Ça ne va plus entre le pouvoir Exécutif et le pouvoir judiciaire engagés dans un bras de fer et le ton monte de chaque côté. Une grande première dans la République du Mali!
L’Exécutif, à travers le ministre des Finances Boubou Cissé, décide de suspendre le salaire des magistrats qui sont en grève illimitée depuis des semaines. En réponse à cette décision du Gouvernement, les magistrats balancent le dossier de détournement du gouvernement. Selon eux, la bagatelle de 3 milliards 500 millions de FCFA a disparu au Ministère des Finances. Ils menacent même de poursuivre les auteurs de la disparition de cette manne. Curieusement, y avait la bagatelle et faramineuse somme de 3,5 milliards qui « s’était évaporée dans la nature » au Ministère des Finances et les magistrats, qui en étaient bien informés, ne nous le révèlent qu’aujourd’hui, lorsqu’on annonce faire de la retenue sur leurs traitements… Complicité, aveu de culpabilité ou chantage ? Qui pour les poursuivre (les deux parties) ?
Après cela, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a demandé l’avis de la Cour Suprême. Il a pris la lourde responsabilité de réquisitionner les magistrats en grève illimitée. Selon l’avis d’un éminent avocat, le Premier ministre a fait une vraie fausse solution. Car, à l’en croire, au-delà de la régularité de la mesure, la réquisition, en son principe même, est toujours limitée dans le temps. Par ailleurs, au nom du principe de la séparation des pouvoirs, est ce qu’un pouvoir dit exécutif peut-il réquisitionner un autre pouvoir ? Surtout que toutes deux sont des Institutions consacrées par la Constitution ? Mieux, cette mesure viole la Constitution qui a consacré la liberté syndicale.
La fuite en avant, n’a jamais été une solution. Dans cette affaire, un accord a minima aurait été de loin préférable à cette faute administrative. Cette réquisition est une véritable déclaration de guerre aux syndicats de la magistrature et renseigne les autres syndicats de la République sur ce qui les attend, à l’avenir.
En Assemblée générale, hier mercredi 10 octobre 2018, les magistrats récusent le président de la Cour suprême Nouhoum Tapily et demandent à leurs syndicats de porter plainte contre lui pour forfaiture. Très remontés, ils exigent la démission du Premier ministre, du ministre de la Fonction publique, Racky Talla et de Tienan Coulibaly, ministre de la Justice. Jusqu’où ira ce bras de fer entre le pouvoir Exécutif et le pouvoir judiciaire ?
Tientigui
Le Démocrate