Le Président de l’Alliance des Forces Démocratiques (AFD), non moins Président du cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel, Dr Modibo Soumaré, souligne que la candidature du Président de la transition ne doit pas être un sujet de discussion. Dans un entretien qu’il a bien voulu nous accorder, Dr Soumaré aborde plusieurs questions d’actualité.
Le gouvernement de la transition, par le biais du ministre de l’Administration territoriale, a reporté sine die le référendum prévu pour le 19 mars. Pensez-vous que ce report pourrait avoir des répercussions sur les autres scrutins ?
En tant que membre de la classe politique, je ne dispose pas du chronogramme de la transition. Le seul chronogramme dont je dispose est celui de l’indicatif donné à la CEDEAO au moment de la levée des sanctions. Le report du référendum ne me surprend guère car le puzzle de l’organisation est incomplet. Le risque de glissement est réel mais si la bonne foi y est, on pourra trouver de meilleures solutions pour éviter un glissement. Nous avons fait cette proposition et nous attendons la décision du gouvernement. S’il a une meilleure idée et qui soit dans le respect du chronogramme et le délai complémentaire convenu avec la CEDEAO, nous aviserons.
La candidature du président de la transition, Assimi Goita, suscite des débats. Certains estiment qu’il n’y a pas d’interdiction à ce qu’il se présente, tandis que d’autres soutiennent que la charte de la transition le lui interdit. Quel est votre avis sur cette question ?
L’hypothèse de la candidature du président de la transition ne doit même pas être un sujet de discussion. L’article 9 de la charte de la transition, qui est l’apanage même de la transition (Loi n°2022‐01) dit : ‘’le Président de la Transition n’est pas éligible aux élections présidentielle et législatives qui seront organisées pour marquer la fin de la Transition et la présente disposition n’est pas susceptible de révision’’.
Alors, où allons-nous mettre cette charte ? Va-t-on encore la violer et avec quelle conséquence ? Je suis prêt à être son conseiller de façon bénévole et le convaincre de respecter la charte pour le grand intérêt du peuple malien. Ceux ou celles qui disent que la majorité des Maliens veut sa candidature, ils ont eu cette majorité comment ? Je pense que la majorité s’obtient dans les urnes. Aujourd’hui, il est facile de dire ce qu’on veut à travers les réseaux sociaux. Mais, le Mali est très vaste pour parler derrière son téléphone au nom de l’ensemble de la population.
Si cette candidature est confirmée malgré tout, comment prévoyez-vous de la traiter sur la scène politique ?
Avec des ‘’si’’, on peut changer ‘’l’enfer en paradis’’, si la loi le permet- ce qui n’est pas le cas- à titre personnel, je le prendrai comme un adversaire politique et avec mes amis de l’ARP, nous l’affronterons dans les urnes. Mais, je lui conseille de s’inspirer du président Mamady Doumbia de la Guinée. Au Mali, il est facile de voir la foule derrière soi mais, à un temps donné, vous ne verrez personne.
Les politiques sont souvent critiqués pour être à l’origine des maux du pays. Quel est votre commentaire à ce sujet ?
Les meilleures propositions pour le développement de ce pays sont venues des politiques. Je considère cela comme un faux procès à la classe politique.
Par le passé, les partis politiques ont eu des cadres de concertation avec le ministre de l’Administration territoriale. Cette pratique se poursuit-elle aujourd’hui ?
Si le ministère de l’Administration est le ministère de tutelle des partis politiques, il est bon que cela continue. Le dernier cadre de concertation s’est tenu d’ailleurs le 14 mars passé.
L’actualité récente a été marquée par l’arrestation de Mohamed Youssouf Bathily, alias Ras Bath, ainsi que “Rose Poivron”, sans oublier l’incident lors de la conférence de presse d’Issa Kaou Djim à la Maison de la presse. En tant que politique, quelle est votre réaction face à ces événements ?
Les arrestations et surtout celles suivies d’emprisonnement devraient être des exceptions.
Je suis convaincu que pendant le procès des uns et des autres, le droit serait dit et j’espère que la liberté provisoire leur sera accordée le plus tôt possible. Tout cela montre encore une fois de plus que le droit, les libertés individuelles et collectives se doivent d’être garanties, préservées et défendues de façon pérenne.
Dans les commissariats et autres lieux d’enregistrement, on peut observer des personnes âgées assises par terre et des gens qui quittent leur domicile très tôt pour se faire enrôler pour la future carte d’identité biométrique. Quel est votre commentaire sur cette situation ?
La carte biométrique est une bonne initiative pour les élections mais, si les bornes n’existent pas pour le vote, ça restera incomplet. Déjà, il faut éviter que l’enrôlement devienne un parcours du combattant pour les populations. L’Etat doit chercher les voies et moyens pour faciliter l’enrôlement de la population à tous les niveaux. L’enrôlement ne doit pas empiéter sur l’activité journalière de la population.
Propos recueillis
par Drissa Togola
Source: Le Challenger