Deux mois après le décès tragique de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, la direction de son parti, l’Alliance pour la solidarité au Mali, Convergence des forces patriotiques (Asma-CFP) est sorite de son silence. Debout sur les remparts, les héritiers du tigre de Badala sont déterminés à faire la lumière sur les circonstances de la mort de leur mentor.
SBM s’est éteint le 21 mars 2022 des suites de maladie, alors qu’il était en détention. Toutes les démarches pour son évacuation pour l’étranger étaient restées vaines. C’est pourquoi, indigné par les circonstances de cette tragédie, l’Asma-CFP n’entend pas croiser les bras. Ainsi, les responsables du parti veulent honorer la mémoire de l’illustre défunt. Pour ses héritiers, ce décès rappelle malheureusement avec gravité que les droits et les libertés ne sont pas un acquis définitif et qu’ils doivent être préservés à travers un combat permanent.
Il est à rappeler que ce grand sportif, journaliste, syndicaliste et homme politique était un militant courageux et intrépide, un combattant et un défenseur acharné des libertés et des droits humains, un démocrate convaincu et engagé. Il fut un grand commis de l’Etat au parcours rare, doté d’une intelligence fine, d’un sens élevé de l’organisation et de l’anticipation ; un homme de vision, au regard lucide, à l’analyse fine et au jugement pertinent. C’est pourquoi le parti se réserve le droit d’initier toute action judiciaire, aussi bien au plan national qu’international, visant à faire la lumière sur les conditions de détention et les circonstances du décès du camarade président. Cette information, synonyme de réveil, a suscité l’espoir pour non seulement les militants du parti, mais aussi pour tous les défenseurs des droits de l’Homme. L’information a été rendue publique à l’espace Maeva de Bamako, à l’occasion du neuvième anniversaire de la création du parti, couplé à la rencontre de la direction avec les secrétaires généraux des sections de l’intérieur et du district de Bamako. De l’analyse de ses héritiers, le décès de SBM constitue une grande perte pour la nation malienne qui a toujours été au cœur de ses projets et actions politiques. En effet, inculpé et placé sous mandat de dépôt le 26 août 2021 dans le cadre du dossier dit des équipements militaires et de l’avion présidentiel sans le vote de la mise en accusation par l’Assemblée nationale, préalablement fixé par la Constitution, Soumeylou Boubèye Maïga a été détenu à la Maison centrale d’arrêt de Bamako où, du haut de ses 67 ans, il partageait la cellule avec plus de quatre-vingt (80) autres détenus de tous genres. A en croire les responsables de l’Asma, cette situation visait à faire taire un homme politique d’envergure. A les entendre, les conditions infrahumaines de détention dont il ne s’est jamais plaint et qui visaient à l’humilier et à l’anéantir lui ont valu de contracter une pathologie dont la gravité a amené les autorités elles-mêmes à le transférer sans ordre d’extraction dans une clinique de la place. Le médecin traitant, après un diagnostic sans complaisance et au constat de l’absence d’un plateau technique approprié au Mali, a conclu en la nécessité de son évacuation vers une structure appropriée en considération de la célérité de la dégradation de sa santé et de l’engagement de son pronostic vital. Cette conclusion a également été celle du collège de médecins spécialistes mis en place par les autorités à l’effet d’une contre-expertise. De ce fait, il apparait aux yeux des responsables de l’Asma que la nécessité de son évacuation ne faisait ainsi plus de doute et de discussions. Cependant, celle-ci lui a été refusée, malgré les multiples demandes et autres suppliques de sa famille et malgré l’intervention de toutes les bonnes volontés. A cet égard, la direction de l’Asma estime que les conditions de la détention et sa mort dans ces circonstances interpellent au premier chef les autorités, interrogent et soulèvent de nombreuses questions qui méritent, voire commandent d’être répondues. C’est pour cette raison que le parti ne s’est pas fait prier pour demander l’ouverture d’une enquête menée par une commission constituée de personnalités indépendantes en vue de faire toute la lumière sur les circonstances du décès du camarade Soumeylou Boubèye Maïga et de situer les éventuelles responsabilités. D’ores et déjà, faut-il déduire que nous nous acheminons à vivre un feuilleton judiciaire inédit. L’Asma CFP semble plus que jamais déterminé à défendre l’honneur de son défunt mentor.
Jean Goïta
Source: La Lettre du Peuple