La présente étude vise à contribuer à une meilleure compréhension de certaines dynamiques sécuritaires dans la région et à s’interroger sur l’avenir de la négociation comme stratégie d’endiguement de l’instabilité au Sahel. Elle est le résultat d’une revue de la littérature ainsi que des entretiens informels, semi-structurés et confidentiels qui ont été menés.
Elle est réalisée dans une optique à travers laquelle s’inscrit l’option du dialogue avec les groupes extrémistes violents.
“C’est une initiative de Friedrich Ebert Stiftung et elle est venue suite d’un certain nombre de constats. Notamment la réponse tout sécuritaire semblait poser ses limites et une certaine lassitude des populations aux réponses qui étaient déployées. Il y a environ près de 200 interlocuteurs au Mali, Burkina et au Niger. C’est surtout dans le contexte actuel du Mali que c’est possible de mettre en œuvre certaines des recommandations de l’étude. « La réponse militaire est indispensable dans certaines conditions, mais à elle seule, n’est pas suffisante. Le dialogue ne doit pas être perçu comme un remplacement de la réponse militaire, mais un complément », a précisé Baba Dakono, auteur de l’étude.
Dans son étude, l’auteur propose différentes approches de discussions notamment avec les principaux combattants, ce qu’il appelle l’approche bas et avec les principaux leaders des groupes armés, qu’il nomme l’approche par le haut.
Pour Dr. Marième Sidibé, cheffe de projet plateforme d’analyse, de suivi et d’apprentissage au Sahel, l’approche par le bas semble plus innovante et elle approuve la pertinence du contenu de l’enquête. Elle trouve que le document est toujours d’actualité malgré les 6 mois écoulés après sa publication.
L’étude a présenté un aperçu analytique des contextes sécuritaires en mettant en évidence les dynamiques importantes qui sous-tendent les situations dans les pays visés.
Les analyses de l’auteur et les intervenants dans la salle ont porté sur la question d’une stabilité négociée pour la gestion de la crise sécuritaire tout en suggérant chacun des options dans le cas échéant.
Le ministre de la Décentralisation et de l’Administration territoriale Colonel Abdoulaye Maïga, a approuvé cette étude et se dit oui à une stabilité négociée. A son avis ce besoin est plus que jamais urgent sur le plan financier, politique et sécuritaire. Mais il amène les opinions à cette réflexion “Que faut-il offrir en termes de négociation?”
Au cours de cet atelier de présentation de l’étude : « du tout sécuritaire » au dialogue diplomatique : faut-il envisager une stabilité négociée au Sahel ?, beaucoup d’acteurs œuvrant dans le secteur sécuritaire ont pris part à cet exposé.
Parmi eux figuraient le chef du département ministériel de la décentralisation et de l’aménagement territorial, les représentants de la société civile, des journalistes, des diplomates et des responsables de la coopération internationale au développement au Burkina, au Mali et au Niger.
La région du Sahel est longtemps confrontée à des crises politiques et humanitaires, qui ont occasionné de violences face à laquelle les réponses sécuritaires apparaissent de moins en moins efficaces.
Selon Friedrich Ebert Stiftung, cette insécurité dans le Sahel, caractérisée par l’activisme des groupes extrémistes violents, la criminalité organisée transnationale et la résurgence des conflits locaux est, avant tout, la conséquence de la fragilité des États.
Elle est, dans la plupart des cas, le résultat de l’incapacité ou parfois l’inefficacité des États à intégrer les espaces frontaliers dans les politiques nationales. Elle est également due à l’absence ou au faible niveau des investissements productifs dans ces espaces.
Le manque de protection ainsi que les déficits d’accès aux services sociaux de base, en particulier dans les communautés rurales, ont lentement érodé la confiance aux États et affaibli le contrat social entre ces derniers et la population. Cela a rendu la présence et l’autorité des États hautement contestables et a créé un environnement propice à l’émergence de forces « alternatives » comme les groupes extrémistes violents et les milices d’autodéfense.
Fatoumata Kané
Source: Mali Tribune