Hier, mercredi 16 décembre 2015, a pris fin la troisième session de la cour d’Assises de Bamako de l’année 2015. Au cours de la cérémonie de clôture, le procureur général près la cour d’Appel de Bamako, Daniel Amagouin Tessougué a mis fin aux rumeurs qui courent, depuis quelques jours, dans la ville. Selon le procureur, il n’a jamais prôné que les musulmans doivent raser leurs barbes. On se rappelle que lors de l’ouverture de la session le 30 novembre dernier, cet orfèvre de la famille judiciaire avait fait un diagnostic hors complaisance, de la situation sécuritaire que traverse actuellement le Mali. Du terrorisme en passant par l’influence de la religion sur les décisions politiques et la gestion des affaires publiques ainsi que la récente grève des banquiers, le haut fonctionnaire de la justice malienne s’était prononcé sur chacun de ses sujets. Mais, son propos a été sorti de leur contexte par ses détracteurs. Ainsi, dans son réquisitoire de clôture, il fait savoir qu’aucune menace ne le fera taire dans l’exercice de sa mission.
« Dans mon réquisitoire d’ouverture, j’avais évoqué entre autres plusieurs préoccupations et me fondant sur la loi, j’ai souhaité l’application de la loi sur les cultes. Des commentaires venus de l’on ne sait où ont fusé, et à partir de là, des invectives de bas caniveaux ont été prononcées par certaines personnes, parfois en deçà de l’inacceptable. Une proposition des plus fantaisistes m’a été attribuée comme moyen de lutte contre le terrorisme. Comme le dit cet adage chinois, quand le sage montre la lune, l’idiot regarde son doigt. Comment peut-on raisonnablement penser qu’un Procureur Général évoque la pilosité comme moyen de lutte contre un phénomène aussi grave qui fait des morts et des blessés ? Ma déception est grande que des personnes sensées y portent foi ! Mettons les responsables au-dessus de certains propos », c’est par ces mots que le procureur général près de la cour d’appel de Bamako, Daniel A Tessougué a commencé son réquisitoire. Avant d’ajouter que si un procureur ne peut requérir librement, c’est la République qui est mise en danger. A l’en croire, ce propos visant à recommander aux musulmans de raser leurs barbes n’est pas de lui.
« Dans mon réquisitoire du 30 novembre, la bonne foi voudrait que l’on reconnaisse qu’aucune expression, aucun mot, n’a été tenu hors propos. Tout était lié à la loi. Maintenant, si on veut soumettre mon réquisitoire à une censure préalable, ces personnes se trompent lourdement. Comme toujours, j’assume et j’assumerai mes responsabilités. Les attaques verbales contre ma modeste personne passent. Mais des agressions physiques contre des membres de ma famille, des proches, sont inacceptables, d’où mon appel aux autorités, pour que chacun assume ses responsabilités. Aucune menace ne me fera taire dans l’exercice de ma mission. Cela doit être compris de tous ceux qui à longueur de journée ont trouvé un nouvel emploi », a précisé le procureur.
Selon le procureur général près de la cour d’appel de Bamako, Daniel A Tessougué, la fraternité qui caractérise le Mali, va au-delà des clochers d’Eglises si ce n’est des sommets de minarets, et nulle malveillance n’entrainera cette terre si belle, si glorieuse du Mali à la déconfiture. « Le Procureur Général que je suis, ne baissera ses yeux devant qui que ce soit dans ce pays, n’ayant rien à se reprocher, et ayant été toujours fidèle au serment qu’il a prêté il y a près de trente ans », a souligné Daniel A Tessougué. Puis, il a invité les uns et les autres à ne pas tomber dans des excès inutiles. « Par ces temps qui courent, la haine et la peur font bon ménage et les critiques sont mal acceptées. Il est temps de relever ce pays ensemble, car le respect du prochain commence par le sien propre », a craché Daniel Tessougué.
Enfin, il a fait le bilan de cette troisième session ordinaire de la cour d’assises de Bamako. Il y a eu cinq peines de mort, une condamnation à perpétuité, huit peines de réclusion à temps, quatorze condamnations à l’emprisonnement ferme, douze emprisonnements assortis de sursis, cinquante condamnations par contumace, vingt cinq acquittements, deux cas où l’action publique est éteinte et quatre renvois à la prochaine session.
Aguibou Sogodogo, Youssouf Z KEITA, B Daou
Source: Lerepublicainmali