Face aux dysfonctionnements dans les pratiques judiciaires et dans le fonctionnement des cours et tribunaux et les manquements graves à la discipline, à la déontologie et à l’orthodoxie des professions juridiques et judiciaires, le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Mali, Ousmane Bouba TRAORE, est sorti de son silence pour rappeler à l’ordre. Dans un communiqué, l’ordre des avocats du Mali rappelle que ces dysfonctionnements ont atteint leur point culminant, se traduisant par la récente sortie de deux magistrats sur les réseaux sociaux et de certains autres acteurs de la justice qui se livrent à des actes peu orthodoxes. Face à la situation, l’ordre des avocats a invité les autorités de la Transition à faire respecter l’ordre et la discipline au sein de la famille judiciaire.
Communiqué
Le Barreau du Mali, fort de sa longue tradition de veille citoyenne, de sentinelle des droits de l’homme, et de la sécurité juridique et judiciaire constate avec regret et non sans amertume la déliquescence de notre Justice, se caractérisant par de très graves dysfonctionnements dans les pratiques judiciaires et dans le fonctionnement des cours et tribunaux. Des manquements graves à la discipline, à la déontologie et à l’orthodoxie des professions juridiques et judiciaires. Des confusions de tous genres, concurrence déloyale, interventionnisme qui sapent les fondements de la justice, socle de l’Etat de droit, pilier de la Démocratie et de la sécurité des citoyens. Le dévoiement de la solennité de la justice à tous les niveaux.
Le Barreau rappelle que ces dysfonctionnements ont atteint leur point culminant, se traduisant par la récente sortie de deux magistrats sur les réseaux sociaux et de certains autres acteurs de la justice qui se livrent à : Des joutes médiatiques ; Des remises en cause des principes fondamentaux de la République et de l’Etat de droit ; De la remise en cause des principes fondamentaux du procès pénal.
La refondation du Mali, tant souhaitée par les autorités de la transition, passe aussi et surtout par le renouveau de la justice, dont l’Avocat est un acteur majeur et essentiel. Sans une justice forte et crédible, point d’Etat de droit. Il n’est un secret pour personne que tous les acteurs de la justice font majoritairement l’objet de discrédit et de rejet de la part de la population. Les griefs sont nombreux et variés : Corruption, traitement de faveur, impunité, lenteur judiciaire, abus de pouvoir, concussion. Ce constat accablant n’honore nullement les acteurs de la justice que nous sommes.
Le sacerdoce lié à nos professions nous impose aujourd’hui une remise en cause sans complaisance, un examen approfondi de conscience, un changement général et irréversible de comportement, un réarmement moral.
La justice est le seul instrument de régulation sociale, politique, économique et administratif, dont nous sommes à la fois acteurs et sujets.
A cette période historique de notre patrie meurtrie, nous, acteurs de la justice, avons le devoir absolu de réincarner les valeurs qui sont les nôtres, de répondre aux cris des concitoyens désemparés, à l’appel persistant et bienfondé de l’histoire. C’est pourquoi, le Barreau du Mali : Invite solennellement les Autorités de la Transition à faire respecter l’ordre et la discipline au sein de la famille judiciaire, qui est pourtant censée en assurer l’effectivité dans la société ; invite le Ministre de la Justice et Garde des sceaux à se saisir cette occasion pour organiser les états généraux de la Justice. L’heure est grave, il faut saisir l’instant présent.
Le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Mali Ousmane Bouba TRAORE
Source : Info Matin