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Démolition dans la zone aéroportuaire L’ancien maire : Alou Coulibaly déshabille Adama Sangaré et Ami Kane

Après le démarrage courageux des opérations de démolition des constructions illicites dans la zone aéroportuaire, l’heure est venue de situer les responsabilités dans cette scandaleuse affaire. En effet, dans un souci de justice sociale, les autorités de la transition doivent aller jusqu’au bout en situant les responsabilités pour que justice soit rendue aux victimes qui étaient mues par la volonté de se trouver un toit à Bamako.

Pour aider les autorités de la transition dans la quête des responsables de cette anarchie dans la zone aéroportuaire, celui qui s’est battu en son temps contre cette situation rompt le silence. Il s’agit de l’ancien maire de la commune VI, Alou Coulibaly, injustement révoqué de ses fonctions par le régime d’IBK. En effet, durant son passage à la tête de la commune, M. Coulibaly s’était farouchement opposé au morcèlement de la zone aéroportuaire par le maire central du district de Bamako, avec la bénédiction du gouvernement de l’époque, Sacko Ami Kane. Il s’était battu comme un beau diable contre la vente de parcelles dans cette zone classée d’utilité publique. Malheureusement, l’homme prêchait dans un désert. Aujourd’hui, l’Etat doit faire face aux larmes des populations innocentes, meurtries, trahies et dupées par les autorités du District, à savoir le maire Adama Sangaré et l’ex-Gouverneur, la dame à la réputation sulfureuse, Ami Kane.

L’entêtement des autorités du District
Dans un entretien qu’il nous a accordé, l’ancien maire de la commune VI lève le voile sur la responsabilité des autorités du district de Bamako dans cette anarchie dans la zone aéroportuaire. Il rappelle sa position par rapporte à cette occupation illicite dans cette zone. En effet, la position d’Alou Coulibaly est claire : « Depuis que j’étais à la mairie, j’ai eu à le dire sur toutes les antennes que c’est une zone qui a été classée d’utilité publique. De ce fait, elle ne devrait pas être occupée. Mais, des autorités se sont entêtées à installer les gens là-dessus, au mépris de toutes les lois de la République. Aujourd’hui, c’est bonjour les dégâts. On doit tirer les conséquences. » Dans cet entretien, il explique les raisons pour lesquelles il était opposé au maire de Bamako, Adama Sangaré. Selon lui, dans la gestion des collectivités, la ville aux trois caïmans dispose d’un statut particulier qui fait en sorte que son maire ne peut pas intervenir dans une commune sans l’accord du maire de ladite commune. Il poursuit, en expliquant qu’en plus de cela, la zone dont il est question est classée d’utilité publique par décret pris en conseil des ministres. « Du moment où il n’y a eu aucune réaffectation, encore moins de changement de vocation, ce n’était pas normal du tout que le maire du District fasse des opérations dans cette zone. A l’époque, moi, en ma qualité de premier responsable de la commune VI, j’ai décidé que ces opérations ne pouvaient pas continuer », soutient Alou Coulibaly.

« Si j’étais toujours le maire… »
L’ancien maire est formel : « Si j’étais toujours le maire, ces maisons démolies aujourd’hui n’allaient pas être pas construites. Puisque la grande partie des maisons qu’on a démolies a été construite à mon absence. A l’époque, j’ai tenu à écrire au maire et au Gouverneur du District pour attirer leur attention par rapport à l’occupation anarchique de la zone. Aucun d’entre eux n’a daigné me répondre. Ce qui dénote une complicité possible entre ces deux autorités pour envoyer les populations à l’abattoir. » En effet, dans une correspondance adressée au maire du district de Bamako, l’ancien maire de la commune VI exprimait son inquiétude par rapport à l’occupation anarchique de la zone aéroportuaire. Dans cette missive, il rappelait ceci : « La zone aéroportuaire est un domaine public inattaquable dont la protection est connue de tous. Elle ne saurait sous aucun prétexte faire l’objet de spéculation foncière sauf disposition contraire. Il est constant que la zone aéroportuaire n’a fait l’objet d’aucun déclassement par changement de vocation, encore moins une affectation en votre endroit. Pour autant, la zone dont il s’agit est gangrenée de vos attributions, objet de notification suivant diverses décisions. (…) Monsieur le maire, il s’agit d’un scandale foncier. Le scandale se justifie par le fait que toutes vos opérations de morcèlement ont lieu au mépris des lois et règlements en vigueur, au respect de la mairie de la commune VI en tant qu’autorité de tutelle. Vous constaterez que juridiquement toutes les décisions supportant les attributions sont aléatoires. C’est pourquoi je vous exhorte à retirer purement et simplement les décisions concernées sans délai. »

L’indifférence d’Ami Kane
Dans la même lancée, Alou Coulibaly avait informé le gouverneur du District de l’époque, Ami Kane, à travers une autre correspondance, des agissements du maire de la capitale. En vain. Car, il est convaincu qu’aucunement, cette zone ne pourra être occupée avec des constructions à usage d’habitation. « Le maire qui l’a fait et le gouverneur qui a laissé faire savaient pertinemment la réalité de la chose. Pour moi, ils ont fait sciemment d’envoyer les populations à la boucherie », déclare-t-il. C’est pourquoi Alou Coulibaly invite les autorités de la transition à faire régner la lumière sur cette situation en situant les responsabilités.
Aujourd’hui, force est de constater que des populations sont victimes d’une situation dans laquelle elles ne sont pour rien. A juste raison, car, aux dires de l’ancien maire de la commune VI, « quand un maire délivre un papier, le citoyen lambda, ne connaissant pas les textes, pense que le maire a déjà réglé la procédure d’acquisition avant de passer à l’attribution. Du coup, les populations se sont mises à construire tout ce qu’elles veulent dans la zone. Je pense qu’il y a eu un crime. Vraiment, toute la lumière doit être faite ». A l’évidence, les propriétaires des maisons démolies sont victimes de l’irresponsabilité de l’Etat qui ne s’est pas assumé à un moment. Dommage !
Le maire URD qui avait combattu cette anarchie se trouve aujourd’hui par la force des choses logeur de certaines familles dont les maisons ont été démolies. En effet, Alou Coulibaly héberge dans son école, à Sirikoro, quelques familles qui n’avaient plus où se loger. Ces familles que nous avons rencontrées ne savent plus à quel saint se vouer après la démolition de leurs maisons. Elles disent se remettre à Dieu.
Youssouf Diallo

Source: La lettre du Peuple
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