l’Opposition sont couvertes par L’ORTM. Des débats contradictoires sont organisés. Pour la première fois aussi, les séances de  l’Assemblée Nationale sont retransmises en direct sur L’ORTM.

En 2002, ATT revenu au pouvoir à la faveur des urnes, met  à son tour la main sur l’ORTM pour en faire un instrument de promotion de son clan.  A  défaut d’avoir un parti il a désormais un moyen pour se vendre : Top Etoile ATT, inauguration d’un puits ATT, coupe de vacances citoyennes ATT, don de la Fondation pour l’Enfance,  deux kilomètres de route par-ci, 30 KM de route par-là construisent l’image  d’ATT et du PDES. L’ORTM n’a jamais daigné montrer des aspects négatifs du régime, c’est l’auto censure. Alors qu’au même moment le Peuple souffrait le martyre dans sa chair et dans son âme, le  musèlement des médias d’Etat aura été l’une des causes de l’insurrection militaire du 22 Mars 2012. Là également, c’est à l’ORTM que la propagande de la junte militaire aura ses lettres de noblesse. Kati était devenu plus grand que Bamako. Les zélateurs et autres soutiens de la bande à Sanogo étaient filmés et montrés à l’opinion publique nationale et internationale. Ce fut le défilé des associations dites « patriotiques » parce que soutenant le putsch. Le premier Ministre de « pleins pouvoirs » et le Président par intérim se livrèrent à un spectacle digne d’une comédie de l’Opéra avec pour metteur en scène, l’ORTM.

En 2013, IBK, dont l’élection avait suscité l’espoir de tout un Peuple grâce à des slogans et autres promesses bien inspirés, comme le Mali D’abord, pour l’honneur du Mali et pour le bonheur des Maliens, n’a jusque-là pas porté la promesse des fleurs du changement escompté. Pire, il marche sur la voie tracée par ATT. Les audiences à Koulouba, le communiqué du Conseil des ministres, les chansons à la gloire de son ancêtre Soundiata Keita et surtout un plateau offert au gouvernement pour justifier ce que d’aucuns ont appelé les malversations de la honte, à l’image de l’émission en langue Bamanakan, animée par Marc Coulibaly avec comme invités : Mme Bouaré Fily Sissoko, ministre des finances et Mahamane Baby Ministre de l’Emploi porte-parole du Gouvernement. En l’absence de l’Opposition ou de la société civile, ce débat de loin n’aura pas tenu ses promesses, tant ce qui avait été dit passait pour de la propagande que de l’information.

Alors, mille questions : le Directeur Général de l’ORTM aurait-il, un jour, le courage d’ouvrir ses antennes à l’Opposition ? Pourrait-il, un jour, organiser un débat contradictoire entre la Majorité et l’Opposition, entre la Majorité et la Société civile autour des grandes préoccupations de la Nation ?  Le pouvoir acceptera-t-il jamais, un jour, de laisser la nomination du Directeur Général de l’ORTM à ses pairs ? A quand la mise en place d’un mécanisme tel que 10 signatures de Directeurs de Publication ou d’organisations faîtières de la société civile pour obliger à chaque fois que de besoin, les pouvoirs publics à se soumettre à l’obligation républicaine et  démocratique du débat contradictoire sur tout sujet d’intérêt National à l’ORTM, par eux choisis. C’est seulement de cette façon que le beau slogan de la passion du service public aura tout son sens dans la reconstruction du Mali.

                                                                                                      Youssouf Sissoko  

SOURCE: Inf@sept  du   15 déc 2014.
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