En octobre 2014, suite au protocole d’accord entre le gouvernement et l’UNTM, le SMIG au Mali, salaire minimum interprofessionnel garanti, est passé de 35 000 Fcfa au 1er janvier 2015 à 40 000 Fcfa au 1er janvier 2016. Le taux horaire était ainsi fixé à 230,77 FCFA.
Cet acquis syndical en 2016 peine, encore aujourd’hui, à être appliqué malgré qu’il soit parfois en deçà de ce qui est proposé dans les autres pays de la zone UEMOA. Pour le cas spécifique des enseignants des écoles communautaires, la situation est à la limite de l’indicible et de l’indigne. Certains perçoivent 25 000 FCFA par mois, souvent moins.
Les écoles communautaires sont régies par le décret N° 94-032 portant statut de l’enseignement privé en République du Mali, adopté en mai 1994 sous le régime du président Alpha Oumar Konaré. Ce qui établit clairement que l’Etat a régi les écoles communautaires, et mieux, participe pleinement à sa bonne marche. Comment comprendre alors qu’il puisse être possible que l’école, fusse-t-elle communautaire, ne respecte la règle républicaine du SMIG ?
« La subvention de l’Etat est 25 000 FCFA par mois, le village doit faire un rajout. Ce qui n’est pas effectif. La plupart des enseignants c’est 25 000 FCFA par mois » précise Hamidou Bengaly, directeur d’école à Sikasso. Le constat est établi dans plusieurs zones académiques du pays. A Ségou notamment, « je ne connais pas d’enseignants d’école communautaire qui perçoive 40 000 Fcfa par mois, ce qui correspond au SMIG en république du Mali. Je connais des enseignants dans les écoles communautaires à Ségou, qui touchent moins de 15 000 FCFA par mois, d’autres perçoivent 10 000 FCFA par mois, cela même ne vient pas régulièrement » détaille un autre enseignant à Ségou.
Rappelons que les écoles communautaires ont été initiées dans le but de permettre la participation des populations dans la gestion de l’école. Toutefois, « les mairies et les communautés savent bien que les salaires des enseignants des écoles communautaires ne dépassent pas 25 000 FCFA, l’Etat aussi est au courant de cette somme, qui est bien loin du SMIG » dénonce Adama Toumagnon, enseignant à Ségou.
Par ailleurs, il faut noter que certains enseignants des écoles communautaires n’ont pas le Diplôme d’Etudes Fondamentales (DEF), ce qui influe négativement sur la qualité de l’enseignement, et mieux, cela « n’encourage pas à l’amélioration de cette situation par l’Etat » analyse Adama Toumagnon.
En outre, il faut reconnaître que cette triste réalité est la partie visible de l’iceberg. Car, elle ne doit pas cacher le constat chez d’autres employés non déclarés, tels que les aide-ménagères ou les agents de sécurité privés, qui sont largement en dessous du SMIG.
Ousmane Tangara